Mabouba Diagne, ministre de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, sur la dépendance alimentaire : « Il est temps de stopper l’hémorragie »

Présidant à Dakar, les travaux de la deuxième édition du Forum du Patrimoine et de l’Investissement (FPI Africa 2024), le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Mabouba Diagne, a dénoncé la dépendance de l’Afrique aux produits alimentaires. Pour s’en convaincre, l’Afrique importe chaque année pour 35 milliards de dollars de produits alimentaires. Et si rien n’est fait, d’ici 2030, ce chiffre atteindra 120 milliards de FCFA. « Or, importer autant de nourriture, c’est exporter nos emplois, nos richesses, dont notre jeunesse a besoin », a alerté l’ancien vice-président en charge des finances à la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO.

Convaincu que l’Afrique est à un tournant décisif, tant pour la construction de son tissu économique que pour son repositionnement géopolitique, le ministre de l’Agriculture a déclaré : « L’Afrique est le seul continent où l’on enregistre des taux de croissance de plus de 7 %, contre moins de 5 % aux États-Unis, en Europe et en Asie. Cela signifie que nous devons saisir l’opportunité de développer l’Afrique, en particulier le Sénégal. »

Dans son argumentaire, il a affirmé que « nous avons démontré au monde entier que nous étions un peuple capable du meilleur, et la transition démocratique l’illustre parfaitement ».

Lors de l’élection présidentielle de mars dernier, « le peuple a prouvé que le Sénégal était une démocratie avérée, avec une expertise sénégalaise, une éducation de qualité et une diaspora d’exception, entre autres. »

Pour ce faire, il est impératif d’engager des réformes structurelles qui contribueront à réduire drastiquement les importations. Selon lui, « nous importons chaque année pour 1 070 milliards de francs CFA de biens, 11,4 millions de tonnes de riz, 860 000 tonnes de maïs, 450 000 tonnes de blé, 347 000 tonnes de fruits et légumes, plus de 200 000 tonnes d’huile, et plus de 200 000 tonnes de lait en poudre. »

À cet égard, « il est temps de stopper l’hémorragie », a-t-il insisté. Pour convaincre, il a mentionné que des entrepreneurs sénégalais ont investi dans le secteur agricole, et les résultats obtenus sont très satisfaisants. Cela laisse espérer que, dans les années à venir, cet objectif d’autosuffisance alimentaire sera atteint.
À cette occasion, il a invité le secteur bancaire sénégalais, qui compte 30 banques, à investir 10 milliards de francs CFA chacune pour soutenir le gouvernement, plus que jamais déterminé à révolutionner le secteur agricole, clé de tout développement viable et durable. Aux investisseurs privés et aux opérateurs économiques, le ministre a lancé un appel à croire en la politique agricole du Sénégal.

JEAN PIERRE MALOU
SUDQUOTIDIEN

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