Gouvernance des ressources naturelles en Afrique: l’Afrique francophone en quête de solutions durables
Du 23 au 26 septembre 2024, un atelier d’envergure se déroule sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), avec pour objectif de renforcer les capacités des pays d’Afrique francophone en matière de gestion des ressources naturelles et de l’environnement. Réunissant des experts issus de 20 pays, cet événement se tient dans un contexte alarmant de dégradation accélérée des écosystèmes sur le continent, menaçant à la fois la biodiversité, les moyens de subsistance des populations locales et la sécurité alimentaire.
L’atelier vise à fournir aux participants des outils pratiques pour une meilleure gouvernance des ressources naturelles renouvelables, notamment les forêts, les pêches, l’eau et les terres agricoles. Les responsables de différents ministères, ainsi que des techniciens, travaillent ensemble pour repenser et améliorer les mécanismes actuels, souvent jugés inefficaces et non coordonnés ; ce qui fragilise la protection des écosystèmes africains.
DES CHIFFRES ALARMANTS SUR LA DEFORESTATION ET LA DEGRADATION DES ECOSYSTEMES
Selon M. Makhfouss Sarr, représentant de la FAO, l’Afrique perd chaque année environ 4,4 millions d’hectares de forêts, principalement en raison de l’expansion agricole et de l’exploitation abusive des ressources forestières. Entre 2015 et 2020, cette situation a engendré des pertes colossales en matière de biodiversité, affectant non seulement la faune et la flore, mais aussi les services éco-systémiques indispensables, comme la régulation des eaux, la pollinisation des cultures et la conservation des sols.
Ces impacts ne se limitent pas aux seuls écosystèmes terrestres. Les écosystèmes côtiers souffrent également de la surexploitation. La dégradation des zones côtières engendre des pertes économiques estimées à plusieurs centaines de millions de dollars par an. A en croire, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), 34% des pêcheries marines sont exploitées de manière non durable, accentuant la vulnérabilité économique des communautés côtières.
Les pertes en services éco-systémiques sont quantifiées à hauteur de 5,3 milliards de dollars par an, selon The Economics of ecosystem and biodiversity (TEEB, 2021). Ces services incluent notamment la pollinisation des cultures, essentielle pour la production agricole, ainsi que la régulation hydrique et la conservation des sols, toutes deux vitales pour la résilience des systèmes agricoles face au changement climatique.
D’ailleurs, le secteur agricole en Afrique est l’un des principaux responsables de cette pression sur les ressources naturelles. La productivité agricole y est faible, contraignant les populations rurales à étendre sans cesse les surfaces cultivées, souvent au détriment des forêts et des zones de biodiversité. «L’agriculture de subsistance, conjuguée à l’absence de pratiques agricoles durables, met une pression sans précédent sur les écosystèmes naturels», souligne l’assistant au Représentant de la FAO au Sénégal chargé de Programmes, M. Makhfousse Sarr.
Cette pression est exacerbée par les effets du changement climatique, qui perturbent les écosystèmes naturels et compromettent leur durabilité. Les communautés locales, déjà fortement dépendantes des ressources naturelles, se retrouvent piégées dans un cercle vicieux de surexploitation ; alors que les écosystèmes dont elles dépendent se dégradent de plus en plus.
Lamine DIEDHIOU
SUDQUOTIDIEN