Processus d’élaboration du Programme d’autonomisation de la femme dans le secteur agricole : Les inégalités de genre fortement décriées
La Cellule genre du Ministère de l’agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage (Masae) et le Programme agricole Italie-Sénégal (Pais) ont organisé hier un atelier de lancement du processus d’élaboration du programme d’autonomisation de la femme dans le secteur agricole. «Ce programme va contribuer à renforcer le rôle des femmes dans le secteur agricole, mais aussi renforcer leurs capacités et d’ouvrir de nouvelles opportunités à leurs activités agricoles», a déclaré Astou Diouf Guèye, directrice de l’Equité et du genre au ministère de la Famille et des solidarités. Cette volonté, qui rime avec le poids des femmes dans le secteur agricole, montre à suffisance l’utilité de ce projet pour ces dernières qui s’activent dans ce secteur. Malgré cette présence significative dans le secteur agricole, ces femmes font face à des inégalités de genre. «On note que 89, 07% des chefs de ménages agricoles sont des hommes contre seulement 10, 93% de femmes en 2022. Pour l’accès à la terre, 90, 79% des parcelles emblavées sont sous la responsabilité des hommes contre 9, 21% pour les femmes. La proportion des parcelles disposant d’une attestation de propriété est de 2, 24% pour les hommes et de 2, 77% pour les femmes en 2022. La superficie moyenne des parcelles emblavées par ménage selon le sexe du chef est 2, 6 ha pour les hommes et 2, 04 ha pour les femmes en 2022.Concernant l’utilisation des intrants, la proportion de parcelles emblavées avec des semences certifiées est de 10, 77% pour les hommes et 8, 23% pour les femmes. La proportion de parcelles emblavées avec l’utilisation de l’engrais organique ou minéral sur les parcelles est de 52.33% pour les hommes et 28.73% pour les femmes en 2022. Pour le matériel agricole, 640 unités cédées dont 5% pour les femmes. Pour le matériel motorisé subventionné, 660 unités ont été octroyées aux producteurs dont 5% pour les femmes en 2021, et 31 tracteurs cédés dont 6, 45% pour les femmes en 2022», a-t-on-détaillé dans le Tdr.
D’après la directrice de l’Equité et du genre au ministère de la Famille et des solidarités, «les inégalités de genre persistent par rapport à l’accès à la terre, à l’eau, aux intrants et à toutes les opportunités qui existent dans le secteur». A l’en croire, «les femmes sont faiblement avantagées».
Pour résoudre ces problèmes auxquels les femmes font face dans le secteur de l’agriculture, les autorités ont mis en place des mécanismes stratégiques et programmatiques. «Sur le plan stratégique, ce programme s’inscrit dans le cadre de la réalisation de l’axe 3 de la Stratégie nationale de l’équité et l’égalité de genre qui vise à assurer les réelles opportunités, les conditions d’accès à toutes ces opportunités. Au plan stratégique, nous faisons le plaidoyer. C’est ce plaidoyer qui nous a valu certaines mesures favorables à l’autonomisation des femmes dans le secteur, la circulaire du 6 juin 2017 qui fixait des quotas aux femmes dans les eaux de surface. Sur le plan programmatique, nous avons des mécanismes classiques, le Fonds national de l’entreprenariat, le Fonds de crédits pour les femmes, qui sont des mécanismes qui financent les femmes de manière générale, mais surtout des femmes qui sont dans ce secteur porteuses de projets», explique Aïssatou Diouf Guèye. D’après toujours elle, «il y a d’autres mécanismes institutionnels tels que la Délégation à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes qui s’intéressent également aux femmes qui sont dans le secteur (Onfp, le 3Fpt), qui concourent à l’autonomisation des femmes par le canal du programme de renforcement des capacités et de formation, surtout dans les filières de transformation». A son avis, les femmes qui sont dans le secteur agricole, au-delà de la production, doivent «penser à d’autres maillons de la chaîne des valeurs tels que la transformation agro-alimentaire».
Il a été noté que les femmes sont en train de maîtriser la chaine de valeur transformation agro-alimentaire. C’est pourquoi les autorités pensent qu’avec l’avenir et les nouvelles orientations formulées par les autorités, «il faut les accompagner sur le circuit de commercialisation» en mettant l’accent «sur les défis de commercialisation de ces produits».
Mme Mbacké Sokhna Mbaye Diop, Conseillère technique et coordonnatrice de la Cellule genre du ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, explique : «C’est un programme qui vient à son heure, dans la mesure où on a constaté les disparités et sur tous les maillons de la chaîne agricole, en l’occurrence au niveau de la production, de la transformation agricole et de la commercialisation.»
Cependant, le responsable de l’Agence italienne de coopération, qui s’est réjoui de cette initiative, invite à un meilleur traitement des femmes dans le secteur agricole. «Nous sommes convaincus que le développement de l’agriculture et des performances socio-économiques en milieu rural passent, entre autres, de manière prioritaire aussi, par l’égalité entre les sexes, en termes d’accès à la terre, d’autonomisation dans les décisions, dans les choix et l’autonomisation économique», a-t-il dit.
Par Justin GOMIS – [email protected]