Implosion de l’économie mondiale liée aux surcapacités chinoises, les craintes de la secrétaire américaine au Trésor
La secrétaire américaine au Trésor achève sa deuxième visite en Chine en neuf mois. Janet Yellen était à Pékin ce lundi 8 avril pour rencontrer le Premier ministre, chinois Li Qiang. La responsable américaine a averti en conférence de presse que les États-Unis n’accepteraient pas que de nouvelles industries américaines soient décimées par la surproduction et les exportations chinoises.
Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Washington ne veut pas d’un bis repetita du « choc chinois » du début des années 2000, lorsque l’afflux massif de produits made in China, dans des secteurs subventionnés par Pékin, a détruit plus de deux millions d’emplois dans l’industrie aux États-Unis. C’est ce message qu’a fait passer Janet Yellen auprès des dirigeants chinois et notamment lors des deux heures de conversation qu’elle a eu ce week-end avec le vice-ministre He Lifeng après une brève croisière sur la rivière des Perles dans le sud-est de la Chine.
Marché inondés de produits chinois
Des surcapacités associées à la faiblesse de la demande intérieure, dont il était encore question à Pékin, lors de sa rencontre avec Li Qiang, le chef du gouvernement chinois ou le maire de la capitale ce lundi. « Les mesures prises aujourd’hui par la RPC peuvent modifier les prix mondiaux, affirme Janet Yellen. Et lorsque le marché mondial est inondé de produits chinois artificiellement bon marché, la viabilité des entreprises américaines et étrangères est remise en question. »
« La Chine, dit encore la secrétaire américaine au Trésor, est tout simplement trop grande pour que le reste du monde puisse absorber cette énorme capacité. Et nous avons déjà vu cette histoire il y a plus de dix ans, le soutien massif du gouvernement de la République populaire de Chine a conduit à vendre l’acier chinois à un prix inférieur, ce qui a inondé le marché mondial et décimé les industries à travers le monde et aux États-Unis. »
Dislocation de l’économie mondiale
Après l’acier dans les années 2000, les panneaux solaires dix ans plus tard, la Chine augmente ses investissements dans des industries cibles comme les véhicules électriques ou les batteries au lithium. « J’ai clairement indiqué à mes interlocuteurs chinois que le président Biden et moi n’accepterons pas cette réalité », a martelé encore la secrétaire américaine au Trésor qui dit ne pas être animée par un sentiment antichinois, mais que « ces graves préoccupations sont partagées par nos alliés et partenaires » ; Mme Yellen veut « éviter une dislocation de l’économie mondiale et évoluer vers une relation économique saine avec la Chine ».
Sac en bandoulière
Côté chinois, on estime que ces critiques sous-estiment l’innovation des entreprises chinoises dans des secteurs clés et surestiment l’importance du soutien de l’État pour stimuler leur croissance. Janet Yellen a plutôt bonne presse en Chine, avec dans les médias d’État comme sur les réseaux sociaux des commentaires saluant l’appétit d’une femme politique américaine pour les cuisines chinoises, son franc-parler, son côté simple et sans chichi aussi. Une femme de pouvoir qui porte son sac en bandoulière, autrement dit qui n’a pas besoin de personne pour lui porter.