Campagne de commercialisation de l’arachide : les acteurs dressent un bilan mitigé

Trois mois après le démarrage de la campagne de commercialisation de l’arachide, les acteurs tirent un bilan mitigé du déroulement des opérations de collecte de graines. Au moment où les organisations professionnelles  du secteur agricole dénoncent  les taux  très élevés des abattements infligés par les huiliers, les opérateurs privés stockeurs (Ops) réclament à la Sonacos le paiement des bons impayés.

Cette année, la campagne de commercialisation de l’arachide  a officiellement  démarré depuis le 1er décembre 2023. Trois mois après, on note un déroulement  très timide des opérations de collecte de graines d’arachide au niveau du circuit officiel. « C’est une campagne très morose. Le stock d’arachide est presque fini. En ce qui concerne les huiliers, il y a une seule unité qui fonctionne et qui paye régulièrement.

C’est la Copeol au niveau de Kaolack. C’est une campagne mi-figue mi-raisin », soutient  le porte-parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr) Sidy Ba. En tant qu’organisation professionnelle agricole, le Cncr dénonce les taux d’abattements infligés aux producteurs  qu’il juge très lourds.

Ce qui plombe leurs  efforts.  « Même la marge aussi est insignifiante. Une marge de 27.5 ramenée à 25 francs n’encourage pas les gens. On achète à 300 francs et on livre les graines à l’usine à 325  alors que la marge est de 27.5. Ce qui fait que beaucoup d’organisations professionnelles et opérateurs sont découragés pour aller vendre leurs graines au niveau de ces usines. Alors que les coûts de transport ont augmenté ainsi que les frais de manutention, la marge stagne depuis plus de 15 ans. Les usines ne bronchent pas, parce qu’elles y trouvent leur compte », déplore Sidy Ba. Il regrette ainsi le fait que les Chinois ne sont pas beaucoup présents sur le marché pour la campagne arachidière de cette année. « Vraiment, les Chinois sont mieux que les huiliers. Mais malheureusement, on ne les a pas tellement vus cette année. Parce qu’il me semble qu’en Chine,  ils ont beaucoup produit », se désole-t-il.

Au niveau de certaines localités, la question des bons impayés a été  soulevée. Ce qui constitue un frein au bon déroulement de la campagne.   Les Opérateurs privés stockeurs (Ops) de la zone sud sont restés deux mois sans être payés. Ils réclament 2 milliards  de francs Cfa de factures impayées à la Sonacos. Selon le porte-parole du Cncr, ces bons impayés pourront être à l’origine d’un déficit en semence pour la prochaine campagne agricole.  

Contrairement aux producteurs et aux opérateurs privés stockeurs, les exportateurs de graines espèrent que cette campagne de commercialisation de l’arachide  sera à la hauteur de leurs attentes. Cette année, ils sont pratiquement les seuls acteurs avec les semenciers sur le terrain. Les  huiliers, dit-il, faute de moyens, n’ont pas pu correctement s’activer.

« La campagne export a été juste ouverte au mois de janvier. Donc, nous n’avons fait que deux mois de campagne. Il n’y a pas de grande inquiétude pour le moment. Je  pense que cette année sera exceptionnelle. Nous espérons que les exportations vont continuer jusqu’au mois de juin juillet », se réjouit pour sa part Habib Thiam, président du collectif des producteurs et exportateurs de graines (Copega).

NDEYE AMINATA CISSE

SUDQUOTIDIEN

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