Présidentielle au Sénégal: sept candidats présentent leurs mesures emblématiques

La campagne présidentielle bat son plein au Sénégal. Les candidats sillonnent le pays avec leurs caravanes pour présenter leurs programmes aux électeurs en vue du scrutin du dimanche 24 mars. Mettre en place une banque des femmes, investir dans l’université ou encore inciter les jeunes à devenir agriculteurs : au micro de RFI, ils mettent en avant une mesure emblématique de leur projet. Carnet de bord de cette première semaine de campagne, avec sept des dix-neuf candidats à l’élection présidentielle.

♦ Déthié Fall veut renforcer la souveraineté alimentaire du Sénégal

Parmi les 19 candidats en lice, Déthié Fall porte les couleurs du Parti républicain pour le progrès (PRP). Il a commencé sa campagne à Dakar avant de rencontrer les habitants de Kaolack puis Tambacounda. Il était attendu ce vendredi 15 mars à Bignona et Ziguinchor en Casamance, dans le sud du pays, pour présenter son programme intitulé « Un Sénégal bon à vivre et beau à voir ».

Déthié Fall fait notamment campagne en faveur de la souveraineté alimentaire du Sénégal. « Du point de vue de l’agriculture, le Sénégal connaît aujourd’hui un paradoxe pour la simple et bonne raison que nous avons une importation de plus de 1 million de tonnes de riz par an et nous avons une facture céréalière qui est autour de 300 milliards par an. »

« En plus du riz, le maïs, le blé et beaucoup d’autres produits sont aujourd’hui importés, rappelle le candidat. Et cette importation participe considérablement à l’augmentation des prix et par conséquent à la vie chère que nos compatriotes connaissent aujourd’hui. Alors que nous avons sur le territoire national, au niveau de la vallée du fleuve Sénégal, 240 000 hectares qui sont disponibles. »

Déthié Fall pense qu’il est « important d’inciter la jeunesse à se retourner vers l’agriculture : montrer et donner en référence des jeunes qui ont cultivé des terres et qui ont réussi, montrer qu’ils peuvent avoir une vie décente à partir de ce métier, et permettre au Sénégal de tourner cette page de forte dépendance alimentaire. »

 El Hadji Mamadou Diao veut mieux cibler les investissements

El Hadji Mamadou Diao est à la tête de la coalition « Le Sénégal en mouvement ». Il est l’ancien directeur général de la caisse des dépôts et consignations et l’actuel maire de Kolda, en Casamance. Il est passé par la région de Matam, dans le nord-est du pays, cette semaine, et se rendra au Sine Saloum et en Casamance en début de semaine prochaine. En ce mois de ramadan, le candidat concentre ses activités de campagne en soirée et jusque tard dans la nuit. El Hadji Mamadou Diao propose de mieux cibler les investissements pour qu’ils aient plus d’impact sur la population, par exemple à travers la mise en place d’une Banque des femmes.

« Nous avons voulu mettre l’humain au cœur des préoccupations des politiques publiques, explique le candidat. C’est un diagnostic que nous avons fait au niveau de l’Afrique noire le plus souvent : il y a beaucoup d’investissements qu’on va appeler structurants mais qui n’ont pas d’impact sur le vécu des populations, ce qui fait qu’il y a un paradoxe entre les investissements que nous pouvons noter dans nos pays et le train de vie des populations. Donc ce que nous voulons, c’est mettre toutes les opportunités en matière d’éducation, de santé, de sécurité et en entreprenariat au bénéfice des populations. En ayant une fenêtre particulière pour les jeunes et les femmes. »

« Une banque des femmes permet, justement, de mieux promouvoir l’entreprenariat au niveau des femmes, argumente El Hadji Mamadou Diao. Ce que nous voulons, c’est avoir un instrument qui capte déjà leurs propres mécanismes de cotisations, avec bien sûr un apport conséquent de l’État, pour que cet instrument de financement puisse impacter positivement. Parce qu’elles sont toutes dans la transformation ou dans le commerce mais elles ne parviennent pas à avoir des crédits convenables ou des taux de crédits convenables, donc c’est ça qui fait que l’activité économique les maintient toujours dans cette situation de précarité. »

