Mendicité sur fond d’exploitation de mineurs en Syrie: TikTok empoche 69% des dons des lives

À qui profitent réellement les cadeaux virtuels offerts par les spectateurs aux TikTokeurs? La BBC s’est penchée sur le cas des familles syriennes vivant dans des camps de personnes déplacées qui mendient quotidiennement sur le réseau social. Sur une centaine d’euros de dons, elles n’en toucheraient réellement que 20.

Lorsque vous scrollez sur TikTok, il est possible que vous tombiez sur des lives de familles syriennes placées dans ces camps, implorant votre aide et appelant aux dons. Si certains peuvent penser qu’il s’agit d’arnaques, comme on en a vu au début de la guerre en Ukraine, ce n’est pas vraiment le cas. TikTok aiderait d’ailleurs ces familles syriennes grâce à des intermédiaires sur place qui fournissent des téléphones et tout l’équipement nécessaire pour lancer des directs sur le réseau social.

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Selon ces intermédiaires, interrogés par la BBC, ils travailleraient avec des agences affiliées à TikTok en Chine et au Moyen-Orient. Ces agences feraient partie d’une stratégie à échelle internationale afin de recruter des streamers et encourager les utilisateurs de la plateforme à dépenser plus d’argent sur l’application.

Comment cela fonctionne-t-il?

Quand une famille diffuse une vidéo en direct, elle peut recevoir des dons sous forme de cadeaux. Les spectateurs paient pour offrir une rose virtuelle, qui coûte une pièce (0,013 euro), un gâteau d’anniversaire, qui coûte 300 pièces (4 euros), ou encore, le Saint Graal, un lion, qui équivaut à 515 euros.

D’après ces familles, bien qu’elles reçoivent parfois jusqu’à mille euros de dons en une heure à peine, la somme qu’elles peuvent effectivement mettre dans leur poche est infime. Le géant chinois ayant refusé de répondre aux questions de la BBC quant au montant qu’il prélevait sur chaque don, le média britannique a essayé de traquer les dons.

69% des dons finissent dans la poche de TikTok

Un de ses journalistes basés en Syrie est allé dans une des agences affiliées à TikTok, a expliqué qu’il vivait dans un camp et a demandé de l’aide pour créer un compte sur le réseau social. Lors de son premier live, la BBC lui a envoyé un don de 106 dollars (110 euros). Mais seuls 33 dollars (35 euros) sont réellement arrivés sur le compte en banque syrien créé pour l’occasion. TikTok a donc gardé 69% de la valeur des dons.

Sur les quelques dollars restants, le magasin de transfert d’argent, où les familles doivent retirer leurs gains, ponctionne 10%. Ensuite, l’intermédiaire syrien, celui-là même qui fournit le matériel pour les streams, prélève 35% de la somme restante. Résultat, sur les 106 dollars de cadeau reçus sur TikTok, le journaliste infiltré de la BBC n’en a réellement gagné que 19 (20 euros).

TikTok ne respecte pas ses propres règles

Pour Marwa Fatafta, de l’organisation à but non lucratif qui défend les droits civils numériques, Access Now, cela pose doublement question. Outre le fait qu’il garde une grosse partie de la valeur des dons, en incitant les familles à se mettre en scène pour gagner de l’argent et survivre, TikTok outrepasse ses propres règles sur les dommages, la mise en danger et l’exploitation de mineurs sur sa plateforme.

La BBC a signalé trente comptes mettant en scène des enfants qui mendient, mais TikTok ne les a pas supprimés immédiatement, indiquant que ceux-ci ne violaient pas les règles du réseau social. Le média a alors directement contacté le géant chinois afin d’avoir une explication. Par la suite, celui-ci a banni les comptes en question, indiquant, par voie de communiqué, que “ce type de contenu n’était pas autorisé sur notre plateforme”. Ajoutant que des mesures étaient en train d’être mise en place afin de renforcer et les règles en matière d’exploitation et de mendicité.

Toutefois, des centaines de familles continuent de faire des lives TikTok où elles quémandent des cadeaux. Et une grosse partie de cet argent offert en don continue d’arriver dans les caisses du réseau social.

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