RETRO ANNE 2024

La guerre, des révolutions et beaucoup d’élections – De nouveaux visages, trois ans de guerre en Ukraine, le Proche et Moyen-Orient en ébullition avec la chute de Damas, dans le sillage des conflits au Liban et à Gaza. Mais aussi les JO, les Brics+, l’élection de Trump. L’année qui s’achève a marqué tous les esprits.

Par :Igor Gauquelin – SOURCE RFI

2024 restera comme une année décisive dans l’Histoire, du seul fait qu’en décembre, Bachar el-Assad fuyait Damas en catimini, après un demi-siècle de régime clanique et tortionnaire en Syrie. L’épilogue d’un ophtalmologue censé ouvrir son pays au monde et qui en devient le « boucher ». Népotisme dont les ressorts intimes étaient dépeints dès 2011 dans les Mémoires de l’ancien président français Jacques Chirac. La blessure a scarifié beaucoup d’âmes, bien au-delà de ce pays. Le retour de bâton est joyeux partout, tout en restant très inquiétant.

La recomposition est lancée, et nous ne savons pas à quoi cela aboutira. Les sinistres geôles syriennes se sont vidées, les nouvelles autorités veulent rassurer, un processus est en cours. Mais pour l’heure, les forces d’un ex-membre d’al-Qaïda qui dit avoir rompu avec le jihad international tiennent la capitale ainsi que Homs, Hama, Idleb ou encore Alep. Les Alaouites sont recroquevillés, à l’ouest, bien que leurs inquiétudes s’expriment ailleurs dans le pays. Un front rebelle tient le sud-ouest. Au sud, les États-Unis surveillent la frontière irako-jordanienne. Israël déroule ses intérêts dans le Golan. Au nord, les Turcs avancent les leurs non loin de l’Aanes à majorité kurde. Enfin, une résurgence de Daech, dont l’ancienne capitale était Raqqa, reste possible.

Énième sidération aux répercussions imprévisibles, pour une année qui se sera achevée comme elle avait commencé, c’est-à-dire dans la transgression totale, du front ukrainien au Proche-Orient. Fin 2024, près de trois ans plus tard, la Russie occupe 20% du territoire de son voisin et attend que Kiev baisse les armes faute de soutien américain. Le monde a vu la Corée du Nord être accusée de s’impliquer militairement en Europe cette année, alors que les Ukrainiens perçaient à Koursk en Russie, puis utilisaient des missiles ATACMS loin dans le territoire de l’adversaire, ce à quoi Moscou aura répondu par une démonstration balistique glaçante.

Pas de paix en Palestine avant le retour du « Donald »

Des opérations se poursuivent, quotidiennement ou presque, dans ce qu’il reste des territoires censés devenir un jour un État palestinien, et même jusqu’au Yémen, sous la houlette des Israéliens dont le Premier ministre est recherché depuis le 21 novembre par la Cour pénale internationale. L’armée d’Israël est présente au sol au Liban, sous cessez-le-feu difficile depuis le 27 novembre, mais aussi en Syrie et à Gaza. Les colons poursuivent leurs objectifs en Cisjordanie, brandissant le drapeau comme la rhétorique du « grand Israël ». Les autorités de Gaza assurent que le bilan dépasse désormais les 45 000 morts. Environ 4 000 autres sont rapportés au Liban. Là encore, la nouvelle équipe à Washington est attendue et souvent redoutée.

Tant d’événements sont à énumérer pour l’année qui s’achève, au sens de ce qui compte pour l’humain, qu’on en oublierait presque, en effet, que Donald Trump vient d’opérer le plus grand « come-back » de toute l’Histoire de la politique américaine en reprenant la Maison Blanche le 5 novembre, avec à ses côtés un Elon Musk plus tourné que jamais vers Mars, et par ailleurs prêt à cisailler dans les largeurs le budget fédéral, tout en brandissant sur son réseau social X la promesse d’un démantèlement de « l’État profond », quand il ne fait pas campagne pour l’AFD, en Allemagne, ou qu’il ne disserte pas sur la démographie. Les républicains reviennent, et dans le même temps, le démocrate Jimmy Carter s’est éteint.

