Madagascar: Rajoelina défend son bilan
Avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain
Constructions d’écoles, d’hôpitaux ou encore de tribunaux : le chef de l’État a fait la liste des infrastructures construites pendant son mandat. Beaucoup reste à faire, a-t-il reconnu, notamment en ce qui concerne la réhabilitation des routes nationales et la pauvreté qui touche de nombreux Malgaches. « Beaucoup a été fait, mais beaucoup doit encore être fait, car Madagascar est immense », a-t-il déclaré, ajoutant que « le développement du pays ne peut pas se faire en une journée ».
Alors que les foyers font face à l’augmentation des prix du riz, de l’huile et autres produits de première nécessité, Andry Rajoelina a soutenu que le taux d’inflation à Madagascar est l’un des plus faibles du continent africain. Concernant les délestages de plus en plus récurrents, notamment dans la capitale, le président a donné trois semaines au ministre de l’Énergie pour régler ce problème. Dix minutes avant l’intervention d’Andry Rajoelina, une coupure d’électricité d’environ trente minutes a d’ailleurs touché de nombreux quartiers d’Antananarivo.
Répondant aux questions sur sa nationalité française, Andry Rajoelina a indiqué l’avoir demandée pour permettre à ses enfants de poursuivre leurs études en France, évoquant des tracasseries administratives liées à l’obtention de visas pour ces derniers. « Un droit », a-t-il martelé, puisque son grand-père était Français. Une nationalité française qui ne l’empêche pas d’être patriote, s’est-il défendu :
« Si vous pensez que c’est avec un bout de papier de 8 centimètres dans ma poche que vous allez enlever en moi l’amour de ma patrie, vous ne réussirez pas. Andry Rajoelina aime sa patrie ! J’aime ma patrie et je suis prêt à mourir pour Madagascar ! »
Une déclaration qui a déclenché les applaudissements de l’assistance du palais d’État d’Iavoloha. Un public composé de notables, de généraux, du Premier ministre, des membres du gouvernement, des présidents des chambres du Parlement et des gouverneurs.
Andry Rajoelina s’est exprimé à la télévision dimanche 16 juillet dans la soirée. Pendant trois heures, le président malgache a défendu le bilan de son mandat, à moins de quatre mois de l’élection présidentielle, et a répondu aux questions de trois journalistes de la télévision nationale et de chaînes privées. Il est aussi revenu sur les polémiques de ces dernières semaines, notamment celle concernant sa nationalité française.
Le chef de l’État est aussi revenu sur sa légitimité à défendre les intérêts de la Grande Île face à la France, notamment concernant le dossier des îles Éparses, dont Madagascar réclame la restitution depuis des années. Cette restitution était une promesse du président, mais les négociations entre les deux pays sont au point mort depuis novembre 2019, date de la première réunion de la commission mixte franco-malgache à Antananarivo :
« Les îles Éparses appartiennent à Madagascar et nous demandons leur restitution. Je n’y renoncerai pas […] La ligne politique de Madagascar ne change pas, même d’un millimètre […] Mon intérêt à défendre le pays ne changera jamais. Il n’y a pas de problème concernant la relation entre le président Macron et moi. Il ne fait pas de pression. On est sur une bonne entente. Quand je rencontre le président français, nous sommes d’égal à égal. »
Questionné sur sa candidature à la présidentielle, Andry Rajoelina ne l’a pas confirmé. Il a, par ailleurs, déclaré que sa cote de popularité sur le terrain « reste intacte ». En cas de candidature, le président de la République doit démissionner 60 jours avant le premier tour, comme le dispose l’article 46 de la Constitution malgache. C’est alors le président du Sénat qui assure l’intérim.
Alors que le budget pour mener à bien l’élection présidentielle n’est pas encore bouclé par la Commission électorale nationale indépendante, le président Rajoelina a assuré que l’État dispose des moyens nécessaires.