Les États-Unis dénoncent l’influence « déstabilisatrice » de la Chine et de la Russie en Afrique
Les États-Unis, qui se gardent de parler d’une compétition ouverte en Afrique, ont alerté, mardi, sur l’influence croissante de la Chine et de la Russie sur le continent et promis des milliards de dollars d’aide, lors d’un sommet de trois jours à Washington, auquel participent plusieurs dizaines de dirigeants africains.
SOURCE RFI
Objectif : renforcer les liens pour contrer l’influence de Pékin et de Moscou. Mardi 13 décembre s’est ouvert à Washington un sommet dédié à l’Afrique en présence d’une cinquantaine de dirigeants du continent.
S’exprimant lors d’un forum sur la sécurité, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a d’emblée constaté que « la Chine étend son empreinte sur le continent quotidiennement (…) et cela pourrait avoir un effet déstabilisateur si ce n’est pas déjà le cas ».
Quant à la Russie, elle « continue d’envoyer des armes à bas prix et des mercenaires » à travers le continent, a-t-il dit. « La combinaison de ces activités de ces deux pays, je crois que cela mérite d’y prendre garde. Et il est clair que leur influence pourrait être déstabilisatrice », a poursuivi le chef du Pentagone.
Cinquante-cinq milliards de dollars d’aide
Dans cette offensive de charme américaine pour séduire des partenaires africains parfois réticents, les États-Unis ont mis la main au portefeuille, promettant de consacrer « 55 milliards de dollars à l’Afrique sur trois ans », selon la Maison Blanche.
L’administration Biden doit en distiller le détail tout au long de ce sommet de trois jours dans la capitale. Mardi, elle a annoncé l’octroi de jusqu’à 4 milliards de dollars d’ici 2025 pour l’embauche et la formation de personnels soignants en Afrique, tirant les leçons de la pandémie de Covid-19.
Pour ce premier jour du sommet, le Nigeria et le Rwanda ont signé des accords Artémis dans le cadre de l’exploration de l’espace. Il s’agit des premiers pays africains à le faire.
Le président Biden doit intervenir mercredi et jeudi devant le sommet. Il y plaidera notamment en faveur d’un rôle accru pour l’Afrique sur la scène internationale, avec un siège au Conseil de sécurité de l’ONU, et pour que l’Union africaine soit formellement représentée au G20.
Lors d’un forum organisé en marge du sommet avec la diaspora africaine aux États-Unis, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a assuré, mardi, que la nouvelle stratégie américaine se résumait à un seul mot: « Partenariat ». Le tout, « en reconnaissant que nous ne pouvons pas régler seuls nos priorités partagées », a-t-il dit.
Les États-Unis se gardent cependant de parler d’une compétition ouverte avec la Chine sur le continent.
Pékin est le premier créancier mondial des pays pauvres et en développement et investit massivement sur le continent africain, riche en ressources naturelles.
Outre les investissements, le changement climatique, l’insécurité alimentaire – aggravée par la guerre en Ukraine – ou encore les relations commerciales et la bonne gouvernance sont au centre de la rencontre.
Peser sur la résolution des conflits
Le sommet et, en marge, sa cohorte de bilatérales, est aussi l’occasion d’aborder une série de conflits, de l’Éthiopie à la République démocratique du Congo (RDC).
Le secrétaire d’État américain s’est ainsi entretenu avec le président congolais Félix Tshisekedi, dont la capitale Kinshasa a été frappée d’inondations ces 24 dernières heures faisant plus de 120 morts, promettant d’aider à résoudre le conflit dans l’est du pays face à la rébellion du M23.
Félix Tshisekedi a dénoncé « une agression déguisée du Rwanda via le mouvement M23 », qui « déstabilise sérieusement cette partie de notre pays » et sollicité « le soutien et les pressions des États-Unis pour qu’on y mette fin ». La RD Congo accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali dément. Le président rwandais, Paul Kagame, est également à Washington.
L’Éthiopie était aussi à l’ordre du jour en présence du Premier ministre, Abiy Ahmed, dont c’est le premier déplacement à Washington depuis la signature d’un accord de paix, le 2 novembre, entre le gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles tigréens, destiné à mettre fin à deux ans d’un conflit dévastateur. « Nous sommes devant, je pense, un moment historique pour le pays », a affirmé Antony Blinken en recevant le dirigeant éthiopien.
Dans la matinée, les responsables américains s’étaient entretenus avec le président somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, saluant son action dans la lutte contre les islamistes radicaux shebab. Ce dernier a cependant relevé que « les Shebab ne peuvent pas être défaits que militairement. Il est important aussi de mobiliser la société ».
En marge du sommet, les États-Unis ont, par ailleurs, annoncé une nouvelle aide humanitaire d’environ 411 millions de dollars pour la Somalie, menacée par la famine en raison d’une sécheresse qui perdure.
Avec AFP