Pertes d’électricité : pas moins de 20 milliards par an
La Commission de régulation du secteur de l’Energie (Crse) et les associations des consommateurs réunis en atelier à Somone (Mbour) dans le cadre d’un renforcement de capacités des consuméristes se sont résolues à traduire en acte le partenariat scellé depuis 2018 aux fins d’une bonne mise en œuvre du plan d’action devant permettre à la Crse de contribuer qualitativement à l’efficience énergétique.
La Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) subit annuellement des pertes à coups de milliards de francs CFA. En effet, « le rendement de la Senelec tourne autour de 83%, soit environ 17% de pertes par an », a fait savoir le président de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse), Ibrahima Niane. Il présidait l’ouverture d’un séminaire de renforcement de capacités des associations de consommateurs sur les activités régulées à Somone les 10, 11 et 12 janvier 2024. Ces pertes se situent d’une part au niveau technique et sont liées à l’activité de production, de transport et de distribution d’électricité et d’autre part non technique et elles sont liées à la fraude d’électricité portant ainsi un lourd préjudice à la Senelec en termes de chiffres d’affaires. Ces pertes non techniques représentent l’énergie consommée mais non enregistrée. De ces pertes, les estimations faites renseignent que « 1% de perte équivaut en valeur absolue entre 1 milliard et 1 milliard 500 millions de francs CFA », affirme le président Niane. Sur cette base, la Senelec perd en moyenne plus de 20 milliards de francs CFA annuellement.
S’agissant des pertes techniques, elles correspondent aux pertes notées sur les réseaux par effet Joule (échauffement des câbles), par effet couronne (décharge électrique entraînée par l’ionisation du milieu entourant un conducteur) ainsi que les pertes fer provenant des transformateurs.
L’enquête sur le système facturation bientôt lancée
Sur l’état d’avancement de l’enquête sur le système de facturation annoncée en novembre dernier, le président de la Crse, M. Niane, renseigne que les termes de référence élaborés et validés par l’ensemble des parties prenantes vont conduire dans « les prochains jours au démarrage de l’enquête sur le terrain », a-t-il expliqué. Rappelons que cette enquête résulte de la problématique de la facturation posée en octobre dernier par les consommateurs. De cette récrimination, la Crse s’est autosaisie pour faire une enquête indépendante sur le système de facturation de la Senelec. L’enquête fera ressortir des résultats probants et des recommandations devant permettre d’améliorer le système de facturation de la Senelec.
Sur les nouvelles attributions de la Crse, Ibrahima Niane rappelle qu’avant il y avait deux entités à savoir la Commission de régulation de l’électricité et le Comité national des hydrocarbures (Cnh). A présent, les deux organes ont été fusionnés pour créer la Commission de régulation du secteur de l’énergie avec des attributions renforcées et une nouvelle architecture organisationnelle. Avec ce nouvel organigramme, « la Crse est bien renforcée avec un Comité de règlement des différends et un secrétariat exécutif », s’est félicité le président Niane. Aujourd’hui, ajoutera-t-il ; « nous sommes en train de nous donner les moyens pour rendre opérationnelles et prendre en charge les préoccupations des acteurs y compris les consommateurs ».
Les consuméristes entendent de la Crse un appui financier
Aminata Diouf Fall, Secrétaire générale de l’Association pour la défense de l’environnement et des consommateurs (Adec), porte-parole du jour des consuméristes, a salué la démarche concertée, inclusive et participative de la CRSE. Laquelle démarche s’est matérialisée par des avis consultatifs, des informations et le renforcement de capacités des consuméristes. Pour une meilleure vulgarisation des actions de la Crse, les consuméristes disent entendre des actions concrètes de la Commission en termes de formation des membres, de logistique et surtout d’appui financier.
JEAN PIERRE MALOU
SUDQUOTIDIEN