Sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem des prières juives défient le «statu quo»

C’est l’un des lieux ultra-sensibles du conflit israélo-palestinien : esplanade des Mosquées pour les musulmans, mont du Temple pour les juifs, dans la vieille ville de Jérusalem. Le statu quo en vigueur depuis des décennies interdit – en principe – aux juifs de prier à cet endroit. Mais, sous la pression de mouvements ultranationalistes religieux israéliens, ces prières sont de plus en plus fréquentes, encouragées par le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Notre envoyé spécial à Jérusalem a pu assister à l’une de ces prières qui se déroule sous la surveillance de la police israélienne.

Par :Nicolas Falez – SOURCE RFI

Le soleil fait briller la coupole dorée du Dôme du Rocher, qui domine l’esplanade des Mosquées. Dans la lumière du matin un groupe de fidèles juifs prie silencieusement mais sans se cacher. Une femme se tient debout, les yeux fermés, bras écartés, visage tourné vers le ciel. Un homme appuie son front sur la branche noueuse d’un des oliviers qui poussent sur l’Esplanade, presque déserte à cette heure matinale. Un peu plus loin, un groupe d’une dizaine d’hommes et de femmes prient également. Des policiers israéliens les encadrent de près, sans intervenir.

« C’est le lieu le plus saint pour le peuple juif et l’endroit où l’on ressent la présence de Dieu », nous dit l’un des participants après sa prière. Visiblement ce début d’interview ne plaît pas à la police qui immédiatement demande au journaliste de quitter l’Esplanade. Un contrôle d’identité plus tard, l’interview peut reprendre à l’extérieur de ce lieu vénéré par les musulmans et par les juifs.

Statu quo

Les prières juives sur l’Esplanade des Mosquées sont en principe interdite par le statu-quo religieux en place depuis l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967. Mais cet interdit est contesté et défié par certains nationalistes religieux, parmi lesquels celui que nous avons rencontré un peu plus tôt : « il y un statu-quo inhumain et ridicule, ça n’a aucun sens, nous dit l’homme qui porte une kippa noire et une chemise blanche, mais on dirait que les choses évoluent plutôt en notre faveur ».

Itamar Ben Gvir

Car aujourd’hui c’est au sein même du gouvernement israélien que l’on encourage ces prières. Leur plus ardent promoteur s’appelle Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême-droite, qui vient régulièrement prier ici. Il est ministre de la Sécurité nationale et donc de la police, ce qui facilite les choses. Interrogée sur l’activisme du ministre, cette Israélienne venue prier ce matin nous confie se sentir « très très reconnaissante ». Habitante d’une colonie juive du nord de la Cisjordanie, elle vient prier ici depuis sept ou huit ans. « Je vois les changements et j’en suis très heureuse, dit-elle, maintenant pouvons prier, nous pouvons chanter, nous pouvons nous prosterner ». Elle dit se réjouir aussi de la présence policière pour « protéger les juifs » 

Condamnations internationales

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou rappelle régulièrement que son pays reste attaché au statu-quo sur l’Esplanade des Mosquées mais rien ne semble freiner les ardeurs de ses alliés ultra-nationalistes religieux. Ces prières très politiques et de plus en plus fréquentes suscitent des condamnations et des mises en garde dans le monde entier.

Du côté des autorités religieuses juives, de très nombreux rabbins israéliens continuent de proscrire les prières à cet endroit. Selon eux, le risque est grand pour les fidèles de commettre la faute de marcher sur le « Saint des Saints », la partie la plus sacrée du Temple juif (détruit par les Romans en 70 après JC).

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