Marche contre l’antisémitisme en France: une image d’unité qui cache de profondes divisions politiques

Plus de 180 000 personnes dans tout le pays, 105 000 personnes selon la police dans les rues de Paris hier à l’appel des présidents des deux chambres du Parlement pour dire non à l’antisémitisme. Alors que les actes de haines contre les juifs ont explosé ces dernières semaines. Une mobilisation réussie après une petite semaine de polémique déclenchée par la participation de l’extrême droite à cette marche.

Les autorités peuvent être soulagées. La manifestation parisienne contre l’antisémitisme s’est déroulée dans le calme. La marche avait été placée sous haute sécurité avec le déploiement de 3 000 policiers et gendarmes. Mais aucun incident majeur à déplorer. Et les citoyens ont fait le déplacement en nombre, il n’y avait pas que des politiques dans le cortège. 105 000 manifestants, selon la police. Cela faisait très longtemps, depuis 1990, que les Français ne s’étaient pas autant mobilisés contre l’antisémitisme. L’ancien président François Hollande, qui était derrière la banderole, en tête de cortège, à côté de la Première ministre parle d’un succès populaire.

« Ce qui était important c’est cette mobilisation populaire, confie l’ancien chef de l’État, que les Françaises et les Français aient compris ce qui était le sens de cette manifestation, une manifestation profondément républicaine. »

L’absence critiquée d’Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon

Mais on retiendra surtout de cette marche que les forces politiques ont été incapables de mettre de côté leurs divisions. Et ce, jusqu’au bout. Avec deux absences remarquées, commentées, critiquées. Celle du président de la République d’abord. Emmanuel Macron, qui a préféré écrire une lettre aux Français samedi soir plutôt que descendre dans la rue. Et puis surtout celle de Jean-Luc Mélenchon et des Insoumis qui très tôt avaient annoncé qu’ils ne participeraient pas à une initiative organisée par Yäel Braun-Pivet, jugée pro-israélienne. La présidente de l’Assemblée nationale lui a répondu hier à l’arrivée de la marche au Sénat : « Les attaques de Jean-Luc Mélenchon, il est en train de tout salir aujourd’hui ». On avait rarement entendu des mots si durs d’un membre de la majorité envers le leader insoumis.

Un « moment de vérité » pour le Rassemblement national

Les Insoumis qui ont aussi justifié leur absence par la présence de l’extrême-droite et du Rassemblement national dans le cortège. Marine Le Pen et Jordan Bardella chahutés au début du parcours par des militants d’un collectif juif de gauche mais qui ont pu participer à la marche jusqu’au bout, à l’arrière du cortège. Malgré les critiques, malgré l’opposition de la gauche et d’une partie de la majorité. Le président du Rassemblement national a parlé d’un « moment de vérité », ce matin chez nos confrères de RTL. Et c’est peut-être le principal enseignement politique de cette séquence : en réussissant à s’associer à cette marche républicaine malgré son passé, malgré les dérapages antisémites de son fondateur, Jean-Marie Le Pen, le RN renforce encore un peu plus son image de parti comme les autres. Quand les Insoumis apparaissent de plus en plus isolé.

SOURCE RFI

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