La Centrafrique, à trois points d’un bonheur historique

En cas de victoire contre l’Angola, samedi à Douala, la Centrafrique obtiendra sa première qualification pour une phase finale de Coupe d’Afrique. Concentrés sur l’objectif, le sélectionneur Raoul Savoy et ses joueurs ont minutieusement préparé cette rencontre potentiellement historique.

Un grand bonheur tend les bras à la Centrafrique. Jamais qualifiés pour une phase finale, les Fauves du Bas-Oubangui ne sont plus qu’à trois points du but. Une victoire face à l’Angola, samedi après-midi sur le terrain neutre de Douala (Cameroun), et les hommes de Raoul Savoy toucheront ce Graal. L’importance historique de cette rencontre de la cinquième journée des éliminatoires de la CAN 2023 (programmée en début d’année… 2024 en Côte d’Ivoire) ne peut échapper à personne. Les carrefours et rond points de Bangui, la capitale, ont été décorés d’affiches en honneur de l’équipe nationale. « Mobilisons-nous tous pour le 17 juin, FAT n°1 », peut-on y lire, avec une photo du président Félix-Ange Touadera (FAT donc). Premier supporter des Fauves, le chef de l’État s’est déplacé afin de remettre le drapeau et apporter ses encouragements aux joueurs et à leur staff avant le départ pour le Cameroun, où le groupe a installé son camp de base depuis plus d’une semaine.

Une sélection en exil forcé

Ne pas recevoir à Bangui, la Centrafrique y est désormais habituée. « Ne pas jouer à domicile, ce n’est pas quelque chose qui nous est tombé dessus au dernier moment. On le sait depuis le début des qualifications pour la dernière Coupe du monde », rappelle le sélectionneur, Raoul Savoy, à TV5 Monde. Le technicien hispano-suisse, compte malgré tout sur le soutien de nombreux fans. « Maintenant, grâce aux efforts de l’Etat on peut faire venir du monde. En plus de l’importante communauté centrafricaine sur place, nous pouvons compter sur le déplacement de supporters depuis Bangui », se félicite le coach. Lui et son staff ont intégré le fait de ne pas jouer à Bangui, les joueurs également. Et le budget et la préparation prennent en compte cette donnée clé, ce provisoire qui commence à durer.

Point d’incertitude en revanche quant aux données de la rencontre : la Centrafrique sera assurée de la qualification si elle bat l’Angola, samedi au stade de la Réunification de Douala. « Je ne suis de toute façon pas un calculateur. On va jouer pour gagner, et même s’il ne nous fallait qu’un nul ce serait pareil. On n’est pas là pour réinventer la roue », résume Raoul Savoy. Mal embarquée dans ces éliminatoires, les Fauves se sont spectaculairement remis en selle en mars dernier, avec deux victoires lors de la double confrontation contre Madagascar. Les retours dans le groupe des binationaux Geoffrey Kondogbia, milieu de terrain de l’Atlético Madrid, et Louis Mafouta, avant-centre de Quevilly-Rouen (Ligue 2 française) ont contribué à faire pencher la balance dans le bon sens. Désireux de ne pas dissocier collectif et individualités, le sélectionneur se borne à qualifier leur présence de « rassurante ». Auteur de deux doublés contre les Barea, l’attaquant l’a été tout particulièrement et sera le joueur à surveiller en priorité pour les Angolais.

Le football, cet élément fédérateur

Passé depuis deux décennies par de nombreux bancs africains, Raoul Savoy (50 ans) en est à son troisième passage sur celui de la Centrafrique. La fibre patriotique des Centrafricains ne cesse de l’impressionner. « Cela commence par ce drapeau magnifique, avec ces couleurs, que les gens sont très fiers d’arborer. Et l’on retrouve cet amour du maillot chez les joueurs. « L’attachement au maillot diffère selon les catégories d’internationaux », détaille Savoy, qui distingue les locaux, qui ont toujours évolué au pays et ressentent sa vibration au quotidien, ceux qui n’évoluent plus en Centrafrique, et sont souvent les plus chauvins, et enfin les binationaux nés en Europe, qui sont fiers de participer à cette aventure humaine. « Ce mélange est bénéfique, car chacun apporte sa propre fierté de représenter le pays », estime le sélectionneur.

Dans un pays sorti meurtri d’une guerre civile (2013-2014), le football fait, plus qu’ailleurs, office d’élément fédérateur. « Cette capacité de réconciliation n’est pas explicite, poursuit Raoul Savoy. Mais tout le monde a en mémoire que le sport, et j’en ai beaucoup parlé en mars, a permis à certains pays de sortir la tête de l’eau. » Et quelle plus belle motivation pour cette équipe de Centrafrique, que tout un peuple est prêt à accueillir en héros en cas de bonne nouvelle venue de Douala, ce samedi ?

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