Avec la défaite des nationalistes polonais, le Premier ministre hongrois Viktor Orban affaibli?
En Pologne, l’opposition pro-européenne qui a remporté les élections du 15 octobre dernier devrait former le prochain gouvernement. C’est un échec pour le parti « Droit et justice », qui était au pouvoir depuis 2015. Ce parti nationaliste et eurosceptique était un allié du Premier ministre hongrois Viktor Orban. Les deux gouvernements eurosceptiques ont fait front commun contre la Commission européenne, sur de nombreux sujets.
Par RFI : Florence La Bruyère
De notre correspondante à Budapest,
La défaite de la droite polonaise va-t-elle affaiblir le Premier ministre hongrois ? Avec la défaite de la droite polonaise, Viktor Orban perd un allié de poids. C’est l’analyse des quelques médias indépendants qui existent encore en Hongrie. Ces médias rappellent que les deux gouvernements ont mené ensemble leur bataille souverainiste contre Bruxelles, contre les droits des personnes LGBT+, ou encore contre la politique européenne d’accueil des réfugiés en Europe.
Avant le scrutin polonais, Viktor Orban avait lui-même reconnu que si la gauche l’emportait à Varsovie, la Hongrie serait isolée sur la scène européenne, et que ce serait plus difficile pour Budapest d’obtenir les fonds européens. Une fois les résultats tombés, Viktor Orban est resté silencieux, il n’a même pas félicité Donald Tusk, le chef de l’opposition polonaise. Donald Tusk qui est traîné dans la boue par le quotidien pro-Orban, La Nation hongroise. Selon ce journal, l’opposition polonaise a gagné parce qu’elle a été manipulée et financée par le philanthrope américain d’origine juive, George Soros.
Donald Tusk et Viktor Orban ne s’entendent pas du tout
C’est la fin d’une lune de miel entre Varsovie et Budapest. D’autant plus que Donald Tusk et Viktor Orban ne s’entendent pas du tout. Tusk, qui sera sans doute le prochain Premier ministre polonais, n’a pas de mots assez durs pour Viktor Orban, dont il a dénoncé à plusieurs reprises le régime pro-russe, corrompu et autocratique. En 2022, avant les élections législatives en Hongrie, Donald Tusk est même venu à Budapest soutenir l’opposition hongroise.
La Pologne et la Hongrie font toutes deux partie du groupe de Visegrad, avec la République tchèque et la Slovaquie. Un partenariat informel qui permet à ces quatre pays de présenter des positions communes, par exemple en matière de migration. Cette coopération était facilitée par la proximité idéologique entre Varsovie et Budapest.
L’arrivée au pouvoir de l’opposition polonaise risque-t-elle d’affaiblir ce groupe ? En réalité, le groupe de Visegrad, qu’on appelle aussi V4, a déjà pris un sérieux coup dans l’aile il y a un an et demi, après l’attaque de l’Ukraine par la Russie. La Pologne, la République tchèque et la Slovaquie ont été choquées par l’attitude pro-russe de Viktor Orban. Ça a été une première faille entre Varsovie et Budapest, et le groupe de Visegrad a commencé à fonctionner au ralenti. Il risque de s’affaiblir encore plus, et de se diviser en deux : avec d’un côté, la Pologne et la république tchèque pro-européennes, et de l’autre, deux gouvernements eurosceptiques, la Hongrie et la Slovaquie.