Le candidat républicain Donald Trump après une tentative d'assassinat à Butler, aux États-Unis, le 13 juillet 2024.
Le candidat républicain Donald Trump après une tentative d’assassinat à Butler, aux États-Unis, le 13 juillet 2024. © Evan Vucci / AP
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu assiste à une audience de son procès pour corruption à Tel Aviv, le 10 décembre 2024.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu assiste à une audience de son procès pour corruption à Tel Aviv, le 10 décembre 2024. © Menahem Kahana / Reuters

Trump & Cie arrivent alors que Hamas et Hezbollah sont laminés. Leurs dirigeants et cadres intermédiaires sont morts dans des opérations plus incroyables les unes que les autres. Des jonctions avec l’Iran sont coupées, la chute d’Assad venant entériner une séquence ouverte en 2020 en Irak par la mort de Qassem Soleimani, commandant de la force al-Qods des gardiens de la révolution iranienne. Téhéran, qui a dû changer de président cette année suite à la mort en hélicoptère d’Ebrahim Raïssi, est prostré, deux ans après la mort de Mahsa Amini en prison, dans le sillage de son arrestation pour un port de voile incorrect. Le vieux guide suprême promet que la République islamique n’a jamais été aussi forte, mais ses « proxys » régionaux sont à terre et sa police politique ne parvient plus très bien à museler la population. Reste la question du nucléaire.

Au milieu de ce tableau, des Jeux olympiques ont eu lieu en France cet été, du 26 juillet au 11 août, sorte de parenthèse suspendue au-dessus du temps et succès populaire à la clé. Une grande partie des épreuves se sont déroulées au sein de la capitale, parfois juste en face d’une Assemblée nationale dissoute le 9 juin par un président Macron en fin d’épopée, et qui a connu pas moins de quatre Premiers ministres en un an. Il y avait comme une impression d’exposition universelle du XIXe siècle dans l’air à Paris cette année, mais sans datcha ou délégation russe. Les yeux du monde se sont posés une nouvelle fois par là pour Notre-Dame, ouverte au public à l’automne après cinq ans de travaux. Trump était présent, Zelensky également, et bien sûr aussi Musk alias « Iron Man », parmi bien d’autres.

Vladimir Poutine affaibli par la révolution en Syrie

La France vacille politiquement. L’Allemagne aussi. Les nationalismes montent en Europe et ailleurs. La Croatie votait dimanche. Le mouvement conservateur s’installe dans la durée en Italie, tandis qu’on a annulé une élection en Roumanie le 6 décembre, en accusant la Russie d’ingérence. Hors UE, la Géorgie se divise autour de l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Kavelachvili. Et en même temps l’Argentine n’a plus de déficit, sort de la récession, tout en abritant de plus en plus de pauvres. Le monde change, même la Fédération russe s’adapte. Première intervention militaire hors des frontières de l’ex-URSS, son opération en Syrie en 2015 avait été fondatrice, poussant plusieurs pays à demander un soutien à M. Poutine. Mais rien n’a pu enrayer la chute du régime cette année, Damas est tombé en douze jours.

Cet échec, c’est pour beaucoup d’observateurs une limite des ambitions du président russe, malgré le succès des Brics+, sorte de contre-G7 du « Sud global » dont la taille vient de doubler. La fragilité relative de Vladimir Poutine ou de son pays est à l’image d’un monde en mouvement. Dans une main, la ville de Kazan a accueilli en 2024 ce qui a été qualifié de « plus grand événement diplomatique » de l’histoire russe, le sommet des Brics, avec de nombreux chefs d’État et de gouvernement, et même le patron de l’ONU, malgré les poursuites devant la justice internationale. Il y était question de « dédollarisation », entre autres, et avant cela, en début d’année, M. Poutine avait été réélu, alors que son opposant Alexei Navalny mourrait en prison. Mais dans l’autre main, la démonstration est faite que le numéro un russe ne peut pas être partout.

En janvier, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, trois pays ouest-africains dirigés par des gouvernements militaires hostiles à l’ancienne puissance coloniale française, ont annoncé leur intention de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao. Tous trois s’étaient précisément tournés vers Moscou pour assurer leurs arrières sur le plan sécuritaire – comme la République centrafricaine qui a d’ailleurs inauguré une statue du défunt fondateur du groupe paramilitaire russe Wagner, Evgeni Prigojine, en décembre à Bangui. Pour l’heure, le départ de Bamako, Niamey et Ouagadougou reste acté.

