Avalanche de médailles : pourquoi le Brésil est-il si fort aux paralympiques ?

À mi-parcours des Jeux paralympiques, le Brésil pointe à la quatrième place au classement des pays avec 48 médailles au compteur dont 14 en or. Depuis plusieurs éditions, il s’est imposé comme l’une des nations majeurs du monde de l’handisport.

Par :Stéphanie TROUILLARD

Depuis le début des Jeux paralympiques de Paris, le drapeau du Brésil s’invite très régulièrement sur les podiums. Après sept jours de compétition, le pays se classe à la sixième place au classement du total de médailles avec 57 médailles (dont 15 en or).

Symbole de cette réussite, le nageur phénomène, né sans bras, Gabriel dos Santos Araujo, surnommé « Gabrielzinho », le porte-drapeau de la délégation, en compte trois à lui tout seul. À l’issue de ces Jeux, le Brésil devrait une nouvelle fois terminer dans le top 10, une position qu’il n’a jamais quitté depuis les Jeux de Pékin en 2008.

Alors que le pays n’a connu que de modestes succès lors de ces premières apparitions, le tournant a véritablement eu lieu en 2016 lors de la compétition organisée à domicile à Rio. Cette année-là, la délégation brésilienne a remporté 72 médailles, contre 43 à Londres quatre ans auparavant. Une performance rééditée cinq ans plus tard à Tokyo. En quelques années, elle est ainsi devenue une puissance incontournable sur la scène paralympique.

L’efficacité du comité brésilien paralympique

Selon le journal Brasil de Fato, l’une des principales raisons de ce succès est la création en 1994 du comité brésilien paralympique. Avant cette édification, chaque sport avait sa propre organisation. « Quand le Brésil a centralisé ses actions, sa coordination et ses performances, le pays a vraiment commencé à avoir de meilleurs résultats », explique ainsi le chercheur Rafael Reis, spécialiste du handisport auprès de ce média.

Les parasportifs ont ainsi pu compter sur une amélioration des infrastructures. Ils profitent désormais du Centre d’Entraînement Paralympique à São Paulo, un héritage de l’olympiade de Rio 2016.

Cette réussite a aussi été permise grâce à un financement efficace. Depuis la loi Agnelo/Piva promulguée en 2001, une partie des recettes de la loterie sont affectées au sport. Le comité paralympique reçoit aujourd’hui 0,87 % de l’ensemble de ces fonds, ce qui a considérablement augmenté son budget. En 2023, il a ainsi reçu 39,6 millions de dollars.

Une délégation conséquente

Le journal Brasil de Fato note également que les caractéristiques de la société brésilienne participent aussi au développement du handisport. « Le premier d’entre eux est la taille de la population. Cette affirmation est essentiellement statistique : plus il y a de monde, plus grandes sont les chances de développer des talents sportifs », résume-t-il. 

Le pays compte aussi de très nombreuses personnes en situation de handicap : « Le Brésil, bien qu’il ne soit pas impliqué dans un conflit international, connaît des taux élevés de violence armée. Par ailleurs, les conditions sanitaires favorisent toujours le développement des handicaps, qu’ils soient congénitaux ou acquis ». Selon une étude datant de 2022, 8,9 % de la population peut être ainsi considéré en situation de handicap, ce qui représente environ 19 millions de personnes sur les quelque 215 millions d’habitants du Brésil.

Dans la capitale française, la délégation brésilienne est arrivée avec 255 athlètes, soit le deuxième plus gros contingent derrière la Chine (282). Elle a aussi débarqué avec de grandes ambitions, comme l’a souligné dans un communiqué le secrétaire d’État au handisport, Fábio Araújo, avant le début des Jeux : « Les attentes pour Paris sont élevées et nous pensons que nos athlètes sont prêts à montrer au monde la force et la détermination des sports paralympiques brésiliens, augmentant ainsi la visibilité du Brésil sur la scène internationale ».

Mais selon Anna Paula Feminella, la secrétaire nationale aux droits des personnes handicapées, il reste encore du chemin à parcourir pour améliorer l’inclusion dans son pays. « Je crois que les villes restent des territoires hostiles pour la plupart des personnes handicapées. Ceux qui sont sous les projecteurs aux Jeux paralympiques sont ceux qui ont eu des opportunités », a-t-elle ainsi souligné auprès du journal Brasil de Fato. 

Elle pointe aussi du doigt un manque de visibilité malgré les performances des para-athlètes brésiliens : « Je pense qu’il va falloir encore du temps pour que les médias comprennent le pouvoir des paralympiques. […] Nous vivons dans une culture qui ne reconnaît pas les personnes handicapées comme des sujets de droits et comme des personnes capables de faire de grandes choses ». 

SOURCE : FRANCE 24

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