Cancers du col de l’utérus et du sein : Sédhiou sans moyens de lutte
A Sédhiou, les cancers du col de l’utérus et du sein font aussi des ravages. Alors que la région manque d’appareil de mammographie, d’un appareil d’Irm, il faut un renforcement du personnel qualifié pour faciliter la lutte contre ces maladies. Par Seydou T. CISSE –
La troisième édition de la Caravane nationale de l’élimination du cancer du col de l’utérus de la Société sénégalaise de coloscopie et de la pathologie liée au papillomavirus a traité 1650 clientes du 22 novembre au 2 décembre dans la région de Sédhiou. Face à la presse, Pr Omar Gassama, gynécologue-obstétricien, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop, plaide pour la dotation des structures sanitaires de la région d’appareil de mammographie, d’un centre de radiothérapie, d’un appareil d’Irm, et il faut un renforcement de personnel qualifié. L’initiative de la Société sénégalaise de coloscopie est en phase avec l’équité territoriale sur le plan de l’accès à la santé, selon les acteurs de la région.
Aujourd’hui, il y a une réalité : il y a l’accès limité aux services qui traitent les cancers du col de l’utérus et du sein, et la pathologie liée au papillomavirus. Ce qui fait que la région de Sédhiou est durement affectée par ces maladies. «Ces 11 jours de soins ont permis à la Société sénégalaise de coloscopie de dépister 1650 malades dont plusieurs cas graves de cancer du col de l’utérus», informe Pr Omar Gassama, gynécologue-obstétricien et président de la Société sénégalaise de coloscopie et de la pathologie. Il enchaîne : «Au Sénégal, chaque année, il y a plus de 1300 femmes qui meurent du cancer du col de l’utérus. Chaque jour au Sénégal, il y a 5 nouveaux cas, il y a 4 femmes qui meurent au Sénégal du cancer du col de l’utérus. Lors de l’étape de la caravane à Sédhiou du 22 novembre au 2 décembre, nous avons vu ici à peu près 1650 malades. Nous avons malheureusement 6 suspicions de cancer du col de l’utérus, nous avons 30 démablations traitées, 30 lésions cancéreuses chez les malades, nous avons également fait 5 conisations.»
La situation est beaucoup plus préoccupante dans les régions reculées du fait du déficit de ressources humaines et du manque de matériel adéquat qui peuvent faciliter la prise en charge de ces pathologies. «Il faut vacciner les filles contre le cancer du col de l’utérus lorsqu’elles ont un âge complet à 14 ans, le vaccin est disponible dans les tous postes de santé du Sénégal gratuitement, et il faut pousser également les femmes à se dépister contre le cancer du col de l’utérus. Pour le cancer du sein, je dois faire un plaidoyer, la palpation est bonne, mais il faut doter les centres de santé de Sédhiou d’appareil de mammographie, c’est la mammographie qui permet de faire une détection précoce. Avec une boule palpée dans le sein, le combat est d’emblée perdu, la malade va mourir dans les 5 ans, alors que la mammographie permettra de voir les lésions infra-cliniques qui ne sont pas accessibles à la palpation. Je fais également un plaidoyer pour le renforcement du système de santé. Sédhiou doit avoir un appareil d’Irm, doit bénéficier des autres spécialités comme celles qui sont à Dakar, avoir un centre de radiothérapie. Imaginez une grande région comme Sédhiou qui n’a que deux gynécologues, alors qu’il y en a qui chôment», regrette Pr Gassama.
Par ailleurs, le Directeur régional de la Santé, Amadou Yery Camara, a salué l’initiative de la Société sénégalaise de coloscopie et de la pathologie liée au papillomavirus, «qui est phase avec le respect de l’équité territoriale sur le plan de l’accès à la santé pour tous». «C’est la vocation citoyenne que l’université Cheikh Anta Diop est en train de montrer à travers ladite société», ajoute-t-il.
Cette caravane a pour objectif de traiter les patientes dépistées dans le cadre d’ «Octobre rose», faire le plaidoyer pour la vaccination des filles contre le papillomavirus afin de participer à la baisse de l’incidence de la mortalité imputable au cancer du col de l’utérus. «Sans oublier le renforcement de capacités, de compétences des femmes sur le dépistage de ces pathologies», conclut Pr Gassama.
SOURCE LEQUOTIDIEN