Décès de Ndukur Kacc Ndao : Les universitaires rendent hommage à «un humaniste dans l’âme»

Le monde universitaire et intellectuel est en deuil. Abdou Ndukur Kacc Ndao, socio-anthropologue et chercheur associé au Laboratoire de recherche sur les transformations sociales de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Lartes-Ifan), est décédé ce vendredi. Acteur remarquable dans le processus de paix en Casamance, son implication ne s’est pas arrêtée aux amphithéâtres. Le défunt, qui repose désormais au cimetière de Cambérène, est salué comme un «soldat de la connaissance, un chasseur de savoirs et un humaniste dans l’âme», par notamment Mary Teuw Niane. Par Ousmane SOW –

Sur les réseaux sociaux, Face­book en particulier, sa plume était vivace. Enseignant à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et à l’université Assane Seck de Ziguin­chor, Abdou Ndukur Kacc Ndao s’est éteint le vendredi 6 septembre 2024 d’une crise cardiaque. L’intellectuel, connu pour son engagement et son franc-parler, est mort en laissant derrière lui un héritage immense et une contribution significative à la compréhension des dynamiques sociales et culturelles du Sénégal. Des amis, universitaires et collaborateurs ont exprimé leur tristesse et souligné le caractère exceptionnel de l’homme. Abdou Ndukur Kacc repose désormais au cimetière de Cambérène qu’il avait choisi. «C’est fini ! L’ami de tous, sans être avec ou pour tous, repose maintenant à Cambérène. Ils étaient tous là, les Sanarois, la Gauche et ses résidus, les républicains, les pastéfiens. J’ai vu au moment de la prière mortuaire, des crucifix s’illuminer sur la poitrine des gens qui étaient dans les rangées. Les universitaires étaient là, les zèbres aussi… j’ai séché mes larmes sur les  berges de Yoff-Layène. Il a eu les funérailles qui lui ressemblent. Ainsi, il sera accueilli fièrement parmi les ancêtres», témoigne Adama Sow, dans un dernier hommage à son ami disparu. De son côté, Mohamed Mbougar Sarr s’est dit également attristé par la perte d’un homme qu’il n’a pas eu l’opportunité de connaître personnellement, mais dont la figure et l’œuvre l’ont profondément touché. «Très attristé, comme tant de gens, par la nouvelle du décès de Abdou Ndukur Kacc Essiluwa Ndao. Je ne peux pas dire que je le connaissais, mais je me sentais, sur bien des aspects, proche de lui. Tant de fois, j’ai voulu lui écrire ; autant de fois, la pudeur m’a retenu. Je le lisais, et pas seulement ici (Facebook). Il était parfois contradictoire, comme nous tous, j’imagine ; mais il me paraissait être capable d’assumer ses contradictions, même les plus agaçantes, et d’en tirer une cohérence. Cela n’est pas commun et cela le distinguait», témoigne-t-il dans un post publié sur Facebook.

L’auteur de La plus secrète mémoire des hommes rend également hommage à la liberté de pensée de Abdou Ndukur Kacc Ndao qu’il décrit comme une belle et exigeante liberté de l’esprit. «Il y aurait beaucoup à dire, sur la liberté, l’exigeante et belle liberté de l’esprit, qui est une dimension capitale de l’être, et dont la route est solitaire et rudoyée par gros temps. Ndukur, je crois, tenait cette route», souligne Mo­hamed Mbougar Sarr. Le socio-anthropologue n’était pas seulement un homme de réflexion, mais aussi une personne simple et généreuse. Son implication ne s’est pas arrêtée aux amphithéâtres universitaires. «Il y aurait beaucoup à dire sur la générosité intellectuelle et la simplicité, le rire et la conversation, la terre et la culture, l’amour et le retrait. Il y aurait beaucoup à dire sur ce pincement étrange au cœur, qui se manifeste quand se retire une sorte de contemporain capital, fût-il «seulement» virtuel. Mais ces figures, aimées ou non, ne se retirent jamais sans leçon», poursuit le lauréat du Prix Goncourt. Dans un ultime geste d’humilité, Mohamed Mbougar Sarr rappelle que la mort d’un intellectuel comme Abdou Ndukur Kacc Ndao ne peut être mieux honorée que par des prières et des pensées pour sa famille et ses proches. «A chacun de la tirer. Il y aurait beaucoup à dire. Rien, cependant, qui ne dise plus, mieux que les prières pour le repos de l’âme du défunt, et les pensées pour sa famille, ses amis, ses proches», a conclu Mohamed Mbougar Sarr.

«Un chasseur de savoirs, humaniste dans l’âme»
Mary Teuw Niane, ministre et directeur de Cabinet du président de la République, quant à lui, a souligné le caractère exceptionnel du défunt qu’il considérait comme un ami et frère. «C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de Abdou Ndukur Kacc Ndao, un ami et frère. Nous nous étions connus alors qu’il était élève et membre de l’Union de la jeunesse démocratique Alboury Ndiaye (Ujdan). Puis ce fut à l’université Gaston Berger», a rappelé Mary Teuw Niane. Qualifié de «soldat de la connaissance, un chasseur de savoirs et humaniste dans l’âme», Abdou Ndukur Kacc Ndao avait fait de l’immersion dans les communautés casamançaises le socle de sa vision du savoir. «Je prie Dieu qu’Il l’accueille dans Son Meil­leur Paradis !», a conclu le ministre, tout en adressant ses sincères condoléances à la famille et aux proches du dé­funt.

SOURCE : LE QUOTIDIEN

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *