Avis d’expert – Alioune Badara Wade, le «père» du beach soccer : «Je demande de garder Mamadou Diallo et son staff»

Un des précurseurs du beach soccer au Sénégal et aujourd’hui responsable du futsal (football en salle) au niveau national, Alioune Badara Wade, n’est plus à présenter. Celui qui s’exprime rarement et qui est loin du bouillonnement médiatique, a décidé de briser le silence pour donner son avis sur le football de plage. Une discipline qu’il connaît bien et où on note quelques bruits de bottes au retour du Mondial de Dubaï. Du coup, son avis compte. Le Quotidien l’a accroché. Entretien.

Vous êtes le précurseur du beach soccer au Sénégal. Comment analysez-vous actuellement la situation de cette discipline ?
Pour analyser la situation du beach soccer, le premier constat est qu’aujourd’hui, on parle plus de l’Equipe nationale que des clubs. Vous savez que le beach soccer a pris beaucoup d’ampleur. Il est devenu une discipline émergente. Mais selon moi, on devrait se focaliser plutôt au niveau de la vulgarisation. A savoir, faire en sorte que toutes les ligues, au moins, aient quelques clubs de beach soccer. C’est ainsi que cette discipline spécifique pourra se jouer sur toute l’étendue du territoire, au niveau des quatorze ligues. Parce que même la Fifa ne dit plus football de plage, mais football de sable. Donc il suffit d’avoir des ligues, un terrain où mettre du sable avec les normes, pour jouer au beach soccer. D’ailleurs au Sénégal, avant les terrains synthétiques et les terrains gazonnés, les joueurs de foot classique, foot à onze, jouaient sur du sable, sauf qu’ils ne jouaient pas pieds nus. C’est d’ailleurs ce qui fait dire que les anciens joueurs sont plus techniques, parce qu’ils jouaient sur des obstacles. Parce qu’il y avait que du sable et les matchs étaient physiques, très physiques même.

Vous insistez beaucoup sur l’aspect physique…

Effectivement, le beach soccer est une discipline physique. Il y a aussi le fait qu’un bon joueur ne peut pas jouer le beach soccer sans connaître le règlement, contrairement au foot classique. D’ailleurs, pour revenir sur l’aspect physique, aujourd’hui il faut qu’on commence à appliquer la limite d’âge pour les joueurs qui jouent au beach soccer. Si vous voyez un peu le Brésil, le Portugal, c’étaient des pays qui étaient forts en beach soccer. Mais les joueurs sont restés longtemps dans la sélection et cela a impacté leurs résultats.

De retour d’un Mondial raté, l’Equipe nationale cherche un sélectionneur, selon le Dtn. Etes-vous pour un entraîneur local ou pour un étranger ?

Beaucoup de personnes parlent d’entraîneurs étrangers, mais le dernier mot revient à la Direction technique nationale. Mon sentiment est qu’avant de recruter un entraîneur étranger, il faut d’abord voir quel type de technicien il nous faut.

Aujourd’hui le beach soccer a évolué. Il y a beaucoup de joueurs du foot de plage qui jouent et qui ne sont pas de bons joueurs de foot à onze. Je pense que la base, c’est d’être d’abord un bon footballeur. Si vous faites la reconversion en beach soccer, cela vous permettrait d’exercer rapidement, parce que vous avez comme acquis, la technique. Pour le côté physique, ça demande du travail, il faut travailler durement. Nous les acteurs, nous voyons toujours des failles. Il a fallu la Coupe du monde pour voir les problèmes techniques dont on parle s’exposer. Ici chez nous, les entraîneurs en place peuvent surmonter ces difficultés. Ils ont joué, ils ont pratiqué, ils étaient des internationaux. Ils ont même remporté la Coupe d’Afrique de beach soccer en tant qu’entraîneur et joueur. Au vu de ces acquis, je pense que ces personnes-là peuvent rester à leur place d’entraîneur et qu’on fasse beaucoup de matchs amicaux contre des pays comme la Russie, l’Iran et le Japon, en profitant de leur expérience tout en gardant nos entraîneurs. Si on recrute un entraîneur étranger, il y aura un coût financier, il y aura une prise en charge totale. Cet entraîneur va être payé chèrement. Cet argent qu’on va débourser peut aider à développer le beach soccer dans toutes les régions. Au vu de tout cela, je demande de garder Mamadou Diallo et son staff, pour nous conduire prochainement vers la Coupe d’Afrique des nations, en Egypte.