From left, Iranian President Masoud Pezeshkian, Egyptian President Abdel Fattah el-Sisi, Chinese President Xi Jinping, Russian President Vladimir Putin, South African President Cyril Ramaphosa, Ethiop
De gauche à droite : les présidents Masoud Pezeshkian (Iran), Abdel Fattah al-Sisi (Égypte), Xi Jinping (Chine), Vladimir Poutine (Russie), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Abiy Ahmed (Éthiopie), et enfin le ministre brésilien des Affaires étrangères Mauro Vieira, au sommet des Brics+ à Kazan, le 24 octobre 2024. AP – Maxim Shemetov
Un partisan tient une affiche de campagne représentant le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, avant les législatives anticipées dans la banlieue de Dakar, le 13 novembre dernier.
Un partisan tient une affiche de campagne représentant le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, avant les législatives anticipées dans la banlieue de Dakar, le 13 novembre dernier. REUTERS – Zohra Bensemra

Une élection notamment a marqué les esprits le 24 mars en Afrique de l’Ouest, au cœur de la Cédéao : celle de Bassirou Diomaye Faye au Sénégal, en remplacement de Macky Sall, après un processus électoral houleux et même un report inédit du scrutin, prévu le 25 février et finalement organisé avec succès un mois plus tard, quelques jours après la remise en liberté de M. Faye. Désormais, le chef du parti Pastef Ousmane Sonko est le Premier ministre, et Dakar a annoncé en novembre son intention de revoir de fond en comble sa coopération sécuritaire avec Paris, tout comme l’a fait le Tchad du président réélu Mahamat Idriss Déby.

Au Rwanda, Paul Kagame a été reconduit cette année, alors que l’est du pays voisin, la RDC, demeure enlisé dans les affrontements entre le M23 et les Fardc, et que les efforts angolais de médiation restent vains. En Algérie, Abdelmadjid Tebboune a conforté son pouvoir à travers une réélection en septembre, et a durci fortement le ton vis-à-vis de la France, qui a changé son fusil d’épaule cette année concernant le Maroc, revoyant sa position sur le Sahara occidental.

Élections au Togo, en Guinée-Bissau, en Éthiopie parmi tant d’autres ; réélections en Afrique du Sud, aux Comores, en Tunisie ; alternance au Botswana ou au Ghana, modèle de stabilité démocratique qui a vu John Mahama arracher la présidence. Décrépitude sans fin en Libye ; décrépitude en cours aussi au Soudan, où la situation s’est profondément aggravée cette année, après l’explosion de violence d’avril 2023. La guerre fratricide entre les forces armées du général al-Bourhane et les paramilitaires des forces de soutien rapide du général Dagalo a fait 150 000 morts et près de 15 millions de déracinés. C’est la plus grave crise humanitaire au monde. Plus de la moitié des 45 millions d’habitants de ce pays sont menacés par la faim, sur fond de bombardements, de massacres, de viols, de maladies.

L’international en toile de fond d’une flopée d’élections

Outre-Atlantique, il y a eu cette année des élections importantes dans les pays latino-américains. Une issue que beaucoup souhaiteraient voir se produire dans les Caraïbes en Haïti, où la situation n’a cessé de se dégrader encore. On a voté au Panama, en Uruguay ou en République dominicaine. Au Venezuela, Nicolas Maduro a reconduit son bail dans un tollé général. Au Salvador les électeurs ont prolongé l’expérience du jeune Nayib Bukele, tandis que le Mexique a vu l’avènement de sa première femme cheffe de l’État, Claudia Sheinbaum, qui aura dorénavant affaire à Donald Trump sur la question migratoire. De l’autre côté des États-Unis, le Premier ministre canadien Justin Trudeau n’avait pour sa part jamais semblé si proche du départ qu’en cette fin d’année.

