Exploitation de ferraille: Du plomb dans l’air à Sébikotane
Il y a quelques années, Thiaroye sur Mer avait été secouée par une contamination au plomb qui avait fait des ravages. A Sébikotane, le risque est aussi important à cause de l’air qui est pollué au plomb.
Par Alioune Badara NDIAYE – L’air ambiant à Sébikotane est fortement pollué au plomb et aux résidus ferreux. C’est ce qui ressort des données présentées samedi, dans le cadre du projet Airgeo destiné à mesurer la qualité de l’air. Dans le cadre dudit projet, 200 capteurs avaient été installés en janvier 2022 à des endroits stratégiques dans trois quartiers de Sébikotane et dans le quartier Dougar de la commune voisine de Diamniadio. Ces capteurs, après avoir séquestré pendant six mois les particules contenues dans l’air, ont été envoyés à Toulouse puis au Brésil pour analyse. «La 3e source de pollution de l’air, ce sont les usines de recyclage de fer, de recyclage de batterie au plomb (…) On broie et surtout on chauffe à haute température, et c’est ça qui relâche des poussières», a indiqué Melina Marcouin, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (Cnrs-France). «Les zones les plus problématiques, c’est forcément autour de l’usine de plomb. Le plomb, on sait que c’est extrêmement toxique», a poursuivi Marcouin dans sa restitution des premiers résultats.
Mayoro Guèye, co-enquêteur et membre du projet Airgeo, a indexé l’usine Gravita (en cessation d’activité actuellement) comme principale responsable de cette surcharge de plomb dans l’air ambiant. Il a aussi évoqué le trafic routier, les vents en provenance du désert et enfin la cuisson et le brûlage de déchets comme autres sources de pollution. Il a assuré que des analyses complémentaires vont être menées dans le cadre du projet. A ce propos, les initiateurs ont annoncé une nouvelle phase. «On entre dans une 2e étape, celle de l’impact sur la santé. Les médecins de l’hôpital de Dakar et de Thiès et les techniciens des laboratoires de toxicologie vont nous rejoindre dès la rentrée, et dans cette 2e phase, on va effectivement évaluer les aspects sur la santé», a posé Yann Philippe Tastevin, autre chercheur engagé dans le projet. «Une cohorte de 150 femmes enceintes vont être suivies par les médecins de l’Hôpital pour enfants de Diamniadio depuis la grossesse et les 1000 premiers jours après la naissance pour voir le niveau d’impact de ces particules», a-t-il relevé. Les initiateurs ont salué la participation active des locaux, qui a permis d’arriver à des résultats satisfaisants. «Plus de 80% des capteurs ont été récupérés, alors qu’avec l’expérience à Toulouse, on a eu à récupérer 1 capteur sur 2», a relevé Marcouin. L’objectif final est de trouver, au-delà du constat, des solutions dans une approche inclusive pour assurer le mieux-vivre aux populations locales.
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