Afrique du Sud: réouverture du dossier des Cradock Four

En Afrique du Sud, le ministère de la Justice a annoncé, vendredi 5 janvier, la réouverture d’un des dossiers les plus connus de meurtres de militants noirs sous l’apartheid. Les «Cradock Four», du nom de leur ville dans le sud du pays, étaient quatre combattants de la liberté dont les corps ont été retrouvés brûlés et lacérés en 1985. (source: rfi.fr)

Malgré des preuves recueillies par la Commission vérité et réconciliation, lors de la transition à la fin des années 90, la justice n’est jamais allée jusqu’au bout de l’enquête.

Aussi cette annonce a-t-elle été saluée par les familles des victimes mais elle vient avec un goût amer, puisque près de quarante ans se sont écoulés depuis ces crimes.

« Le dernier suspect vient de décéder. Il n’y a plus personne pour répondre à nos questions. Pourtant, après 1994, on espérait des poursuites. Ils n’ont jamais payé pour leurs actions brutales. Tout cela nous rend très tristes », souligne Nombuyiselo, veuve de Sicelo Mhlauli, ancien directeur d’école et militant de 39 ans assassiné avec les trois autres hommes.

Il y a déjà eu deux enquêtes menées dans les années 80 et 1990 autour de ce dossier mais sans résultat. Puis des membres des forces de sécurité ont admis leur responsabilité devant la Commission vérité et réconciliation… et ils se sont vus refuser leur demande d’amnistie, à cause d’aveux incomplets mais depuis, aucune poursuite n’a été engagée.

Selon Gina Snyman, avocate de la Fondation pour les droits de l’homme, il ne s’agit pas d’un cas isolé.

« À la fin de la Commission vérité et réconciliation, plusieurs centaines de dossiers ont été transférés au parquet sud-africain. Aujourd’hui, ils ne travaillent que sur environ 135 cas. Nous-mêmes, nous accompagnons 22 familles dont certaines n’ont même pas pu découvrir où sont enterrés leurs proches », précise-t-elle.

Malgré une volonté affichée du gouvernement de Cyril Ramaphosa de faire avancer ces affaires et un changement, en 2019, à la tête du parquet sud-africain, les dossiers de l’apartheid sont donc encore loin d’être bouclés.

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