Quelles autres difficultés trouvez-vous dans la discipline ?

La Direction technique nationale doit aussi consulter les acteurs de la discipline et voir qui doit être entraineur, qui doit être dirigeant. Au niveau du beach soccer au Sénégal, il y a un problème de cumul qui se pose. Vous voyez quelqu’un qui est président de club, entraîneur et trésorier du même club. Ça pose problème car en fin de compte, on ne sait qui est qui et qui fait quoi. Au niveau des techniciens de l’Equipe nationale, il faut qu’ils travaillent dans une franche collaboration. Parce que si la collaboration n’est pas franche, ça pose problème. Mais à mon avis, l’expertise est là, les techniciens sont là et ils sont bien. Déjà, nous avons notre championnat, alors que dans beaucoup de pays, on ne trouve pas de championnat de beach soccer, on ne trouve que des tournois. Je donne un exemple : la France. Notre championnat est plus développé que leur championnat. Mais nous, on n’a pas encore de sponsors. Il faut que la Fédération tienne compte d’une chose : elle finance tous les programmes de beach soccer, mais elle doit veiller à une bonne vulgarisation. Le beach soccer n’est suivi que lors des finales, à travers les réseaux sociaux, ou lors de la Coupe d’Afrique et la Coupe du monde.

Où en êtes-vous avec le futsal ?

Pour le futsal (football en salle), avec la Direction technique nationale, nous avons fait des détections quand le président de la Fsf, Me Augustin Senghor, a parlé du lancement. Aujourd’hui, le lancement a été fait, des détections ont été faites avec des sélections régionales, le football scolaire et aussi les académies. On a commencé à faire des stages avec les éducateurs, on a eu un stage de trois jours au Cneps de Thiès. Les éducateurs ont constitué des sélections régionales, masculines et féminines. On a fait des détections et on a réussi à faire sortir 30 joueurs et 30 joueuses. On a joué à Diamniadio et je salue l’organisation qui a été parfaite. On a organisé un tournoi avec les jeunes de Dakar, avec des académies et deux sélections, masculine et féminine. Ça, c’est pour la préparation des Jo 2026, car c’est le futsal qui a été choisi par le Cio. La Fédération a lancé une formation des éducateurs et même sur l’attelage des entraîneurs nationaux. On a des entraîneurs chez les Hommes et chez les Dames. On sait qu’il y a de l’avenir parce que le futsal peut même arriver à concurrencer le football.

A quand le début du championnat ?

Avec le Directeur technique Mayacine Mar, il y a beaucoup de changements qui sont faits sur le futsal, et bientôt un championnat national sera mis sur pied.

Est-ce que vous êtes prêts au niveau des infrastructures ?

Au niveau des infrastructures, on n’a pas de crainte. J’étais halluciné une fois à Diamniadio, où on a trouvé sept à huit salles qui peuvent abriter le futsal. Donc au niveau des infrastructures, on est rassurés. On a trouvé à Diamniadio les mêmes infrastructures que dans les pays étrangers, en l’occurrence en France, en Belgique… Et là on salue le travail du président de la République sortant, Macky Sall. Nous remercions aussi le président de la Fédération, Me Sen­ghor, et son vice-président, Abdou­laye Sow, qui m’ont soutenu. Sans oublier le travail du Directeur technique, Mayacine Mar.

Recueillis par Amadou MBODJI – [email protected]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *