Fin du contrat de concession : La Sirn veut débarquer Dakarnave
La société de gestion du patrimoine des chantiers navals de Dakar, la Sirn, n’entend pas renouveler le contrat de concession qui la lie avec les Portugais de la Lisnave, détenteurs à 100% de Dakarnave. Cela, du fait du caractère léonin de l’accord, au détriment de l’Etat. Et malgré la pression des syndicalistes qui souhaiteraient préserver les emplois locaux.Par Mohamed GUEYE – La Société des infrastructures et de réparation navale (Sirn) ne semble pas avoir l’intention de renouveler son bail avec Dakarnave.
Malgré la levée de boucliers des travailleurs à travers leurs syndicats, l’Etat, à travers sa société de patrimoine, ne semble pas vouloir revenir en arrière. En effet, le contrat de concession qui lie la filiale de la portugaise Lisnave avec la Sirn arrive à terme en ce mois de juin. Signé pour 25 ans, il aurait dû être reconduit par tacite reconduction, mais la Sirn a annoncé à son partenaire qu’elle entendait lancer un appel d’offres et s’ouvrir à d’autres partenaires sous d’autres conditions.
Dakarnave, de son côté, espérait continuer le partenariat dans les mêmes termes, mais le Directeur général de la Sirn, M. Saliou Samb, a beaucoup de griefs à l’encontre de son partenaire, à en croire certains de ses collaborateurs.Ces derniers font remarquer que depuis 25 ans que les Portugais de Lisnave, propriétaires à 100% de Dakarnave, sont sur les chantiers navals du pays, l’Etat n’a pu récolter 2 milliards de francs Cfa de redevance.
Celle-ci a été établie à 1% du chiffre d’affaires de la compagnie. Mais les Portugais se sont toujours arrangés, chaque année, à minorer leurs profits et majorer les charges. Par ailleurs, un audit de Dakarnave, commandité par la Sirn, a revélé l’ampleur des manœuvres des dirigeants de Dakarnave.Ainsi, si Dakarnave bénéficie d’un outil en état de fonctionnement, son apport est très faible dans sa maintenance.
Les auditeurs ont indiqué que la Sirn a débloqué plus de 16, 5 milliards de francs pour la maintenance des infrastructures et des investissements divers, au moment où Dakarnave, qui engrange plus de 98% des bénéfices, n’a mis qu’1, 7 milliard, pour la plupart sous forme d’augmentation de capital.En plus de cela, Dakarnave jouit sans vergogne du patrimoine immobilier de la Sirn.
Les auditeurs soulignent que ce serait une soixantaine d’immeubles de logement qui sont occupés en ville par le personnel expatrié de Dakarnave à des prix variant entre 50 et 60 000 francs Cfa. Ce à quoi il faudrait ajouter les 14 ha de foncier au Port de Dakar, donnés en location à l’ancienne Necotrans pour un montant d’environ 600 millions de francs Cfa.
Cette affaire, selon les calculs, représenterait plus de 2, 5 milliards de francs Cfa de manque à gagner, aux dires des auditeurs.L’Etat du Sénégal souhaiterait donc, pour toutes ces raisons, trouver un partenaire qui accepterait de revoir les termes de la concession.
L’idéal, selon des agents de la Sirn, serait d’avoir une convention du genre de celle qui lie Dpw et le Port de Dakar dans le cadre de la construction du port de Ndayane, qui fait que le Sénégal détient 40% des parts. La Sirn souhaiterait un concessionnaire qui lui laisserait 49%, en lieu et place des 100% détenus actuellement par Dakarnave.Les Portugais, de leur côté, ne restent pas insensibles.
A la Sirn, on pense que ce sont les dirigeants de Dakarnave qui agitent devant les employés sénégalais, le spectre du chômage. Ce qui pousse les syndicalistes maison à vouloir mettre la pression sur l’Etat pour renouveler le contrat de concession, afin de «préserver les emplois».