Législatives en France: Gabriel Attal, Premier ministre jusqu’à quand?

Au lendemain du second tour des législatives anticipées, le chef du gouvernement a vu sa démission refusée par le président. Gabriel Attal reste donc Premier ministre « pour le moment ». Mais combien de temps cette situation peut-elle durer ?

En refusant la démission du Premier ministre lundi 8 juillet, Emmanuel Macron cherche à gagner du temps. Conformément à ce que prévoit l’article 8 de la Constitution, le président de la République détient à lui seul le pouvoir de nommer et démettre le chef du gouvernement. Il choisit d’ailleurs qui il veut, quand il veut. Si l’on s’en tient à la lettre, cette situation peut donc durer aussi longtemps que le souhaite le président.

Toutefois, Emmanuel Macron a face à lui plusieurs contraintes. D’abord, si son camp a mieux résisté que prévu aux législatives anticipées (aux alentours de 160 sièges), il ne représente plus la première force de l’Assemblée nationale. Le locataire de l’Élysée se retrouve donc sous pression de la gauche qui revendique le droit de proposer, en priorité, un Premier ministre en se fondant sur le constat implacable que le Nouveau Front populaire dispose du plus gros contingent de députés avec une majorité très relative d’environ 190 élus, très loin des 289 nécessaires pour la majorité absolue. Mais là, encore, rien n’oblige le président à retenir un membre du premier groupe de l’Assemblée pour diriger le gouvernement.

Coalitions impossibles, majorité très relative

Au soir du second tour, Emmanuel Macron a, par ailleurs, déclaré vouloir attendre une « structuration » de la nouvelle Assemblée. Et c’est là qu’intervient la deuxième contrainte : le calendrier. Le chef de l’État entend ici observer la composition des groupes. Les députés élus ou réélus dimanche dernier ont jusqu’au 18 juillet, date imposée par la Constitution, pour choisir le groupe dans lequel ils veulent siéger. Une fois les groupes établis et répartis, cela permettra d’identifier plus précisément ceux pouvant potentiellement participer à une grande coalition capable de gouverner.

Certains du camp macroniste souhaitent exclure des forces comme la France insoumise et le Rassemblement national pour former une sorte de grande majorité républicaine. Trouver une telle « coalition de majorité relative » sur « des items importants comme le pouvoir d’achat et la sécurité » cela « va prendre plusieurs semaines », a estimé lundi le député Renaissance de Paris, Sylvain Maillard. Il s’agit surtout d’un « doux rêve », a asséné en retour le patron des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau, interrogeant : « Est-ce que vous me voyez franchement gouverner avec François Hollande ? ».

À gauche, des députés élus sans l’étiquette du NFP seraient prêts à cette perspective et à rejoindre le groupe socialiste s’il rompt avec LFI. D’autres, toujours à gauche, estiment que le Nouveau Front populaire (LFI compris) doit gouverner. Des discussions sont en cours pour proposer un nom de Premier ministre au président ces prochains jours. « Nous ne devons pas laisser s’imposer une forme de vide dans lequel le chef de l’État s’engouffrerait », a insisté le patron du PS, Olivier Faure. Emmanuel Macron ne sera évidemment pas obligé d’accepter le nom proposé.

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Le 18 juillet, date butoir

Cependant, à partir de 18 juillet, la nouvelle Assemblée siégera. Elle aura pour priorité d’élire le ou la présidente de l’Assemblée nationale, puis ses vice-présidents, les présidents de commissions et les membres de la questure. Une fois tout ce petit monde installé, des motions de censure pourront être déposées et donc le gouvernement de Gabriel Attal potentiellement renversé. Il peut néanmoins être sauvé si aucune majorité absolue (289 députés) ne vote la chute du gouvernement. Dans ce cas, le gouvernement Attal tiendrait et cela dégagerait du temps pour laisser émerger une grande coalition. 

Pendant ce délai à la durée non définie par la Constitution, le gouvernement va néanmoins être très limité dans son champ d’action. Il aura pour principale mission d’assurer la continuité de l’État.

SOURCE RFI

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