Cyclone Chido: première nuit sous couvre-feu à Mayotte, Emmanuel Macron attendu sur place jeudi
Mayotte sortait juste ce mercredi matin d’une première nuit sous couvre-feu, mis en place pour assurer la sécurité et éviter les pillages après le passage meurtrier du cyclone Chido dans l’archipel, où Emmanuel Macron est attendu jeudi.
Le chef de l’État, qui avait fait savoir lundi 16 décembre qu’il se rendrait dans les prochains jours sur place, « sera jeudi à Mayotte », a annoncé l’Élysée mardi soir. Le nouveau Premier ministre François Bayrou, sous le feu des critiques pour avoir privilégié le conseil municipal de Pau lundi en pleine crise mahoraise, lui emboîtera le pas dès que « son gouvernement sera formé », afin de « mobiliser la totalité des moyens de l’État », a-t-il dit sur France 2.
« Je n’ai jamais vu sur le sol national une catastrophe de cette ampleur. Je pense aux enfants qui ont vu leur maison soufflée, dont les écoles ont été quasiment toutes détruites et dont les parents sont follement angoissés », s’est exprimé François Bayrou toujours sur France 2.
Le difficile décompte des victimes
La situation reste très difficile dans l’archipel, où selon un bilan toujours très provisoire, le passage du cyclone Chido a fait 22 morts et 1 373 blessés, selon des chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur.
Les autorités redoutent « plusieurs centaines » de morts, peut-être même « quelques milliers » dans le département le plus pauvre de France. Le décompte est d’autant plus compliqué que Mayotte est une terre de forte tradition musulmane et que, selon les rites de l’islam, les défunts doivent être enterrés au plus vite. Les habitants eux-mêmes commencent à fouiller les décombres et à enterrer leurs morts.
Said Houcène, un habitant de Mamoudzou raconte que les habitants enterrent les morts
L’hôpital de Mamoudzou, le seul de la ville, a subi de lourds dégâts matériels, avec des inondations, un bloc opératoire inopérant. Malgré l’afflux de patients, le personnel soignant dit ne pas être submergé, ce qui fait craindre d’autant plus le nombre de morts après le passage du cyclone.
Naouelle, soigante à l’hôpital de Mamoudzou
« 70% des habitants ont été gravement touchés », a souligné Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur, annonçant l’arrivée « dans les prochains jours » de 400 gendarmes supplémentaires pour prêter main forte aux 1 600 gendarmes et policiers présents sur l’archipel.
Des ressources qui s’épuisent
Les stocks de nourriture et d’eau dans les magasins diminuent dangereusement, rapporte notre correspondante à Mamoudzou, Lisa Morisseau. « On est en mode survie », raconte un père de famille rencontré mardi. Pour tenir dans les supermarchés, les achats sont rationnés, pas plus d’un pack d’eau par client. Dans certaines parties de l’île, il n’y a presque aucune boutique ouverte. Les habitants doivent faire de longues distances pour s’approvisionner, mais cela pose un problème alors que la population n’a plus de carburant.
L’eau et l’électricité manquent aussi et 80% du réseau de téléphonie est encore indisponible. Alors face à la galère généralisée, la solidarité est de mise. Ceux qui ont perdu leur maison pendant le cyclone sont souvent hébergés par des proches. D’autres se sont installés ensemble pour mutualiser les vivres. Et toujours dans l’entraide, certains mettent à la disposition de tous leurs générateurs pendant quelques heures pour leur permettre de retrouver un peu de batterie sur leur portable par exemple.
Et pour éviter des pillages et assurer la sécurité des habitants, un couvre-feu a été instauré pour l’ensemble de l’archipel à partir de mardi soir, de 22h00 à 04h00 du matin. La priorité est d’assurer les « besoins vitaux » des habitants en eau et en nourriture, insistait dès lundi Bruno Retailleau.
L’envoi de nourriture, de tentes et de bâches
Quelque 120 tonnes de nourriture doivent être distribuées ce mercredi sur les deux îles mahoraises, selon les autorités. Côté militaire, un avion de transport A400M fait la navette La Réunion-Mayotte pour d’éventuelles évacuations de personnes fragiles et un second A400M assure une liaison directe métropole-Mayotte, a-t-on appris auprès de l’état-major des armées. Le bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) Champlain, qui a appareillé de La Réunion, doit arriver jeudi matin à Mayotte avec 180 tonnes de fret à bord, selon la même source.
Autre priorité des autorités, l’envoi de tentes et de bâches pour rétablir des habitats, totalement détruits ou dont la toiture a été arrachée par des rafales de vent qui ont atteint plus de 220 km/h. Dans l’urgence de retrouver un toit, beaucoup d’habitants ont déjà commencé à déblayer et à reconstruire sans attendre l’aide.
Le cyclone Chido, le plus intense qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans, a ravagé le 14 décembre le territoire de l’océan Indien, où environ un tiers de la population vit dans de l’habitat précaire, totalement détruit. Il a également tué au Mozambique au moins 34 personnes, fait plus de 300 blessés et détruit plus de 20 000 maisons, a annoncé mardi l’Institut national de gestion des risques et des désastres.