Volodymyr Zelensky a monopolisé le G7 de Hiroshima, au détriment du programme initial
Après trois jours de réunions au Japon, le sommet du G7 s’est achevé dimanche 21 mai avec notamment les conférences de presse finales des dirigeants des sept pays les plus industrialisés de la planète. Alors que le sommet devait aborder des sujets tels que la « coercition économique » de la Chine et le changement climatique, l’arrivée surprise du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Hiroshima a monopolisé l’événement.
D’abord, il y a cette arrivée très orchestrée du président ukrainien, la fuite de sa venue dans les médias américains au premier jour du sommet, son étape inédite en Arabie saoudite, et l’atterrissage en fanfare à Hiroshima qui a mobilisé toute l’attention médiatique, rapporte notre envoyé spécial à Hiroshima,Vincent Souriau.
Le calendrier du G7 était déjà très serré, il a fallu jongler, comprimer le programme des rencontres bilatérales. Par exemple, le président français Emmanuel Macron et son homologue indonésien Joko Widodo devaient se voir pendant 45 minutes : ils n’ont eu qu’un quart d’heure, car Volodymyr Zelensky – débarqué par surprise un jour et demi après ses homologues – tenait à voir tout le monde en tête-à-tête avant de repartir.
Même avant l’arrivée de son président, l’Ukraine a dominé les débats, qu’il s’agisse des nouvelles sanctions contre la Russie ou de la livraison des avions F16 par les États-Unis. Joe Biden dit avoir reçu l’assurance de son homologue ukrainien que les avions de combat de fabrication américaine n’attaqueraient pas le territoire russe.
Joe Biden annonce de nouvelles armes et munitions à l’Ukraine
De plus, le président des États-Unis Joe Biden a annoncé dimanche la fourniture de nouvelles armes et munitions américaines à l’Ukraine lors de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky. Ces nouvelles cargaisons incluront « des munitions, de l’artillerie, des véhicules blindés », a dit le locataire de la Maison Blanche.
Aujourd’hui, j’annonce la prochaine phase de l’aide américaine à la sécurité de l’Ukraine, qui comprend davantage de munitions, d’artillerie et de véhicules blindés afin de renforcer les capacités de l’Ukraine sur le champ de bataille. Les États-Unis continuent d’aider l’Ukraine à réagir, à se relever et à se reconstruire. Nous vous soutenons également dans votre quête d’une paix juste. La souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine ne sont pas négociables.
Joe Biden annonce de nouvelles livraisons à l’Ukraine
Nicolas Feldmann
Tentative ukrainienne de rapprochement avec les pays du Sud
Au-delà de la livraison d’armes, la visite de Volodymyr Zelensky au sommet des plus grandes puissances mondiales avait également comme objectif d’élargir la coalition de soutien à l’Ukraine aux pays du Sud, selon notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan.
La tâche est seulement partiellement réussie. Certes, l’Inde et le Brésil se refusent toujours à condamner l’invasion russe de l’Ukraine, mais Volodymyr Zelensky a pu rencontrer pour la première fois le Premier ministre indien Narenda Modi, qui lui a promis que l’Inde ferait « tout son possible » pour régler le conflit russo-ukrainien.
Il pourrait également rencontrer en tête-à-tête son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ce dimanche et lui expliquer ses positions. Très réticent jusqu’à présent à condamner l’invasion russe, la figure brésilienne avait déclaré le mois dernier que les États-Unis devaient cesser « d’encourager la guerre » en Ukraine.
« Les relations entre la Chine et les États-Unis devraient connaître un dégel très prochainement »
Le sommet devait pourtant également s’attaquer à la thématique du changement climatique, annoncée comme cruciale : il n’en a été rien.
De plus, l’avertissement lancé par le G7 à la Chine, accusée à demi-mot de « coercition économique » est passé presque inaperçu. Le président américain Joe Biden a tout de même lancé des mots au sujet de Pékin, annonçant que « les relations entre la Chine et les États-Unis devraient connaitre un dégel très prochainement ».
Nous ne cherchons à pas à nous découpler de la Chine, nous cherchons à éliminer les risques et nous diversifier dans notre relation avec la Chine. Cela veut dire agir pour diversifier les chaînes d’approvisionnement, pour ne pas être dépendants d’un pays ou d’un autre pour ce qui est des produits qui nous sont indispensables. Cela veut dire résister à la coercition économique ensemble, et contrer les pratiques qui font du mal à nos travailleurs. Cela veut dire protéger les technologies de pointe qui sont critiques pour notre sécurité nationale. Le G7 est d’accord sur tous ces points.