Visite officielle de Pedro Sánchez: 180 millions d’euros pour renforcer les relations Espagne-Sénégal (par Momar Dieng DIOP)
Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, reprendra son agenda international avec une visite officielle en Mauritanie, Gambie et Sénégal du 27 au 29 août. Cette tournée, planifiée depuis le début de l’été, a pour but de renforcer la coopération avec ces pays africains, notamment en matière migratoire. Au cours de ce périple, le leader du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) rencontrera les présidents des trois pays pour réaffirmer l’engagement de l’Espagne à soutenir les nations d’origine et de transit des flux migratoires, dans un contexte de crise humanitaire aux Canaries et à Ceuta.
Le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a préparé une partie de cette tournée en juin, lors de son déplacement au Sénégal et en Gambie. Au Sénégal, un cadre de coopération de 180 millions d’euros (environ 118 milliards de francs CFA) a été annoncé pour les quatre prochaines années. Ce montant record s’inscrit dans le Plan Directeur de Coopération 2024-2027, approuvé le 23 juillet, qui met l’accent sur la région du Sahel et la collaboration en matière de migration.
À Dakar, Pedro Sánchez discutera principalement avec Son Excellence Bassirou Diomaye Faye des stratégies pour freiner l’immigration irrégulière. Le Sénégal est le deuxième pays africain, après le Maroc, en termes de nombre d’émigrés en Espagne. La communauté sénégalaise en Espagne espère que les accords bilatéraux permettront de résoudre divers problèmes, tels que l’accès aux services de santé, l’intégration sur le marché du travail, l’éducation, et la régularisation des statuts de résidence entre autres. Ils souhaitent aussi un accord spécifique sur la double nationalité pour simplifier les démarches administratives et améliorer les conditions de vie des Sénégalais en Espagne, ainsi que des Espagnols au Sénégal.
Les Sénégalais en Espagne plaident pour un renforcement et une diversification des secteurs de la migration circulaire, une réorganisation plus efficace et transparente du processus, ainsi qu’un soutien accru aux travailleurs sénégalais afin de corriger les lacunes et les insuffisances constatés cette année. Ils demandent également une simplification des démarches administratives pour les visas et une amélioration des conditions d’accueil au consulat espagnol au Sénégal, notamment par l’augmentation des ressources matérielles et humaines.
Une réévaluation des tests ADN imposés pour le regroupement familial est sollicitée, en raison de leur coût élevé (328 000 CFA / 500 € par personne), qui constitue un fardeau financier considérable. En plus de leur prix prohibitif, ces tests ont des conséquences graves, pouvant entraîner la rupture de ménages, et leur fiabilité est limitée en raison de leur marge d’erreur non négligeable.
Pour répondre à ces préoccupations, il est important d’examiner les résolutions des demandeurs de visa, qui ont suscité des réactions au sein de la communauté sénégalaise. Les accusations formulées par le consulat espagnol, selon lesquelles le Sénégal serait particulièrement touché par la fraude documentaire, ont intensifié la frustration parmi les ressortissants et mis en lumière la nécessité d’une meilleure coopération et d’une clarification des procédures. La visite devrait permettre de dissiper ces accusations et de promouvoir un traitement respectueux des citoyens sénégalais, tout en reconnaissant les efforts déployés par les autorités sénégalaises pour sécuriser leurs documents.
Le déplacement du chef de l’exécutif espagnol est considéré comme un moment décisif pour l’avenir de l’axe Madrid-Dakar. Les négociations devraient permettre de définir des perspectives concrètes pour renforcer les liens entre les deux pays. Au-delà des enjeux politiques et économiques, l’aspect humain des échanges sera primordial. Il est à espérer que cette visite inaugurera une nouvelle ère de coopération fondée sur la confiance mutuelle et le respect réciproque. Le succès de ces démarches pourrait servir de modèle pour d’autres nations européennes confrontées à des défis similaires en Afrique.
En somme, le séjour de Pedro Sánchez au Sénégal représente une occasion cruciale pour renforcer les liens entre l’Espagne et le Sénégal. Alors que les deux États cherchent à surmonter les enjeux migratoires et à promouvoir un partenariat durable, cette rencontre est une opportunité précieuse de poser les bases d’une coopération renforcée. Les attentes sont élevées quant à la capacité de cette mission à fournir des solutions appropriées aux problèmes urgents, tout en jetant les jalons d’une relation bilatérale plus juste, plus solide et plus équitable.
Les discussions devraient permettre de traduire les aspirations communes en actions concrètes et de faire progresser les projets en matière de migration, de développement économique et de protection sociale, au bénéfice des deux pays. Face aux incertitudes pour l’avenir, il est raisonnable de croire que cette initiative offrira des solutions équilibrées et adaptées aux réalités des deux peuples, tout en répondant aux besoins urgents de la communauté sénégalaise résidant en Espagne.
Momar Dieng DIOP / ESPAGNE