Après Keir Starmer au Royaume-Uni, des législatives anticipées auront lieu en Allemagne début 2025. Au-delà des élections européennes du 9 juin, des scrutins nationaux avaient par ailleurs lieu cette année en Finlande, désormais membre de l’Otan, ou encore au Portugal. En Slovaquie ou en Autriche, en Lituanie plus encore, le contexte international était dans toutes les têtes. Mais les Belges se sont rendus aux urnes aussi. Ces derniers sont actuellement dans l’attente d’un gouvernement.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président américain Joe Biden, sur le départ, tout comme le chancelier allemand Olaf Scholz. Tout à droite, le chef de l'État français Emmanuel Macron. Berlin, le 18 octobre 2024.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président américain Joe Biden, sur le départ, tout comme le chancelier allemand Olaf Scholz. Tout à droite, le chef de l’État français Emmanuel Macron. Berlin, le 18 octobre 2024. AP – John Macdougall
Un commerçant afghan à Kaboul le 6 novembre 2024, au lendemain de l'élection de Donald Trump, alors que la télévision met en scène le futur président américain.
Un commerçant afghan à Kaboul le 6 novembre 2024, au lendemain de l’élection de Donald Trump, alors que la télévision met en scène le futur président américain. AFP – WAKIL KOHSAR

La grande Asie a connu son lot de changements cette année. Il y a eu un « anniversaire », les trois ans de la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, en août dernier. Ce régime d’hommes a profité de l’occasion pour entériner, à travers un texte d’une centaine de pages, le corpus des activités désormais proscrites aux femmes. On leur avait retiré le droit à l’éducation au-delà de la sixième, celui de voyager sans chaperon, d’aller au parc ou au hammam, de travailler dans la plupart des secteurs ou de pratiquer le sport. Interdit désormais de montrer son visage en public et de parler.

À l’autre bout du continent, la Chine a opéré un pas vers l’affirmation de droits religieux, avec la reconnaissance d’un évêque catholique en 2024. Elle a par ailleurs fixé ses priorités des cinq ans à venir sur le plan économique, à travers son troisième plénum, tout en renforçant son arsenal répressif pour sa « sécurité intérieure », déclinant aussitôt le dispositif à Hong Kong. Xi Jinping a surtout poursuivi sa quête d’une place plus centrale dans les affaires du monde, en s’impliquant diplomatiquement sur les conflits ou les Brics. Ailleurs, au carrefour entre l’Asie du Sud-Est et l’Inde, en Birmanie, il se susurre que la marche vers la victoire des insurgés contre la dictature militaire est lancée, avec, dans le viseur, 2025.

Chine-États-Unis, la grande discussion qui vient

Les relations entre les États-Unis et la Chine, notamment commerciales, seront au centre des attentions en 2025, comme elles l’étaient à l’occasion des nombreuses passations de pouvoir survenues cette année en Asie. Ce fut le cas aux Maldives, où le parti de Mohamed Muizzu, élu en novembre 2023, a créé l’alternance au Parlement début 2024, se laissant du champ pour mettre aussitôt en place un virage vers Pékin, via la signature d’un partenariat stratégique impliquant notamment le départ de soldats indiens. Ce fut le cas dans les archipels du Pacifique tout autant.

Ce fut surtout le cas à Taïwan, archipel vis-à-vis duquel le régime chinois a affirmé encore un peu plus fort cette année qu’une réunification demeurait inéluctable à ses yeux. Les Taïwanais ne l’entendent pas de cette oreille, puisqu’ils ont maintenu en janvier dernier le Kuomintang, réputé plus favorable à la Chine, dans l’opposition, tandis que le vice-président sortant Lai Ching-te, du Minjindang de Tsai Ing-wen, l’emportait. Au Japon, Fumio Kishida a laissé place à Shigeru Ishiba à la tête du Jiyuminshuto, et donc du gouvernement, puis ce dernier a perdu le 27 octobre la majorité absolue à la Diète dans des élections qu’il avait lui-même convoquées. Il gouverne désormais à la majorité relative.

Avant de partir de son poste de Premier ministre japonais, son prédécesseur, M. Kishida, avait effectué une nouvelle visite très symbolique en Corée du Sud, autre grand allié des Américains dans la région, où les institutions démocratiques ont connu récemment de nombreux soubresauts, jusqu’à décembre et la tentative ratée du président Yoon Suk-yeol d’imposer la loi martiale, avant de se sauver de peu d’une destitution faute de quorum atteint, puis d’être finalement destitué en bonne et due forme. Il avait au préalable perdu sa majorité en avril, au profit des démocrates emmenés par Lee Jae-myung, réputé moins hostile à Pékin. Fin décembre, les choses n’étaient toujours pas tassées, le président par intérim Han Duck-soo se voyant à son tour déposé.

