Keur Massar: Arrestation d’exciseuses

Dans le cadre de la lutte contre les mutilations génitales féminines, des exciseuses ont été arrêtées dans la banlieue. Pour l’Association sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant (Asafe), il faut continuer les actions de sensibilisation pour bannir cette pratique rétrograde.

Par Abdou Latif MANSARAY – Il y a des années des exciseuses avaient fait des déclarations pour dire à travers les médias qu’elles avaient abandonné cette pratique. Malheureu­sement, l’Asso­ciation sénégalaise pour l’avenir de la femme et de l’enfant (Asafe) dont la Secrétaire exécutive est Fa­toumata Mamadou Lamine Sy, s’est rendu compte que la mutilation génitale féminine continue à être pratiquée dans certaines localités du pays et particulièrement en banlieue dakaroise. Récemment à Keur Massar, des appartements ont été identifiés où étaient cachées des exciseuses.

«Elles ont été arrêtées par la police avant d’être déférées pour répondre de leurs actes devant le juge. Elles avaient excisé 12 filles», révèle un membre de l’Asafe. Pour combattre ces faits d’un autre âge, un programme a été mis en place : «il s’agit du programme Power to You(th), qui permettra aux adolescentes et jeunes femmes des pays cibles de renforcer leur capacité d’action, de revendiquer leurs droits, de lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes, de remettre en cause les normes qui leur sont défavorables et de plaider pour une prise de décision inclusive.

Une attention particulière sera portée sur les pratiques néfastes telles que les Mutilations génitales féminines/Excisions (Mgf/E), les mariages d’enfants, les violences faites aux femmes et aux filles, et les grossesses précoces et/ou non désirées. Nos voies de changement ciblent les jeunes adolescentes et adolescents et jeunes femmes et hommes, les Orga­nisations de la société civile (Osc), les médias, les acteurs sociaux et étatiques», renseigne Mme Sy. Elle poursuit : «Rien que l’année dernière, 669 cas ont été enregistrés au niveau du département de Guédiawaye, et ces 669 cas avaient des problèmes divers. Par exemple, des problèmes liés à la santé sexuelle ou aux grossesses précoces non désirées, d’autres ont été excisées par leurs familles.»

Cette année, sa structure a décidé de travailler avec les médias locaux pour une vaste campagne de sensibilisation chez les populations. «Après une étude au niveau de ces départements de Guédiawaye, Keur Massar et Rufisque, nous avons constaté qu’il y a des ethnies comme les Pulaars, Sérères et les Soninkés qui pratiquent ces mutilations génitales féminines. Aujourd’hui, il serait important de sensibiliser les populations sur cette pratique qui est en train de tuer certaines filles. Et au-delà de ces mutilations génitales, la sexualité et la santé des ados et des jeunes sont une question importante au niveau du département de Guédiawaye. Nous nous sommes rendu compte que le sexualité est précoce maintenant chez ces jeunes», dit-elle.

En banlieue dakaroise, beaucoup de filles ont abandonné les écoles du fait des grossesses précoces. Un constat fait par les acteurs de l’Asafe, confirmé par les acteurs de la presse locale. D’ailleurs, selon Mme Sy, des élus locaux ont été formés sur ces questions «qui sont devenues des questions taboues et bon nombre de personnes pensent que ce n’est pas à discuter en public».


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