3è sommet de la démocratie
Le troisième sommet de la démocratie s’ouvre à Séoul ce lundi 18 mars 2024 avec quelques critiques. Cette initiative américaine, de l’administration de Joe Biden, se tient pour la première hors des États-Unis, chez l’allié sud-coréen qui s’est nettement rapproché de Washington. Cette troisième édition du sommet réuni des ONG, des responsables gouvernementaux et des membres de la société civile, pour lutter contre l’érosion démocratique. Pour l’occasion, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est venu en Corée du Sud afin d’assister à l’ouverture des débats sur les menaces des nouvelles technologies sur la démocratie. Mais l’événement fait également couler de l’encre à Séoul.
Avec notre correspondant à Séoul, Nicolas Rocca
Les menaces que font peser les nouvelles technologies sur les démocraties : voici le sujet central du sommet de la démocratie qui s’est ouvert lundi 18 mars en Corée du Sud. Avec des élections législatives le 10 avril sur lesquelles planent de potentielles cyberattaques nord-coréennes, le thème est d’actualité sur la péninsule.
La désinformation et l’utilisation de l’intelligence artificielle étaient notamment au menu de cette première journée, notamment leur usage par les régimes autoritaires leurs méthodes dans le domaine du numérique. Lors de son discours à la cérémonie d’ouverture, le Président Yoon Suk-yeol a donné le ton : « Les fake news et la désinformation qui utilisent l’Intelligence artificielle et les technologies numériques violent non seulement les libertés individuelles et les droits de l’Homme, mais menacent également les systèmes démocratiques. »
La tête d’affiche était le secrétaire d’État américain Antony Blinken. Sa visite éclair, avant de se rendre aux Philippines, est une forme de passage de témoin au président sud-coréen Yoon Suk-yeol, qui récupère le leadership de ce troisième sommet, après deux éditions sous le patronage de Washington.
Comme le chef d’État sud-coréen, Antony Blinken a effectué des allusions assez claires à certains États, comme la Chine où la Russie, sans qu’aucun ne soit mentionnée directement :
« Alors que nous essayons d’exploiter la puissance des nouvelles technologies et d’autres technologies digitales pour le bien, des gouvernements utilisent ces technologies pour faire exactement l’inverse : ils utilisent des outils de l’IA, comme la reconnaissance faciale et des bots, pour surveiller leurs citoyens, harcèlent des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme, des dissidents politiques. Ils répandent la désinformation qui compromet la tenue d’élections libres et équitables, ou opposent un segment de notre société contre un autre. »
La Vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourova a elle cité les campagnes de désinformation du Kremlin comme l’une des menaces qui pèsent sur les nombreuses élections prévues cette année.
Critiques en Corée du Sud face à un état de « régression démocratique »
Mais l’événement est en partie contesté en Corée du Sud, où le chef d’État est la cible de critiques pour ses attaques sur la liberté d’expression, les médias et les égalités de genre. Le pays est même dans un état de « régression démocratique », selon le récent rapport sur la démocratie de l’institut V-DEM de l’université Göteborg.
Mais l’initiative globale du sommet n’est pas exempte de critiques. La liste des invités est notamment sous le feu des projecteurs, excluant des pays qui se considèrent comme démocratiques, comme la Thaïlande et la Turquie.