Objets de Senghor sauvés des enchères : Médaille d’honneur pour l’État
Des médailles, des objets de grande valeur, reçus par le premier Président Léopold Sédar Senghor dans le cadre de ses fonctions, ont été finalement rachetés par le Sénégal. La mission de sauvetage conduite par le ministre de la Culture, Aliou Sow, a conclu le rachat pour 244 mille euros, soit près de 160 millions de francs Cfa.Par Mame Woury THIOUBOU – 244 000 euros, environ 160 millions de francs Cfa, c’est la somme que les autorités sénégalaises ont déboursée pour prendre acquisition des 41 objets appartenant au premier Président du Sénégal. Ces médailles et décorations, offertes au Président Senghor dans le cadre de ses fonctions, devaient être mises en vente la semaine dernière à Caen. «Des objets diplomatiques rarement en vente», selon l’aveu même de Solène Laine, commissaire-priseur, qui s’est confiée à la presse française. L’indignation suscitée par cette vente d’objets aussi emblématiques, a poussé le Président Macky Sall à intervenir. Une mission conduite par le ministre de la Culture et du patrimoine historique, Aliou Sow, s’est donc rendue sur place pour négocier avec le commissaire-priseur de cette vente.Avant-hier 23 octobre, Aliou Sow, accompagné de l’ambassadeur du Sénégal à Paris, a rencontré les mandataires de la vendeuse, en l’occurrence Solène Laine, commissaire-priseur, et son associé, pour faire l’inventaire de ces biens issus de la succession du couple Senghor. Il apparait que c’est une descendante de Colette Senghor, une arrière-petite nièce, qui aurait reçu ces objets en héritage et qui souhaitait les mettre en vente. Après l’évaluation des objets donc, le ministre et sa délégation ont pu finaliser l’opération de cession. Le Quotidien a appris que l’offre sénégalaise ne prend en compte que 41 objets sur les 202, le reste n’étant pas nécessairement lié à la personne du Président Senghor. Et les mêmes sources assurent que les biens que le Sénégal vient d’acquérir seront livrés à l’ambassade du Sénégal à Paris dès la finalisation de l’opération de paiement. Il faut dire aussi que dans cette vente, c’est un peu plus de 40 mille euros qui reviennent aux commissaires-priseurs qui perçoivent 22% du coût d’acquisition.Vente en France des biens de Senghor : Faut-il les acheter ou les réclamer ?Premier Président du Sénégal, Senghor avait reçu des décorations décernées par des Etats partenaires du Sénégal. Il s’agit donc d’objets très prestigieux dont certains sont d’ailleurs en or massif et de grandes marques. Il s’agit notamment de quatre décorations militaires de prestige : l’Ordre du Nil (Egypte), l’Ordre d’Isabelle la Catholique (Espagne), l’Ordre du Roi Abdul Aziz al Saud d’Arabie Saoudite et l’Ordre de la Rose blanche de Finlande. Si on ne sait pas encore comment ces précieuses médailles se sont retrouvées dans la succession de Colette Senghor, il est heureux de constater que pour cette fois, l’Etat du Sénégal a réagi assez promptement pour éviter que ces objets chargés de symbolisme ne se retrouvent dans d’autres mains. Il faut dire que le ministre Aliou Sow a été ferme et déterminé, allant même jusqu’à faire comprendre aux concernés que le Sénégal était prêt à s’adresser aux tribunaux pour rentrer dans son patrimoine. Les héritiers et le commissaire-priseur ont convenu qu’au vu de l’incertitude et du temps que pouvait prendre un procès, il était de l’intérêt de tous de trouver un terrain d’entente, un mauvais compromis valant mieux qu’un bon procès, comme le dit l’adage.Il faut le rappeler, c’est le poète Amadou Lamine Sall qui a lancé l’alerte sur les réseaux sociaux. Le tollé suscité par la perspective d’un «bradage» de médailles et objets appartenant au premier Président du Sénégal, a poussé l’actuel chef de l’Etat à intervenir. La mission envoyée sur place, avec à sa tête le ministre de la Culture, a réussi à maintenir ces 41 objets dans le patrimoine national. Ils seront d’ailleurs remis au Président Sall au cours d’une cérémonie solennelle dans les jours à venir. Mais si ces objets ont été sauvés d’une vente, combien d’autres, appartenant à la mémoire vive du pays, restent encore à récupérer ? Difficile à dire, mais après cette première réussie, le chemin est balisé pour d’autres opérations de sauvetage et de rapatriement.