El Malick Ndiaye, président de l’Assemblée : «L’opposition est inexistante dans ce pays»

El Malick Ndiaye, président de l’Assemblée nationale, s’en prend à l’opposition en  lui reprochant  son manque de dynamisme sur la scène politique.  L’indemnisation des victimes et familles endeuillées des manifestations politiques a été aussi abordée par El Malick Ndiaye qui parle plus d’assistance que d’indemnisation.  L’ancien ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens tente aussi justifier la pertinence de la  réintroduction des véhicules de fonction alloués aux députés.Par Amadou MBODJI –

 El Malick Ndiaye, président de l’Assemblée nationale du Sénégal, jette une pierre dans le jardin de l’opposition. Aux yeux de la deuxième personnalité de l’Etat et éminent responsable du parti au pouvoir, Pastef, cette opposition est quasi «inexistante» sur l’échiquier politique. Une belle manière de minimiser les capacités de réaction du camp d’en face ou l’offre programmatique de cette même opposition.

«Les véritables acteurs de l’opposition sont soit inaudibles, soit en fuite, soit en quête de négociations», déclare El Malick Ndiaye qui intervenait ainsi, avant-hier, lors d’un entretien qu’il a accordé à la chaîne de télévision du Groupe Futurs médias, la Tfm. C’était avant que le président de l’Assemblée nationale ne s’envole pour le Royaume du Maroc pour les besoins de la réunion des présidents des parlements des Etats africains atlantiques.

Le président de l’Assemblée nationale affirme  que l’opposition «est essentiellement représentée par des mercenaires, des pseudo-chroniqueurs et une partie de la presse».

Le président Ndiaye s’en est également pris aux  publications médiatiques, les qualifiant de «Unes pompeuses» et de «chroniques qui frisent la folie».

Invocation de l’indemnisation des victimes du «Joola» par Macky
L’indemnisation des victimes et familles endeuillées des manifestations politiques de 2021 et 2024 a été aussi abordée par El Malick Ndiaye, qui a jugé nécessaire d’y apporter une réponse. Il déclare que le parti Pastef avait déjà répertorié les victimes et avait commencé, quand il était dans l’opposition, à les prendre en charge. «On a fait un recensement qui date de plus de 7 mois. Est-ce que pour l’indemnité du «Joola», on a attendu la justice, les députés de l’Apr ? Non. On a utilisé le ministère de la Solidarité nationale pour indemniser les victimes. On parle plutôt d’assistance», tente de convaincre le président de l’Assemblée nationale.

Il défend la réintroduction des véhicules de fonction des députés
Parlant de  la réintroduction des véhicules de fonction pour les députés, une décision ayant soulevé une controverse, le chef de l’institution parlementaire explique la motivation d’une telle décision. Il  met aujourd’hui le retour des véhicules de fonction sur le compte des considérations logistiques et de dignité. «Comment un député venant de Saraya ou de Salémata peut-il remplir sa mission sans un moyen de transport adapté ? Ce n’est pas une blague. En Côte d’Ivoire, un député de base perçoit 3 millions de francs Cfa par mois, tandis qu’un membre du bureau touche 5 millions de francs Cfa. Il ne s’agit pas ici de revendiquer une augmentation salariale, mais de souligner un écart : au Sénégal, les membres du Bureau de l’Assemblée nationale sont considérés comme des ministres, mais leurs avantages ne reflètent pas ce statut», admet  El Malick Ndiaye.

Pour se donner une bonne contenance, M. Ndiaye tient cependant  à préciser que  «cette mesure n’entraînera pas une augmentation du budget, mais vise plutôt à rationaliser les ressources pour améliorer les conditions de travail des députés». C’est ainsi que El Malick Ndiaye critique  la stratégie du régime précédent qui avait préféré allouer une indemnité mensuelle de 900 000 francs Cfa à chaque parlementaire, plutôt que de fournir des véhicules. Cette décision n’était pas anodine, à l’en croire. «Macky Sall a choisi de ne pas doter les 82 députés de l’opposition (d’alors) de véhicules, surtout avec la Présidentielle qui approchait. L’objectif était de limiter leurs moyens de déplacement pour les affaiblir politiquement», avance  El Malick Ndiaye.

Les indemnités des députés ont été passées au peigne fin par le président de l’Assemblée nationale qui annonce des réformes dans ce sens.

«Pas d’indemnité pour les députés absents des travaux des commissions…» 
«Dorénavant, aucun député ne recevra d’indemnité de session s’il ne participe pas aux travaux des commissions. Par ailleurs, les frais de mission étaient l’objet d’abus : un député en déplacement pour trois jours, percevait une indemnité pour cinq jours, couvrant la veille du départ et le lendemain du retour. Cette pratique est désormais abrogée», fait M. Ndiaye.  Mettre un terme à certaines pratiques jugées opaques est l’objectif que veut atteindre le nouveau président de l’Assemblée nationale. Ainsi, ce dernier annonce la création d’une cellule dédiée à la passation des marchés. «Jusqu’ici, lorsqu’une justification était demandée, la réponse était systématiquement la même : «C’est à la discrétion du président.» Ce temps est révolu», déclare El Malick Ndiaye. Ancien ministre des Infrastructures et des transports terrestres et aériens, d’avril à décembre 2024, El Malick Ndiaye a été élu président de l’Assemblée nationale le 2 décembre 2024, lors de l’installation officielle de la 15ème Législature.
ambodji@lequotidien.sn

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