DE DETENUE A DEPUTE – Amy Dia, un symbole de « résistance »
15 juillet 2022 ! La vie d’Amy Dia, dit Amina bascule, et du mauvais côté. La coordinatrice du parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) à Sam-Notaire (Guédiawaye), est placée sous mandat de dépôt pour des faits d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. La mère de famille et militante de Pastef est citée dans une affaire dite « Forces spéciales ». Après avoir passé 20 mois derrière les barreaux, elle affirme avoir vécu cette incarcération avec dignité, malgré des conditions difficiles.
Les souvenirs de son séjour à la prison pour femmes de Liberté 6 l’assaillent. Elle les partage : « J’ai vécu mon emprisonnement avec dignité. C’était très difficile. Mais, je croyais en mes convictions », déclare-t-elle. Amy poursuit: « Durant tout mon séjour carcéral, j’avais droit à cinq minutes d’appel les lundis, mercredis, jeudis, vendredis et samedis. J’utilisais ce temps pour appeler mon mari, lui indiquer les repas que je voulais et lui faire part des vêtements dont j’avais besoin. À cause de la prison, j’ai perdu l’habitude de consulter les réseaux sociaux ». Malgré son long séjour carcéral, avec un état de santé fragile, elle n’a jamais montré de signe de faiblesse. En bonne croyante, la responsable politique dit avoir tout mis dans le compte du Créateur suprême. Le bout du tunnel, Amy Dia l’a vu le 4 mars 2024, date à laquelle elle a bénéficié d’une liberté provisoire assortie d’un contrôle judiciaire.
Un retour en société loin d’être évidente. Grâce à un époux très serviable, une famille présente et des amis disponibles, elle a rapidement repris goût à la vie. Mieux, la dame va même retrouver le terrain politique et battre campagne lors des dernières élections législatives. Investie à la 12e position sur la liste nationale de la coalition dirigée par le Premier ministre Ousmane Sonko, elle fait désormais partie des nouveaux parlementaires après la victoire « éclatante » de Pastef/Les patriotes. Une élection qu’elle aborde avec responsabilité. Amy s’engage, en effet, à représenter dignement les Sénégalais, sans exception. « Nous devons travailler avec acharnement pour mériter la confiance placée en nous. Nous n’avons pas droit à l’erreur. Nous devons faire du Sénégal un pays prospère et souverain », martèle-telle. Son mantra à l’Assemblée nationale : défendre l’injustice sous toutes ses formes. « Je ne cautionne pas l’injustice. Je la combats toujours. J’ai toujours dénoncé l’effectif pléthorique des étudiants à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le taux de chômage élevé des jeunes dans le pays ainsi que la marginalisation des familles défavorisées. Je vais être la voix de ces couches de la société à l’Assemblée nationale », promet-elle.
Née à Pikine en 1969, Amy Dia a effectué ses études primaires à l’école 6 de Pikine. Son passage dans cet établissement scolaire marque toujours Ibra Sarr, son ancien instituteur qui l’a eu de la classe de CE2 à la classe de CM2. « Elle était une élève calme, pondérée et studieuse. Elle faisait partie des meilleures de ma classe. J’étais très exigeant, mais je n’ai jamais eu de problème avec elle parce qu’elle inspirait le respect », témoigne le vieux Sarr qui, aujourd’hui, profite de sa retraite.
Professeure d’anglais pendant 7 ans
Après l’obtention de son entrée en sixième, Amy Dia est orientée au collège Fadilou Mbacké dans la même commune. Élève studieuse, elle se distingue par ses performances en lettres. Ses quatre années au collège lui ont permis d’obtenir un brevet de fin d’études moyennes. Le lycée John Fitzgerald Kennedy de Dakar lui ouvre ses portes, mais elle passe seulement une année avant de rejoindre le lycée Lymamou Laye de Guédiawaye. Elle poursuit ses efforts dans ses études et obtient son baccalauréat en 1988. Orientée au Département d’anglais de la Faculté des Lettres et sciences humaines, elle y passe trois ans et décroche une Licence en Littérature américaine.
Elle dispense, pendant 7 ans, des cours d’anglais dans une école privée de la banlieue avant d’être recrutée par une multinationale où elle servait comme interprète jusqu’ au jour de son arrestation. Apolitique à ses débuts, Amy Dia votait toujours pour le Parti démocratique sénégalais (Pds) en raison de son admiration pour l’ancien président Abdoulaye Wade.
En 2016, elle découvre, par hasard, une vidéo d’Ousmane Sonko lors d’un programme animé par Pape Alé Niang, l’actuel directeur général de la Rts. « Après avoir regardé l’intégralité de la vidéo, j’ai vu en lui un leader charismatique et j’ai dit à ma mère qui travaillait aux Impôts et domaines que j’allais rejoindre le Pastef », se souvient-elle. Quelques jours plus tard, elle joint le geste à la parole et devient membre de Pastef Golf. « À cette époque, nous étions peu nombreux. C’était très difficile, car nous n’avions même pas de siège pour tenir nos réunions. J’ai, par la suite, rencontré Ousmane Sonko. Après notre échange, je me suis dit qu’il était l’homme qu’il fallait pour changer le Sénégal », raconte-t-elle. Très engagée, Amy se bat pour la massification de Pastef à Guédiawaye. Elle est, aujourd’hui, une figure marquante au sein des instances communales et départementales de son parti dans cette ville.
Aliou DIOUF
LESOLEIL