Emigrés en Cap-Vert: Sénégalais et Bissau-guinéens les plus nombreux

Jusqu’à l’année dernière, le Cap-Vert comptait une population étrangère et immigrée de 10 869 personnes, en majorité composée d’hommes. La majorité est originaire de la Cedeao (58,7%), en tête de laquelle trônent la Guinée-Bissau et le Sénégal. Ils sont suivis par des ressortissants des pays européens, d’autres pays africains, ainsi que d’Amérique et d’Asie. Dans l’ensemble, les données de la première enquête sur la population étrangère et immigrée (Ipei), publiées hier à Praia par la Haute Autorité de l’immigration (Aai) et l’Institut national de la statistique (Ine), révèlent que les immigrés se sentent bien intégrés dans le pays.

Cette enquête sur la population étrangère et immigrée (Iº Ipei) a été réalisée en 2022 par l’Aai et l’Ine dans le but de produire des statistiques officielles permettant au gouvernement cap-verdien d’établir un objectif migratoire et de définir des programmes d’aide à l’intégration.

Les résultats publiés hier par les autorités cap-verdiennes montrent que la population étrangère vivant au Cap-Vert est estimée à 10 869 personnes, ce qui représente environ 2,2% de la population totale estimée à 491 233 personnes en 2021. La majorité est composée d’hommes (68,4%), contre 38,2% de femmes, et la majorité vit sur l’île de Santiago (43,7%), dans la ville de Praia.

Selon le rapport, la majorité de la population immigrée étrangère vivant au Cap-Vert est originaire d’Afrique (65%), et de la Cedeao en particulier (58,7%), avec en tête la Guinée-Bissau (36,3%), suivie du Sénégal (10,9%), du Nigeria (4,7%), de la Guinée-Conakry (2,9%) et d’autres pays d’Afrique. En deuxième position dans l’étude, on trouve les pays européens, avec 17,1%, menés par le Portugal (8,9%) et l’Italie (3,7%), suivis par les personnes du continent américain, avec 8,3%, tandis que 4,8% sont originaires d’Asie, en particulier les Chinois (4,6%).
Les données montrent également qu’environ 2,9% sont apatrides. Il s’agit d’adolescents étrangers âgés de 19 ans ou moins qui sont nés au Cap-Vert dont l’accès à la nationalité cap-verdienne dépend, selon la législation du pays, du statut juridique de leurs parents. Une autre conclusion importante de l’étude est que 56,2% de la population immigrée et étrangère employée au pays bénéficient de la sécurité sociale, et 37,4 % sont dans des emplois informels. Le taux de chômage est très bas, à 2,3%.

Un sentiment de bonne intégration d’environ 80%
Lors de la présentation du 1er Ipei, Carmen Furtado, présidente de l’Aai, a expliqué à la fin de la réunion que cette étude vient confirmer les tendances concernant l’adéquation des immigrants et des étrangers dans l’archipel capverdien. «L’étude renforce les données précédentes selon lesquelles la plupart des immigrants viennent d’Afrique de l’Ouest, en termes de nationalité. Vien­nent ensuite les Européens, puis les autres pays africains. Les citoyens de Guinée-Bissau, mais aussi les Sénégalais, les Portugais et les Chinois continuent d’être les communautés les plus importantes du pays.»

Carmen Furtado se réjouit également qu’environ 80% des immigrants aient répondu par l’affirmative à l’étude sur la bonne intégration dans la sphère socio-économique. «Je dois souligner le sentiment d’intégration, qui reste très élevé, supérieur à 80%. Ils disent se sentir bien et intégrés, bien que le sentiment de discrimination soit encore un peu élevé, supérieur à 30%. C’est-à-dire que 3 à 10 se sont déjà sentis discriminés, mais il y a un énorme désir d’acquérir la nationalité capverdienne», a-t-elle souligné.

En ce qui concerne leur séjour dans le pays, Mme Furtado a assuré que la situation était tout aussi bonne : «Le taux de séjour est d’environ 72%, mais environ 20% des personnes interrogées ont indiqué qu’elles attendaient toujours une réponse à leur demande de régularisation. En plus,  les données sont nettement positives et nous pensons que cela est lié à la période extraordinaire de régularisation.» Et d’ajouter, «en termes d’accès aux services et du sentiment d’intégration, les données sont également positives, mais ce sont des données quantitatives. Il est clair qu’il existe des différences entre les diverses nationalités présentes dans le pays et c’est l’un des domaines qui mérite une analyse plus attentive et plus approfondie», a-t-elle conclu à propos des mesures mises en œuvre par le gouvernement cap-verdien à cet égard.
En ce qui concerne le sentiment de discrimination mentionné dans l’étude, Fernando Elísio Freire, ministre d’Etat chargé de la Famille, du développement et de l’inclusion, a réaffirmé l’engagement du gouvernement capverdien en faveur des Objectifs de développement durable (Ods dont certains sont directement liés à la mobilité humaine. En ce sens, a-t-il assuré, le pays sera «implacable dans la lutte contre la discrimination et la xénophobie» dans l’intérêt de ceux qui viennent vivre au Cap-Vert. «Le pays veut être l’un de ceux qui accueillent à bras ouverts ceux qui ont choisi de s’installer dans un autre pays pour gagner leur vie, car ce sont des personnes qui, si elles sont bien intégrées, apportent une contribution décisive au développement du pays».

M. Elísio Freire a avancé également que les autorités capverdiennes développeront davantage le dialogue avec les municipalités et en mettant en œuvre des plans locaux pour l’intégration des immigrants. «Le Cap-Vert compte 6016 immigrants inscrits au registre social unique, qui bénéficient de toutes les aides sociales, à savoir le revenu de solidarité, l’inclusion productive, la pension sociale et le revenu social, car chaque immigrant est un citoyen qui a droit aux nécessités de base pour survivre», a-t-il rappelé. Toutefois, M. Freire a précisé que le pays n’approuve pas certains aspects liés aux pratiques religieuses et culturelles, soulignant que le pays est «totalement opposé aux mutilations génitales, à la discrimination».


Par Arlinda NEVES (Correspondante particulière)

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