Au moins 53 espions chinois infiltrés dans notre pays: “La Chine opère clairement dans une zone d’ombre”

En Belgique, pas moins 53 espions chinois se feraient passer pour des agents consulaires bénévoles, selon une enquête de l’ONG de défense des droits humains Safeguard Defenders consultée par nos confrères de Het Laatste Nieuws. Mais qui sont ces espions? Et que font-ils ici? Éléments de réponse avec le politologue Jonathan Holslag. “Connaissant les Chinois, il ne faut pas se montrer naïf.”

“Au moins 53 Chinois jouent le rôle d’‘agents consulaires’ dans notre pays. Ils sont répartis dans les dix provinces et à Bruxelles. Il s’agit de ressortissants chinois vivant ici, d’étudiants internationaux et de Chinois issus du monde des affaires”, indique le rapport de Safeguard Defenders.

“Évidemment, il ne s’agit pas réellement d’agents consulaires bénévoles’. Ce statut n’existe pas du tout”, explique Laura Harth, de l’ONG Safeguard Defenders. “Il s’agit de ressortissants chinois qui vivent généralement ici depuis un certain temps. Officiellement, ils aident d’autres Chinois dans ce pays à trouver leur chemin dans les méandres administratifs, par exemple.

En vérité, il s’agit d’un réseau de personnes contrôlées par le ‘Front uni’, une organisation du parti communiste chinois qui cherche à maintenir le contrôle sur la population chinoise en dehors de la Chine et à étendre son influence au niveau mondial.”“Ils sont les yeux et les oreilles du gouverne­ment chinois.”Jonathan Holslag, Expert à l’ULBDoigt d’honneur chinoisMais que font exactement ces volontaires en Belgique?

“Ils sont les yeux et les oreilles du gouvernement chinois”, explique Jonathan Holslag, politologue et professeur à l’ULB. “Leur tâche principale consiste à surveiller la communauté chinoise en Belgique et à s’assurer qu’elle est en phase. Cela signifie: maintenir la discipline et réprimer la dissidence. Mais aussi transmettre des informations à la mère patrie, la Chine”.

Quant à savoir s’il s’agit effectivement d’espionnage, Jonathan Holslag ne se prononce pas avec certitude. “Tout porte à croire que c’est le cas. Disons qu’il y a un grand risque.”Dans une décision rendue en 2022, un juge canadien a qualifié sans équivoque le réseau chinois de “service d’espionnage allant directement à l’encontre des intérêts du Canada”.

Au printemps de cette année, le G7, le groupe des sept plus grandes nations industrielles, a explicitement appelé le gouvernement chinois à respecter la Convention de Vienne, qui fixe les règles diplomatiques. Un mois plus tard, la Chine répondait par un gros doigt d’honneur au reste du monde, en légalisant et élargissant son réseau mondial de volontaires.

Méthode test

Et les Chinois ne font pas beaucoup d’efforts pour cacher leurs “agents consulaires” au reste du monde.

L’agence de presse chinoise Xinhua indique que dès 2013, l’ambassade de Chine en Belgique a commencé à mettre en place un mécanisme de liaison consulaire bénévole. Notre pays a-t-il été le premier pays à le faire? “On l’ignore”, répond Laura Harth. “Mais c’est la première référence que nous avons trouvée. Le système a probablement été testé ici.”

“La Chine opère clairement dans une zone d’ombre.”Jonathan Holslag, Professeur à l’ULBSelon le ministère chinois des Affaires étrangères, une cérémonie d’inauguration du Groupe de volontaires pour la protection consulaire des Chinois d’outre-mer en Belgique avait été organisée à l’ambassade en 2017.

Comme l’explique Safeguard Defenders, citant un article du China News Service, “plus de 70 volontaires de la protection consulaire issus de groupes d’expatriés chinois, d’entreprises financées par la Chine, de fédérations universitaires locales” ont participé à une réunion de formation organisée par l’ambassade en janvier 2018.Toute personne effectuant un travail consulaire dans notre pays doit y être enregistrée. Les “agents” chinois ne le sont manifestement pas.

S’agit-il donc d’une pratique illégale?

Les services de sécurité de notre pays surveillent de près le phénomène, mais ne peuvent pas réagir. Aucune position officielle n’est par ailleurs prise au ministère des Affaires étrangères.

Dans les affaires diplomatiques, il est important de ne pas réagir de manière excessive. Même si la situation irrite. “La Chine opère clairement dans une zone d’ombre. Il existe des obstacles et elle sait que nous ne pouvons pas intervenir facilement.

”Pour M. Holslag, il s’agit là d’un autre signal que nous ne pouvons ignorer. “C’est un grand défi pour nos services de renseignement. Nous devons faire preuve d’esprit critique et de réflexion, et surveiller ce réseau de plus près. Nous devons investir davantage dans le contre-espionnage. Dans ce domaine, nous ne pouvons absolument pas nous montrer n

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