♦ Aliou Mamadou Dia veut investir dans l’école et l’université

Aliou Mamadou Dia porte lui les couleurs du Parti de l’unité et du rassemblement, le PUR. Ce fonctionnaire international a notamment travaillé pour le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Togo et au Cameroun. C’est à Dakar qu’il a lancé sa campagne avant de rallier Louga et Saint-Louis le jeudi 14 mars. Il se trouvait ce vendredi dans la région de Matam, dans le nord-est du Sénégal, avant de prendre ensuite le chemin de Kédougou, dans le sud-est du pays.

Au cœur de son programme « L’humain et la prospérité », Aliou Mamadou Dia veut investir dans l’école et l’université. « Nous avons besoin de mettre en place la meilleure éducation possible pour notre pays. Tous les pays qui se développent se sont développés à travers l’éducation et la formation. Il est inacceptable pour moi que des fils et des filles de notre pays aillent à l’école dans des abris provisoires, que des enseignants soient dans des conditions lamentables de travail. »

« L’Université Cheick Anta Diop, la première université en Afrique de l’Ouest, a été fermée pendant neuf mois. Les étudiants renvoyés du campus social et du campus pédagogique. Ce n’est pas normal », estime le candidat qui a l’intention de « booster la recherche », en y injectant notamment « des ressources conséquentes ». « Nous voulons faire en sorte que nos universités fassent partie des meilleures universités dans le monde et qu’on mette nos étudiants dans des conditions de performance. Parce que moi, je veux que les jeunes Sénégalais, nos étudiants, soient en compétition avec les jeunes du monde. C’est ça que nous voulons faire pour notre pays. »

♦ Le candidat Mamadou Lamine Diallo veut une refonte des institutions

Mamadou Lamine Diallo porte les couleurs de la coalition Tekki, qui signifie « être utile ». L’actuel vice-président de l’Assemblée nationale du Sénégal s’est notamment rendu à Tambacounda, Vélingara et Kolda cette semaine, saluant les électeurs à bord d’une voiture à impériale, comme le font également les autres candidats. Il mènera campagne à Dakar et Thiès la semaine prochaine. Parmi ses propositions, Mamadou Lamine Diallo plaide pour une rénovation des institutions.

« Il nous faut renforcer le modèle démocratique sénégalais en réduisant les pouvoirs du président de la République, et en rééquilibrant les pouvoirs à la fois législatif, exécutif et judiciaire. On a vu ce que ça donne d’avoir un présidentialisme absolu, avec les difficultés que nous avons eu pour pouvoir aller à l’élection présidentielle. Le fameux coup d’État constitutionnel du 3 février du président Macky Sall. Ce n’est pas bon pour le Sénégal ni pour l’Afrique, d’ailleurs. C’est pourquoi c’est un impératif de réduire les pouvoirs du président de la République, affirmer l’Assemblée nationale, moderniser l’État, dépolitiser l’administration, renforcer la justice, la rendre plus indépendante. Ce qui fait qu’il faut un changement constitutionnel et également un changement dans la loi, et donc mettre tout de suite en place une commission composée de spécialistes pour nous permettre de soumettre à un moment donné à référendum cette nouvelle Constitution, enfin ce que j’appelle moi la IIIe République. »

♦ Boubacar Camara défend une éducation gratuite et obligatoire

Boubacar Camara porte les couleurs du Parti de la construction et de la solidarité, Jengu Tabax, dont il est président. Ce consultant international a ouvert sa campagne dimanche 10 mars par un meeting à Pikine, en banlieue de Dakar. Avant de présenter son programme les jours suivants à Thiès, Bambey et Diourbel. Parmi ses mesures emblématiques, Boubacar Camara propose une éducation gratuite et obligatoire pour tous les Sénégalais.

