Comment la Chine est-elle devenue la championne des énergies renouvelables?
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié une information encourageante dans la lutte contre le réchauffement climatique : en 2023, le monde a fait un « bond énorme » en terme d’installations électriques renouvelables, c’est-à-dire de production d’électricité grâce au vent et au soleil notamment, avec plus 50% d’installations par rapport à 2022. Et c’est la Chine qui tire cette croissance historique des renouvelables.
L’Empire du milieu est devenu une véritable puissance verte. Dans des zones rurales ou désertiques du nord et de l’ouest de la Chine, il existe des fermes gigantesques de panneaux photovoltaïques. Certaines ont la taille de vingt stades de football. Il y en a même une qui ressemble à un panda géant vu du ciel. Les renouvelables en Chine, ce sont aussi beaucoup d’éoliennes sur terre et en mer et de très nombreux panneaux solaires installés sur les toits des industries et des maisons. Les habitants en tirent d’ailleurs souvent un surplus de revenus.
« Cela fait environ une décennie que la Chine est devenue le premier producteur mondial d’énergie éolienne et solaire, c’est aussi le premier investisseur dans le domaine des énergies renouvelables, indique Angeline Sanzay, spécialiste de la diplomatie climatique entre l’Europe et la Chine, au sein du groupe de réflexion E3G à Bruxelles. C’est aussi le pays qui connait la croissance la plus forte de l’éolien et du solaire. Pour vous donner une idée, en 2023, la Chine a mis en service autant de panneaux photovoltaïques que le reste du monde l’année précédente. »
Une croissance tambour battant
Le gouvernement chinois a détecté très tôt le potentiel économique des énergies solaires et éoliennes. En ce qui concerne le solaire, il y a 15 ans, Pékin a commencé par développer la chaîne de production des panneaux photovoltaïques. Comme l’électricité tirée du solaire est encore chère à l’époque, son objectif est alors d’exporter ces produits manufacturés.
« Le gouvernement chinois a choisi il y a quinze ans que la production de panneaux solaires photovoltaïques serait stratégique. Il a donc subventionné les industries pour développer les capacités de production, explique Heymi Bahar, analyste à l’Agence internationale de l’énergie et auteur du rapport sur les renouvelables dans le monde en 2023. Avec de plus en plus de technologie et d’expérience, lorsque la Chine est entrée sur le marché des panneaux solaires, l’échelle a augmenté drastiquement et cela a fait baisser les prix. Alors, et seulement à ce moment-là, la Chine s’est mise à installer des panneaux chez elle », poursuit-il. Même chose pour les éoliennes : les usines de fabrication de turbines et autres composants tournent aujourd’hui à plein régime.
Charbon toujours
La Chine a donc mené une croissance tambour battant de la production puis de l’installation des parcs éoliens et solaires. Mais comme beaucoup de ces installations se trouvent dans des zones lointaines et inhabitées du nord et de l’ouest du pays, la question du raccordement au réseau pour alimenter les grandes villes, plutôt situées à l’est, est un défi de taille pour le gouvernement.
Et malgré ce boom des énergies propres, le pays reste le plus gros émetteur de gaz à effets de serre sur la planète. Son économie en pleine croissance dépend encore énormément des énergies fossiles et Pékin continue de construire des centrales à charbon très polluantes.
Quant à ses rivaux, les États-Unis et l’Europe tentent de rattraper leur retard dans cette course aux énergies propres car, pour l’instant, ils dépendent de l’industrie chinoise pour mener leur transition énergétique.
Par :Lucile Gimberg