Dans l’Empty Quarter, la nuit à la belle étoile des pilotes du Dakar

La journée a été longue, sept heures de pistes dans l’océan de dunes de l’Empty Quarter, côté saoudien. A 16h00, la course est interrompue jusqu’à vendredi matin, tous les pilotes doivent s’arrêter au bivouac le plus proche.

La plupart en ont bavé. Les chevaux des moteurs rugissants ont résonné toute la journée dans les colosses dunaires du désert Rub al-Khali (en français le « quart vide ») habituellement surnommé la « demeure du silence ».

Le soleil se couche, les dunes aux couleurs rouge, miel et dorée s’assombrissent. La centaine de pilotes, copilotes et motards s’installent pour la nuit.

Le Belge Guillaume de Mevius (Toyota) lance son sac de couchage dans sa tente fraîchement installée. Il se réjouit de cette nuit de camping sauvage.

« C’est bien de revenir à l’aventure. Ca ressemble un peu aux histoires que me racontait mon père », sourit-il.

Depuis quelques années, les bivouacs XXL sont de mises sur le Dakar, avec cantine et camping-car tout-équipé pour les grosses écuries.

L’organisation a souhaité mettre en place cette sorte de retour aux fondamentaux du mythique rallye-raid avec une étape en deux jours, avec pour l’entrecouper une nuit à passer à la belle étoile, avant de repartir à l’aube.

Pourtant à l’aise toute la journée sur la course, le vétéran Carlos Sainz (Audi) semble à la peine pour monter sa tente. En bon copilote, Lucas Cruz vient à son secours.

« Ca commence à ressembler à quelque chose », se réjouit l’Espagnol de 61 ans, qui finit la première partie de la 6e étape provisoirement en tête au classement général.

Ration de survie autour du feu

18h00, c’est l’heure des poules. Sainz, jogging noir court et chaussettes blanches hautes, part s’asseoir sur sa chaise de camping qui lui sert de trône de fortune, pour dîner avec ses confrères, près du feu.

« Tu ressembles à Michael Jackson comme ça », plaisante le baroudeur espagnol Nani Roma (Ford M-Sport).

L’organisation leur a fourni une ration de survie : une boîte de sardines, des haricots, quelques biscuits et un réchaud. Les effluves de poissons embaument le bivouac.

« C’est vraiment ce qu’on va bouffer? », s’interroge les yeux écarquillés le pilote américain Seth Quintero (Toyota).

D’autres ont été plus malins en prenant des victuailles dans leur sac. « Je me suis fait plaisir, j’ai pris de la goulache lyophilisée », se vante Guillaume De Mevius.

Et pour Sébastien Loeb (Prodrive) ? « Du pain grillé et de l’huile d’olive », répond l’intéressé.

Le Français a pris ses quartiers un peu à l’écart. « On ne sait pas sur qui on va tomber, j’ai pris mes boules Quies. De toute façon, on ne va pas faire long feu », assure-t-il.

Le nonuple champion du monde de rallye, toujours à la recherche de son premier titre sur le Dakar, veut rester concentré. Il a tenté un coup de poker la veille en perdant volontairement du temps pour partir de plus loin et optimiser sa course.

Le réveil est prévu vers 5H00 avec un premier départ pour la spéciale à 6h20.

D’autres ont l’esprit plus léger avant de rejoindre leurs tentes. « Garde les haricots pour la voiture », rigole le copilote Xavier Panseri en regardant son coéquipier Guillaume de Mevius.

Silencieux durant tout le dîner, le Brésilien Lucas Moraes (Toyota), 3e l’an dernier, ne tarde pas à s’allonger près du feu, repu, les yeux tournés vers la nuit étoilée.

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