« Notre mesure phare, c’est la révolution de l’éducation, avec une prise en charge totale par l’État du Sénégal. On veut rendre gratuite l’éducation jusqu’à l’âge de 25 ans. Et ensuite, on va rendre obligatoire l’enseignement jusqu’à l’âge de 16 ans avec un dispositif de surveillance et de sanction. » Pour cela, il veut « investir 8 000 milliards de francs CFA sous la forme d’un fond de souveraineté sur l’éducation qui sera alimenté par diverses sources dont les retombées des ressources naturelles. »

Boubacar Camara promet des infrastructures supplémentaires pour « récupérer les enfants qui n’ont pas pu aller à l’école ». « Aujourd’hui, il y a des zones périphériques qui ont des problèmes, surtout pour la scolarisation des filles, rappelle le candidat. On va mettre l’accent sur ça, il y aura un volet rattrapage. On fera en sorte que tout le territoire soit couvert. Pour nous, c’est une révolution indispensable pour avoir un capital humain épanoui. »

♦ Daouda Ndiaye défend un accès aux soins universel

Daouda Ndiaye représente le mouvement « Action ». Il est professeur et chef du département de parasitologie à l’université Cheick Anta Diop de Dakar. Il mise sur des déplacements de proximité. Il a ainsi rencontré des groupements de femmes et de jeunesse à Keur Massar et Rufisque, en banlieue de Dakar, le mardi 12 mars. Sa campagne l’a ensuite mené à Lambaye, dans la région de Diourbel, et à Mbacké. S’il est élu, il souhaite établir un accès universel aux soins. 

« Nous avons un programme qui permettra de donner un accès universel aux soins à tous les Sénégalais, que ce soit des personnes à mobilité réduite, que ce soit les femmes, que ce soit les enfants de moins de 5 ans ou les vieillards, assure le candidat. Des soins de qualité gratuits pour ceux qui n’ont pas les moyens, donc ceux qui sont vulnérables, pour que chaque Sénégalais puisse être soigné convenablement quelles que soient les ressources dont il dispose, sans oublier un programme de prévention à tous les niveaux et pour tous. »

« Pour le moment, jusqu’à présent, l’essentiel des moyens de prévention et d’accès aux soins proviennent de l’étranger. Donc, on va augmenter les infrastructures pour que toutes les régions du Sénégal et tous les départements puissent disposer d’hôpitaux de qualité et de haut niveau, équipés selon les normes internationales. Les intrants seront garantis, notamment tout ce qui est médicaments. On va augmenter le nombre de personnels de la santé et jouer également sur l’éducation à la santé à tous les niveaux, de l’école primaire à l’université, que ce soit dans les écoles francophones ou dans les daaras, parce que ces daaras font partie également du système éducatif au Sénégal. »

♦ Mahammed Boun Abdallah Dionne rencontre les pêcheurs dans le centre de Dakar

Après avoir mené campagne à Guédiawaye lundi 11 mars, Mahammed Boun Abdallah Dionne a visité le lendemain la Maison des pêcheurs de Ouakam, dans le centre de Dakar. « La pêche est l’un des secteurs les plus importants pour notre pays. Nous avons la chance d’avoir ici 718 kilomètres de côtes sur l’Atlantique et 17% de la population est occupée par le secteur de la pêche. Donc il est important de travailler avec eux pour la durabilité », a déclaré l’ancien Premier ministre de Macky Sall, candidat dissident de la coalition Benno Bokk Yakaar.

Il a aussi lancé un appel à se réunir autour de sa candidature, plutôt que celle du candidat de la coalition au pouvoir Amadou Ba. « J’ai appelé les forces vives du pays à me rejoindre autour de la défense de la République et de la démocratie. La majorité a sa place au niveau de l’inter-coalition que je propose, c’est-à-dire que le peuple de gauche et également le peuple de la majorité a sa place au sein de la plateforme que j’appelle le bloc républicain et démocratique. Que le peuple sénégalais tranche et que le meilleur gagne. »

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