L’Inde dans la tourmente israélo-palestinienne

Réagissant aux attaques du Hamas dès le 7 octobre, le Premier ministre indien Narendra Modi a affirmé sa solidarité avec son allié israélien. Ses diplomates aux Nations unies refusent également d’appeler au cessez-le-feu à Gaza. La droite hindouiste au pouvoir est accusée d’avoir abandonné l’équilibrisme indien traditionnel entre Israéliens et Palestiniens.

« L’humanité dans son ensemble est mise à l’épreuve aujourd’hui. Nous nous sommes retrouvés collectivement diminués à cause des attaques brutales qui ont visé Israël. Nous le sommes de nouveau en raison de l’offensive également brutale et disproportionnée que mène l’État hébreu en réponse à l’agression dont il a été victime » (1), écrit Sonia Gandhi. Condamnant sans équivoque les violences infligées de part et d’autre, elle rappelle dans sa tribune le soutien « ancien » et « fondé sur des principes » du parti du Congrès à la reprise des négociations politiques entre les belligérants et à la solution à deux États. « C’est aussi, la position du ministère des Affaires étrangères indien », souligne-t-elle, tout en regrettant que le gouvernement Modi ait attendu le début des bombardements à Gaza pour la rappeler.Dans sa tribune, Sonia Gandhi s’en prend directement au Premier ministre Narendra Modi qui, dans ses déclarations initiales en réaction aux attentats du Hamas, s’était contenté d’exprimer la solidarité du peuple indien avec Israël sans dire « un mot sur les droits des Palestiniens », accuse-t-elle. Et, last but not least, elle déplore que l’Inde se soit abstenue aux Nations unies lors du vote de la résolution appelant à un « cessez-le-feu immédiat et durable » à Gaza.

Désinformation

« Sonia Gandhi a tort de penser que les Indiens seront sensibles à son appel. Après neuf ans de règne de la droite hindouiste, le pays est aujourd’hui beaucoup plus aligné idéologiquement sur Israël qu’avec la cause palestinienne que l’Inde a longtemps soutenue », souligne Nicolas Blarel, professeur de relations internationales à l’université de Leiden (Pays-Bas) et spécialiste de la politique israélienne de l’Inde (2). « Les messages de soutien à Israël et surtout les vidéos de désinformation sur les Palestiniens dont regorgent les médias sociaux en Inde, témoignent de l’ampleur de ce changement », poursuit l’universitaire, expliquant que « dans le contexte d’extrême polarisation religieuse dans laquelle l’Inde se trouve, le message de soutien inconditionnel du Premier ministre à son homologue israélien a été perçu par la base hindouiste comme une autorisation pour donner libre cours à sa ferveur anti-musulmane ».

On s’en souvient, Narendra Modi fut l’un des premiers chefs d’État à poster sur le réseau social X son message de soutien à Israël, à peine quelques heures après les attentats du 7 octobre. « Jetant aux orties cinquante années de diplomatie moyen-orientale marquée par la prudence, Modi s’est emparé des réseaux sociaux pour dire clairement quel camp l’Inde soutient dans ce conflit, sans même faire semblant d’impartialité », pouvait-on lire dans les colonnes du Telegraph indien. « Nous sommes solidaires d’Israël en ce moment difficile », avait tweeté le Premier ministre, qualifiant d’« attaques terroristes » l’offensive du Hamas.

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