Lutte contre les hépatites au Sénégal: le fléau en baisse

Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Ibrahima Ly, s’est engagé personnellement à faciliter la mise en œuvre du plan de lutte contre les hépatites, avant d’inviter les acteurs et partenaires au développement à en faire de même, pour le plus grand bien des populations. Il s’exprimait hier, lundi 29 juillet 2024, lors de la célébration par le Sénégal, à Dakar, de la Journée mondiale de lutte contre les hépatites, sur le thème : «Il est temps d’agir».   

Avec une prévalence actuelle de 6,3% pour l’hépatite B et 1,6% pour l’hépatite C, la coordinatrice du Programme de lutte contre les hépatites, Professeur Aïssatou Sall Diallo, a fait le plaidoyer à l’endroit des autorités sénégalaises pour le renforcement des acquis. Selon elle, si les hépatites étaient un problème de santé majeur au  Sénégal avec des prévalences de plus de 15%, aujourd’hui, elles ne le sont plus à cause de l’engagement, de l’accompagnement des autorités et de l’avancement de la recherche. Toutefois, elle a lancé un appel pour plus d’accompagnement sur le plan financier, technique, entre autres, pour conserver les acquis mais aussi prendre en charge plus de cas.

Un appel qui a trouvé des répondants puisque le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Ibrahima Sy, et le Représentant résident de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont engagés à le faire.  Pour le ministère de la Santé et de l’Action, «nous ne pouvons pas nous permettre de garder le statu quo. La riposte contre les hépatites virales devra s’accélérer au cours de la prochaine décennie», a fait comprendre le Dr Sy.

Pour l’accélération de la lutte contre les hépatites, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a lancé un Plan décennal de lutte contre les hépatites depuis 2019. Un plan qui s’inscrit dans les objectifs mondiaux d’élimination des hépatites, qui est issu d’un travail collectif sous l’égide du Programme national de lutte contre les hépatites, fait savoir le ministre. «Notre attention est bien retenue par l’évaluation économique des stratégies proposées, qui est clairement mentionnée dans le Plan stratégique national. L’investissement est certes lourd, mais le retour sur investissement, en termes de vie sauvées, cancers évités, de qualité de vie améliorée, est considérable», a avancé Dr Sy.  

A l’horizon 2030, ledit plan permettra, selon les acteurs, d’éviter 8500 à 16.000 décès dus à l’hépatite B, 88.000 à 90.000 nouvelles infections à l’hépatite B. A l’horizon 2050, ce sont 66% des décès et nouvelles infections que le Sénégal aura évités.  Pour l’hépatite C, à l’horizon 2050, nous aurons sauvé 20.000 à 35.000 vies et diminué l’incidence de ces infections de 31 à 47%.

Du côté de l’OMS, le Représentant résident au Sénégal, Dr Jean Marie Vianny Yaméogo, note que le Sénégal a adopté les deux principales stratégies pour prévenir la transmission du virus de l’hépatite B à la naissance et durant la petite enfance. Il s’agit de la vaccination universelle des nouveau-nés durant les 24 heures suivant la naissance et des nourrissons et l’élaboration du Plan stratégique national pour une riposte multisectorielle intégrée contre le Sida, la tuberculose, les hépatites virales et les Infections sexuellement transmissibles (IST), pour la période 2023-2030.

«Je suis heureux de constater que le Sénégal a introduit la vaccination contre l’hépatite B dans le Programme élargi de vaccination depuis 2004 et la vaccination dans les 24h après la naissance depuis 2015. Toutefois, les mêmes efforts doivent être soutenus pour améliorer le diagnostic, l’évaluation et le traitement des porteurs chroniques de l’hépatite B ou C, afin de limiter la transmission et éviter leur évolution vers le cancer du foie», a-t-il renseigné. Et d’assurer de la disponibilité de l’OMS et des partenaires à renforcer leur soutien, pour permettre au Sénégal de réduire la charge morbide des hépatites et leurs complications.

AVEC 1,3 MILLIONS DE DECES PAR AN, L’HEPATITE EST LA DEUXIEME CAUSE DE DECES DU A UNE MALADIE INFECTIEUSE DANS LE MONDE

Rappelons qu’en 2022, selon les chiffres de l’OMS, 304  millions de personnes vivaient avec une hépatite B ou une hépatite C chronique, seuls 45% des nourrissons ont été vaccinés contre l’hépatite B dans les 24 heures suivant leur naissance et 1,3 million de personnes sont décédées de l’hépatite B ou de l’hépatite C chronique. Ceci, malgré la disponibilité des outils de prévention, de diagnostic et l’efficacité des traitements.

Selon le rapport 2024 de  l’OMS consacré à l’hépatite dans le monde, le nombre de décès imputable à cette maladie est en nette augmentation ; c’est la deuxième cause de décès dû à une maladie infectieuse dans le monde avec 1,3 millions de décès par an, soit autant que la tuberculose. Alors qu’une personne meurt toutes les 30 secondes d’une maladie liée à l’hépatite, nous devons agir, nous devons accélérer l’action pour améliorer la prévention, le diagnostic et le traitement, afin de sauver des vies et d’améliorer les résultats en matière de santé, alerte l’OMS.

Denise ZAROUR MEDANG

SUDQUOTIDIEN

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