Mauvaises conditions de travail : la Convention des jeunes reporters documente les abus contre les journalistes
Une étude de la Convention des jeunes reporters (Cjrs) sur les conditions de travail dans les rédactions, met en lumière les violations subies par les journalistes. Entre absence de contrats, faiblesse de la rémunération, surcharge de travail et absence de prise en charge sociale, ils subissent le dictat des patrons de presse.
La Convention des jeunes reportes du Sénégal (Cjrs) a mené une étude sur les conditions de travail des journalistes dans les rédactions. De celle-ci, il ressort une précarité inouïe des journalistes.
Les réponses des enquêtés montrent que très peu d’entreprises respectent les barèmes prévus par la convention collective. Encore que pour percevoir les salaires, les journalistes éprouvent de grosses difficultés. Selon toujours les résultats de l’enquête, 18,5% ont des rémunérations en deçà de 75000 francs; 14,8% entre 75000 et 100000 francs; 14,8% entre 100000 et 150000 francs; 10,2% entre 150000 et 200000 FCFA.
Les travailleurs ayant un salaire dépassant la barre des 300000 francs sont estimés à 7,9%, tandis que ceux qui ne relèvent d’aucune de ces catégories sont autour de 20,4%. Les payements ne sont pas aussi réguliers.
L’étude rappelle que, selon la législation en vigueur, les salaires doivent être payés en principe, au plus tard le 8 du mois. A la question de savoir s’ils sont payés avant le 8, 54,2% des reporters interrogés, ont répondu par la négative; environ 45% ont répondu par l’affirmative.
Par ailleurs, il convient de souligner que 77,7% des personnes enquêtées disent n’avoir pas de bulletins de salaires. Seuls 22,3% disent en avoir. « Dans les entreprises de presse, les obligations sociales ressemblent plutôt à un luxe hors de portée de la plupart des reporters.
Les résultats de l’enquête l’illustrent à suffisance », signale la Convention des jeunes reporters. Sur les 215 personnes ayant répondu à l’enquête, 86% disent ne pas être pris en charge par leurs entreprises quand ils sont malades. 86% des enquêtés n’ont pas de numéros Ipres.
L’étude montre également que parmi ceux qui disent avoir des contrats, il y en a qui n’ont pas d’exemplaires de leurs contrats. Sur les 183 personnes ayant répondu à la question, seuls 33% disent détenir un exemplaire de leur contrats de travail, contre 61,7% qui n’en ont pas.
Les autres n’ont pas de réponse. Pour ceux des employés qui ont des contrats, ils sont peu nombreux à pouvoir affirmer que leurs contrats sont enregistrés à l’Inspection du travail. Sur les 181 personnes qui ont répondu à cette question, seuls 19,3% ont répondu par l’affirmative; 45,3% ont répondu par la négative. Les autres soit ne savent soit n’ont aucune réponse.
L’enseignement principal qu’il faut en tirer, c’est que même si certaines entreprises font signer des contrats à leurs employés, très peu respectent la règlementation en les faisant enregistrer à l’Inspection du travail.
Mal payés, dépourvus de toutes couvertures sociales, les professionnels des médias font partie de ceux qui travaillent le plus et les moins protégés. Alors que le Code du travail fixe le nombre d’heures de travail légal à 8 heures, ils sont nombreux les journalistes et techniciens à travailler au-delà de ces horaires, sans être en droit de réclamer des heures supplémentaires ou compensations.
En effet, l’enquête montre qu’environ 34% seulement travaillent 8 heures par jour; 30,7% entre 8 et 10 heures; 34,4% plus de 10 heures de temps de travail par jour, souvent pour des salaires misérables s’ils en disposent.
En ce qui concerne les jours de repos, 47,9% des personnes ayant répondu disent n’avoir qu’un seul jour de repos par semaine. 30,7% ont deux jours de repos, tandis que 21,9% disent n’avoir aucun jour de repos, l’entreprise pouvant les utiliser même les samedi et dimanche sans aucune compensation.
Fatou NDIAYE SUDQUOTIDIEN