Abdourahmane Diouf, ministre de l’Enseignement supérieur : «J’ai presque honte de dire que l’université sénégalaise (…) n’a pas un calendrier académique intangible»
Par Moussa SECK – Il s’est passé «un certain nombre de choses extrêmement frustrantes dans notre pays. Mais nous avons su, par le génie du Peuple sénégalais, nous relever». Dr El Hadj Abdourahmane Diouf l’a rappelé. Après le rappel, l’appel à aller de l’avant. «Maintenant, décrète le Mesri, il est temps de se relever et de travailler.» Lui-même prend les devants. «Pour le département qui me concerne, souligne-t-il, et qui englobe l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et le Cesti, nous avons un gros problème de chevauchement dans les années académiques. C’est le problème principal auquel est adossé un certain nombre d’autres problèmes comme les déficits budgétaires que vous vivez, nous en sommes conscients. L’exiguïté des salles, nous en sommes conscients. Le fait de devoir entamer d’autres chantiers pour que les étudiants soient à l’aise et pour que les cours puissent se faire correctement, nous en sommes conscients.»
Une année de travail, et une seule bien exploitée, peut suffire, de l’avis de M. Diouf, pour que «l’université sénégalaise revienne à un calendrier académique normal et intangible». L’état actuel des faits semble alors le déranger au plus haut point. Ainsi exprimera-t-il son inconfort : «J’ai presque honte de dire que l’université sénégalaise est aujourd’hui l’un des rares systèmes académiques au monde qui n’a pas un calendrier académique intangible. Même au niveau de l’éducation nationale, au Sénégal, alors que nous sommes dans le même pays, ils connaissent à l’avance la date des rentrées scolaires, les dates des fêtes de Noël, de Pâques, les dates des examens. Tout le monde sait d’ores et déjà que le 2 juillet prochain, on aura le Bac général au Sénégal. Qui aujourd’hui connaît les dates des examens dans nos universités ? Personne !»
Ça tâtonne chez Cheikh, et El Hadji en est convaincu : «Le génie sénégalais mérite mieux que ça. Les étudiants sénégalais méritent mieux que ça.» Mieux que ça : la bonne et simple stabilisation de l’année académique au Sénégal. Pour ce faire, conclave ! «Nous travaillons à avoir un calendrier académique intangible qui commencerait tous les ans le troisième lundi du mois d’octobre, et qui se terminera tous les ans le dernier samedi du mois de juillet. Et dans une dizaine de jours, nous avons appelé à un séminaire pour toute l’université sénégalaise. Tous les recteurs des huit universités publiques y seront. Ils animeront eux-mêmes les ateliers. Tous les doyens des facultés et des Ufr y seront. Les étudiants y seront. Le personnel administratif et technique y sera. Les syndicats y seront, et pendant trois jours, nous allons nous enfermer.» Tels les chrétiens lorsqu’ils choisissent le Pape, le Mesri et les autres ne sortiront de leur retraite qu’une fois le consensus trouvé. Et, à l’instar des autres qui s’écrient «habemus papam» après choix du Pape, eux aussi pourront libérer leur fumée et, dans un alléluia de soulagement, fêter leur «habemus calendrier académique intangible».
SOURCE LEQUOTIDIEN