L'homme choisi par les manifestants pour diriger provisoirement le Bangladesh, Mohammad Yunus, en visite auprès de la famille d'Abu Sayed, considéré comme le «premier martyr de la révolution» au Bangladesh, à Rangpur, le 10 août 2024 après son retour d'exil.
L’homme choisi par les manifestants pour diriger provisoirement le Bangladesh, Mohammad Yunus, en visite auprès de la famille d’Abu Sayed, considéré comme le «premier martyr de la révolution» au Bangladesh, à Rangpur, le 10 août 2024 après son retour d’exil. AFP – –
Le nouveau président du Sri Lanka, Anura Kumara Dissanayaka, avec le Premier ministre indien Narendra Modi, à New Delhi le 16 décembre 2024 pour sa première visite à l'étranger depuis son élection.
Le nouveau président du Sri Lanka, Anura Kumara Dissanayaka, avec le Premier ministre indien Narendra Modi, à New Delhi le 16 décembre 2024 pour sa première visite à l’étranger depuis son élection. AFP – SAJJAD HUSSAIN

En février, le Pakistan a connu un changement important, des partis d’opposition qui s’étaient associés pour évincer Imran Khan du poste de Premier ministre en 2022 ayant trouvé un accord pour gouverner ensemble. L’occasion de rappeler ces mots de M. Khan avant de partir deux ans plus tôt, qui en disent long sur la toile de fond générale de tous ces changements, et sur cette « diplomatie du bambou » que s’efforcent de construire bon nombre de pays d’Asie : « Nous sommes amis de la Russie, et nous sommes également amis des États-Unis. Nous sommes amis de la Chine et de l’Europe. » M. Khan a été incarcéré l’an dernier, et des troubles avaient encore lieu au mois de décembre 2024 pour exiger sa libération, tandis qu’à la fin du mois, des frappes pakistanaises étaient lancées en Afghanistan.

Il y a eu, en 2024, une passation de pouvoir sur la route maritime de la soie, au niveau du détroit de Malacca, dans la prospère cité-État de Singapour, où Lawrence Wong est devenu le quatrième Premier ministre depuis l’indépendance, après 20 ans de règne de Lee Hsien Loong, en mai. Il y a eu des élections dans la plus grande démocratie du monde, l’Inde, où le Premier ministre Narendra Modi a raflé un troisième mandat à la suite d’un marathon électoral, grâce à la victoire en demi-teinte de son parti, qui a reculé tout en conservant de justesse sa majorité au Parlement.

Le Royaume du Cambodge, très proche de la Chine, a poursuivi son changement de génération lancé en 2023, le patriarche Hun Sen se repliant à la présidence du Sénat, comme deuxième personnage de l’État derrière le roi, tandis que deux de ses fils sont désormais au gouvernement. La jeune Paetongtarn Shinawatra est devenue en août la troisième membre de sa famille, après son père Thaksin et sa tante Yingluck, à se voir intronisée Première ministre de Thaïlande, par l’intermédiaire du souverain Rama X.

La détonante victoire de Dissanayaka au Sri Lanka

Le Parti communiste du Vietnam a changé de visage en 2024, avec la mort de Nguyen Phu Trong et l’ascension de To Lam au poste de secrétaire général. Et plus symboliquement, le système politique unique de Malaisie a couronné un souverain pour cinq ans, en la personne du sultan Ibrahim Iskandar. La grande Indonésie, en pleine affirmation de sa puissance, a tourné la page historique de la présidence Widodo lors des élections générales et notamment la présidentielle, propulsant à la tête de l’État Prabowo Subianto, du parti Gerindra. Une occasion de mesurer l’essor du plus grand pays musulman du monde.

La palme de l’alternance rafraîchissante revient au Sri Lanka, dont on parle peu malgré son intérêt stratégique, au cœur de l’océan et de l’Indo-Pacifique. Alors que certains doutent de la démocratie comme étant le moins pire des systèmes, Anura Kumara Dissanayaka a tout raflé dans son pays en 2024, présidence et Parlement, par les urnes, avec un sourire contagieux. Cela survenait un mois après une révolution tout aussi spectaculaire au Bangladesh, où le dirigeant intérimaire Muhammad Yunus a annoncé en décembre, quatre mois après le départ de Sheikh Hasina, de nouvelles législatives prévues pour fin 2025 ou début 2026. Cette année aura ainsi démontré que l’élection reste le mode de désignation phare des dirigeants de ce monde.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *