Plan Sénégal Emergeant (PSE): les funérailles de l’endettement ruineux
Selon le rapport Africa’s Pulse 2023 de la Banque Mondiale, les incertitudes liées aux chocs extérieurs, le fardeau de plus en plus lourd du service de la dette, les catastrophes naturelles fréquentes et les chocs sécuritaires en Afrique vont peser sur les perspectives de croissance en Afrique au Sud du Sahara, le bloc géographique dont fait partie le Sénégal. En outre, toujours selon Africa’s Pulse, un probable retour à la croissance forte qui réduit véritablement la pauvreté suppose des fortes politiques transformatrices pour s’attaquer au problème profond des inégalités et de la résilience économique.
Deux menaces persistent selon ce billet de Bretton Woods : la dette, l’endettement – flux et stock – et l’inflation dont les effets à court terme sont atténués par un rebond de la croissance à 3,4 % en 2024 et 3,8 % en 2025, contre un taux de 2,6 % en 2023. Alors que nous en étions – ici à Dakar – à des projections de presque 9% pour le PIB. Hypothèse de base du budget 2024 du régime sortant. Le modèle de la DPEE doit être vraiment revu et corrigé.
Si l’inflation reflue dans la plupart des économies d’Afrique subsaharienne, passant de 7,1 % en 2023 à 5,1 % en 2024, elle reste élevée par rapport aux niveaux pré-COVID. Par ailleurs, même si la progression de la dette publique se tasse, plus de la moitié des gouvernements africains sont aux prises avec des problèmes de liquidités extérieures et un niveau d’endettement non soutenable. C’est presque la cessation de paiement de fait sur le continent.
L’Afrique au Sud du Sahara, c’est 800 milliards de dollars US de dette pour 400 millions d’habitants dans la pauvreté pour 850 millions d’âmes. Nous sommes en plein dans le piège de la dette.
Au Sénégal, la mise en œuvre du PSE a été le prétexte d’un endettement lourd et souvent trop hasardeux voire suicidaire pour sa partie commerciale. Un endettement non pour la transformation structurelle de l’économie comme prévu, mais pour des éléphants blancs dont le Stade Abdoulaye Wade et le BRT : autant d’ouvrages surdimensionnés localisés dans la capitale comme si tout ce pays est circonscrit aux 400 km2 de Dakar, juste du 3% de territoire national.
C’est presque 1 000 milliards de FCFA engloutis dans ces deux ouvrages dont l’un est aux essais et l’autre voit son gazon se dégrader. Pour le BRT au lieu de fixer les populations de Guédiawaye avec une zone industrielle et une incitation aux vrais activités économiques, on a préféré par complexe aux techniciens de la banque mondiale engloutir 400 à 500 milliards dans un projet de mobilité sur moins de 25 km avec le BTP étranger, alors que 50 milliards aurait suffi pour générer au moins 15 000 emplois dans une zone industrielle entre Pikine et Guédiawaye et fixer les populations sur place en développant une économie locale et endogène autour – pourquoi pas– de la transformation de nos produits agricoles et des industries de substitution d’importations.
En Avril 2012, l’ancien régime de Macky SALL a hérité d’un stock de dette publique extérieure de 4 milliards de dollars du régime de Wade, soit 25 % du Produit Intérieur Brut (PIB), sous prétexte du PSE et avec l’émission de garantie, de lettre de crédits ou de conforts à des hommes d’affaires véreux – building administratif, Pôle urbain Diamanadio, ellipse project, matière électrification rurale, domaines agricoles, armes et munitions, etc., le régime sortant a légué 15 milliards de dollars en 2023, soit 52,5 % du PIB au régime du Président Bassirou Diomaye FAYE, soit 10 000 milliards de FCFA de dettes, selon la Banque Mondiale. Et pire une structure de la dette complexe et nébuleuse où se mêle commercial et non-concessionnel. Le duo Diba – Sarr y perdra bientôt le sommeil. Comment démêler cet écheveau tout en préservant notre solvabilité extérieure ? Si les revenus issus des hydrocarbures ne se matérialisent pas avec les devises fortes, je ne vois pas comment le PM Ousmane Sonko mettra en œuvre ‘le Projet’.
En glissement quinquennal, la dette et son service, ce sera 11 500 milliards de F CFA en paiements et remboursements entre 2024 et 2029 que doit honorer BDF pour éviter le scénario catastrophe d’un rééchelonnement ou la cession de paiements comme le Ghana et la Zambie.
Le candidat déchu de Benno Bokk Yaakaar et pseudo-opposant, ministre des Finances durant la mise en œuvre du PSE doit nous éclairer sur cette montagne de dette. Aucune réalisation – pont, route, autoroute, centrale électrique, TER, hôpital etc. – ne peut justifier les montants de dette hérités du régime de Macky Sall, sinon la fraude et le détournement comme le cas des 1 000 milliards de la covid 19.
C’est donc en prenant son courage avec les deux mains que durant le premier conseil des ministres le Président nouvellement élu a prononcé les funérailles du PSE, reste aux auditeurs publics et privés – l’ONECCA doit être mis en contribution – pour passer au peigne fin tout l’endettement induit qui risque de compromettre l’équilibre et la solidité de nos finances, si des mesures vigoureuses et fermes ne sont pas prises. Le plan systémique de transformation de BDF est d’abord une remise en ordre des finances publiques tel est le sens et la philosophie de la lettre de mission au PM Ousmane SONKO. L’heure est très grave et heureusement BDF et O. SONKO en ont la mesure exacte.
Moustapha DIAKHATE
Ex Conseiller Spécial PM
Consultant en Infrastructures