Europe: de plus en plus de personnes à la rue et des politiques publiques qui font la différence

Au moins 895 000 personnes sont sans domicile fixe dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, selon une estimation publiée mardi de la Fédération européenne des associations travaillant avec des personnes sans-abri (Feantsa). Un chiffre en hausse par rapport à 2019, mais tous les pays ne sont logés à la même enseigne. 

De plus en plus de personnes dorment dans la rue en Europe. C’est le résultat d’une étude parue aujourd’hui, sur le mal-logement en Europe et faite en collaboration avec la fondation Abbé-Pierre et la Fédération européenne des organisations nationales travaillant avec les sans-abris (Feantsa). Selon l’étude, 895 000 personnes étaient sans-abris en 2022 dans l’ensemble des 27 pays européens.

« Cette estimation – basée sur des données fragmentaires et qui ne rend compte que des formes d’exclusion du logement les plus visibles – atteste de l’incapacité des pays européens à faire du logement un droit fondamental », juge le rapport, coécrit avec la fondation Abbé-Pierre française. Pour établir leur chiffre, les auteurs ont étudié les recensements des personnes sans domicile réalisés dans chaque pays, lorsqu’ils existent. En additionnant les comptages de 13 pays dont ils ont jugé les données suffisamment fiables et comparables entre elles, ils ont conclu que 0,174% de la population européenne vivait dans la rue ou en hébergement d’urgence. Rapporté à la population totale de l’UE et du Royaume-Uni, ce pourcentage donne quelque 895.000 personnes sans domicile dans l’ensemble des 28 pays. C’est presque 200 000 de plus qu’en 2019, dernière année où la Feantsa s’était livrée à ce calcul.

« Là où l’on gère le problème par l’urgence, les budgets ont explosé ces dix dernières années »

Elle fait en tout cas ressortir une tendance à la hausse, mais qui cache des disparités importantes. « Il y a des disparités puisque, par exemple, la Finlande a une diminution depuis le début des années 1990 de 78% du nombre de sans domicile. Alors que, si vous allez en Irlande, ces deux dernières années, c’est une augmentation de 40% de personnes sans domicile, relève Sarah Coupechoux, responsable des études européennes chez Abbé-Pierre au micro de Lucie Bouteloup, du service France de RFI. Et depuis quelques années, on a de plus en plus de femmes et de familles, et notamment d’enfants, dans les centres d’hébergement. Par exemple en France, on a 2 000 enfants qui vivent dans la rue, en Irlande également on a 3 000 enfants qui sont dans les centres d’hébergement d’urgence. »

« C’est une question de santé publique, c’est aussi une question de finances publiques, parce que là où on gère le problème par l’urgence, les budgets ont explosé ces dix dernières années alors que l’on sait que le « logement d’abord » [octroyer dès que possible un habitat pérenne aux personnes sans domicile, NDLR] fonctionne très bien et est économique, c’est-à-dire qu’il ne coûte pas plus cher que l’hébergement d’urgence, et il est vraiment plus efficace, souligne Sarah Coupechoux. Donc l’urgence aujourd’hui, c’est d’avoir un sursaut politique très rapidement. On le sait, les ménages vulnérables les plus pauvres, c’est eux aujourd’hui qui sont touchés par l’inflation, par les prix de l’énergie. Et c’est peut-être eux qu’on retrouvera dans quelques années aussi dans le public sans domicile. »

Exemple : la Finlande, qui figure parmi les bons élèves, a beaucoup investi dans la production de logements et applique le principe « Logement d’abord ».

(Et avec AFP)

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