Présidentielle américaine : Ukraine, isolationnisme… les premières réactions européennes à l’élection de Trump
L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche étant entérinée, l’Europe se prépare déjà à une nouvelle ère des relations avec son puissant allié américain. Car le nouveau président des États-Unis pourrait bien changer la donne, notamment sur les questions de la guerre en Ukraine ou des relations diplomatiques et économiques avec l’Union européenne.
Par :Yohann Le Coz – Source RFI
Lorsqu’un dirigeant mondial est élu, la convenance et la diplomatie internationale imposent de féliciter d’abord. L’élection de Donald Trump à la présidentielle américaine, actée mathématiquement et revendiquée par le candidat républicain, n’échappe pas à la règle. Dès ce mercredi matin, les réactions européennes ont plu sur les différents réseaux sociaux des dirigeants du Vieux continent.
Emmanuel Macron a adressé ses « félicitations », au milliardaire américain, se disant « prêt à travailler ensemble », « avec respect et ambition ». Pedro Sanchez, le Premier ministre espagnol, a assuré que « Nous travaillerons sur nos relations bilatérales stratégiques et sur un partenariat transatlantique solide ». Et Ursula Von der Leyen a félicité « chaleureusement Donald J. Trump », rappelant que « L’UE et les États-Unis sont plus que de simples alliés ». Pour ne citer que ces trois-là.
La guerre en Ukraine, point névralgique des relations États-Unis / Europe
En revanche, les questions que soulève ce retour à la Maison blanche pour l’Union européenne n’ont pas tardé à faire surface. À commencer par celle de la guerre en Ukraine. Volodymyr Zelensky s’est, lui aussi, officiellement réjoui de l’élection de son désormais homologue américain, avant d’embrayer rapidement, via un post sur X, pour rappeler à Trump « notre grande réunion en septembre, au cours de laquelle nous avons discuté en détail du partenariat stratégique entre l’Ukraine et les États-Unis, du plan de victoire et des moyens de mettre fin à l’agression russe contre l’Ukraine. »
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Un moyen de remettre rapidement le sujet sur la table. Car, si Trump ne s’est jamais montré véritablement hostile au camp ukrainien, il a seulement lancé des promesses évasives sur une paix qu’il obtiendrait en 24 heures s’il était élu, sans jamais vraiment cacher un certain respect pour Vladimir Poutine, ni un regard critique sur le soutien financier et matériel apporté au front ukrainien. Or, l’armée ukrainienne étant dépendante de l’aide internationale, Zelensky a besoin de concret. « Le prochain président américain pourrait renforcer ou affaiblir le soutien à l’Ukraine. Si ce soutien s’affaiblit, la Russie s’emparera de plus de territoires, ce qui nous empêchera de gagner cette guerre », rappelait le président ukrainien, le 31 octobre, dans une interview accordée à KBS.
Et ce, alors que le Washington Post assure que selon ses sources, l’homme de 78 ans fraîchement élu compte faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle cède une partie de ses territoires. « Nous comptons sur le maintien d’un soutien bipartisan fort en faveur de l’Ukraine aux États-Unis », a-t-il conclu sur ses réseaux sociaux ce mercredi.
Les extrêmes droites se réjouissent
Si l’Ukraine est suspendue aux premières décisions de la deuxième ère trumpiste, certains Européens se réjouissent déjà. En particulier du côté des extrêmes droites, qui voient un des pays les plus puissants du monde donner un sérieux coup de barre dans la direction de leur couleur politique. En France, Marion Maréchal a célébré une « Magnifique victoire du peuple américain contre un système. Un espoir pour la paix, une défaite des wokistes. Un chemin pour les droites en France comme en Europe », tandis que le président hongrois Viktor Orban se réjouit.
Mais s’il y a bien une dirigeante européenne qui se frotte les mains, c’est Giorgia Meloni. La présidente du conseil en Italie avait misé sur un retour de Trump au pouvoir et, en ce sens, renforcé ses liens avec Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, qui a apporté un soutien conséquent au candidat Trump et devrait jouer un rôle dans la nouvelle administration à venir.
Emmanuel Macron pour une Europe qui compte sur elle-même
Plus globalement, l’élection de Trump est probablement le signe d’un virage dans les relations entre les États-Unis et l’Europe, avec un nouveau dirigeant américain qui s’est toujours montré plus enclin à un repli diplomatique de son pays. Comme le rappelle le cliché pris lors du G7 au Québec en 2018, avec un Trump les bras croisés et une mine de défi, face à Angela Merkel et entouré de dirigeants occidentaux, qui avait marqué les esprits. Est-ce le même homme qui a été élu ?
Emmanuel Macron n’a pas attendu la réponse pour se mettre en ordre de bataille : « Je viens d’échanger avec le chancelier Olaf Scholz, nous allons œuvrer pour une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte. En coopérant avec les États-Unis d’Amérique et en défendant nos intérêts et nos valeurs », a-t-il appuyé sur X. Dans la foulée, Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement, a livré son compte rendu du Conseil des ministres de ce mercredi matin, dans lequel le président français s’est exprimé : « La tentation ne (doit) pas être au chacun pour soi ni aux relations bilatérales, mais bien à une stratégie européenne coordonnée », a affirmé le chef de l’État.
Une source diplomatique estime en effet que cette élection « peut réveiller l’Europe » et avoir « un effet d’accélérateur », autour des idées défendues par Emmanuel Macron depuis longtemps : la souveraineté, la nécessité d’avoir des outils de riposte commerciale face aux États-Unis, l’augmentation de la capacité d’investissements européenne… Un discours qu’on retrouvait déjà dans la bouche du président de la République depuis quelques années, mais qui pourrait bien s’intensifier selon le degré d’isolationnisme américain à venir.
Le couple franco-allemand à l’épreuve de l’élection de Trump
Les ministres des Affaires étrangères français et allemand vont se rencontrer dès ce mercredi soir, à Paris. Leur premier défi, c’est l’unité. Car Berlin et Paris, désormais seule puissance nucléaire en Europe depuis le Brexit, vont avoir affaire à un puissant allié avec qui il existe des différents politiques importants : sur l’Ukraine, le Proche-Orient, l’Iran… Et ce alors que l’administration Trump pourrait compter, au sein de l’UE, sur la Hongrie de Viktor Orban ou l’Italie de Giorgia Meloni comme appui idéologique.
La question d’une autonomie de l’Europe sera aussi sur la table. Donald Trump fustige depuis longtemps le fonctionnement de l’Otan, se faisant même menaçant envers les pays européens qui ne consacreraient pas suffisamment d’argent à l’Alliance. Enfin, les ministres discuteront relations commerciales. Trump est partisan d’une hausse des taxes d’entrée aux États-Unis pour les produits européens. Il est même allé jusqu’à qualifier l’UE de « mini-Chine » récemment, en dénonçant le déséquilibre de la balance commerciale entre son pays et le continent.