Pour la viabilité des entreprises de presse: Le Cdeps sert son plan à Diomaye
Répondant à l’invite du Président Bassirou Diomaye Faye de faire des propositions pour améliorer l’environnement économique des médias, le Conseil des diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps) vient, par la voix de son président, Mamadou Ibra kane, de mettre sur la table une série de propositions.
Par Mame Woury THIOUBOU – En recevant le 5 juillet dernier, la Convention des jeunes reporters, le Président Bassirou Diomaye Faye n’avait pas manqué de montrer sa position inflexible sur la question de la fiscalité des maisons de presse. Le Président Faye avait tout de même ouvert une petite fenêtre en invitant les patrons de presse à soumettre leurs propositions pour une meilleure gestion de cette question. C’est chose faite. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de la presse (Cdeps) met sur la table une batterie de propositions. «Le patronat de la presse sénégalaise voudrait saisir l’opportunité que vous lui offrez de vous proposer des solutions dans la crise que connaissent les médias», écrit dans sa correspondance Mamadou Ibra Kane.
Dans ce document intitulé «Plan d’action pour la presse», le patron des patrons de presse propose comme orientation stratégique l’élaboration d’une Stratégie nationale de l’information et de la communication (Snic) et la réforme de la formation des journalistes et des techniciens des médias. En plus de la refonte des textes comme le Code de la presse, le Code pénal, le Code de procédure pénale et l’adoption de la Loi d’accès à l’information, le Cdeps propose des solutions à visée économique pour favoriser la viabilité des médias. Il s’agit de la création d’un centre de gestion agréé des médias, la règlementation de la publicité, la mise en place du fonds d’investissement de la presse, du fonds de garantie pour les entreprises de presse et du fonds pour la digitalisation des médias, entre autres.
Dans son adresse au Président, le patron du Cdeps brosse un tableau noir de la situation des médias. «Des entreprises de presse, jadis florissantes, sont aujourd’hui en situation de quasi-faillite au point qu’elles n’arrivent plus à honorer leurs engagements auprès de leurs travailleurs, des institutions sociales et médicales, des fournisseurs nationaux et étrangers», indique-t-il. Une «crise économique» qui risque, selon lui, «d’hypothéquer l’impératif d’une presse républicaine, libre et indépendante, viable économiquement». M. Kane relève aussi que la presse est «stratégique» et «névralgique» pour le Sénégal, au même titre que tous les autres secteurs dans lesquels notre pays ne peut exercer une politique de souveraineté.
«Cette précarité économique et sociale du secteur des médias est une menace pour la démocratie, la liberté de la presse, toute politique de souveraineté, le développement économique et social, la stabilité politique, la voix du Sénégal en Afrique et dans le monde», conclue-t-il. Mamadou Ibra Kane, qui rappelle au Président que son organisation avait introduit deux demandes d’audience restées sans réponse, le 1er mai 2024 et le 6 juin 2024, exprime la volonté de la presse de participer au changement systémique prôné par les nouvelles autorités. «Dans le cadre de votre volonté de changement systémique, notre presse peut façonner l’homo-senegalensis et vendre le rêve sénégalais. Nous attendons de vous cette volonté politique pour permettre de créer les conditions de cette presse libre et indépendante», écrit-il.
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