YAW – Rassemblement du F24 aujourd’hui: Le BAL des faux frères

Le rassemblement du F24 aujourd’hui risque d’être un instant de règlements de comptes pour les deux locomotives de Yaw. Entre Taxawu et Pastef, la fracture ne cesse de s’élargir à cause des échanges violents entre Barth’ et Sonko, qui sont en vérité les vrais artisans de la création de Yaw. A l’Obélisque, des leaders et militants qui s’embrassaient jadis vont se regarder en chiens de faïence.

Par Bocar SAKHO – Pour le «Mouvement des forces vives de la Nation» ou «F24», ce vendredi devrait être le jour de démonstration de foule pour empêcher une éventuelle troisième candidature de Macky Sall. Probablement, cela risque de devenir accessoire à cause de l’ambiance délétère qui règne au sein de la coalition de l’opposition Yewwi askan wi (Yaw). On ne sait rien des intentions du Président Sall, mais Yaw est au bord de l’implosion. A la Place de la Nation où se tient la manif’, va-t-elle étaler sa fracture ou tenter de masquer les apparences avec des sourires de façade ?

Cet après-midi, elle risque de laver son linge sale en public, car les ponts qui reliaient les deux formations majeures de la coalition se sont effondrés. Barth’ et Sonko ont réussi, en deux jours, à ériger un mur entre Pastef et Taxawu Senegaal. Aujourd’hui, il est tellement élevé qu’il sera difficile de cacher les divisons. Surtout que personne ne s’est retenu pour charger l’autre, en dépit de la volonté de Khalifa de sauver cette entente, qui s’effrite à cause des sorties répétées des deux hommes politiques. Et de gros mots ont été utilisés pour afficher les désaccords sur l’opportunité du dialogue politique initié par Macky Sall. Ou la rupture sans égard au passé : «manipulation, mensonge, deal, traître, Comparé, qui s’explique s’accuse…», et on en passe.

Ce vocabulaire, utilisé par des leaders des deux camps, réussit à faire oublier toutes les amabilités que Pastef et Taxawu ont eu à entretenir ces trois dernières années. Si Khalifa Sall a été le guide spirituel de la coalition, c’est Barth’ et Sonko qui ont quasiment imposé sa naissance. Or, c’est l’avenir de l’ex-maire de Dakar qui a provoqué ce mélodrame. Mercredi, il a même appelé en direct sur 7Tv pour corriger, avec évidemment politesse, Cheikh Tidiane Youm, qui s’est laissé aller à des confidences en soutenant que la sortie de Barth’ n’a pas été approuvée par le patron de Taxawu. Le leader du Pur voulait sauver les meubles, mais il a aggravé une situation qui était déjà dramatique ! Car Khalifa Sall a soutenu son «adjoint», qui ne peut pas parler avec autant d’assurance sans avoir la bénédiction de son chef de parti.

Voilà le tableau clinique de Yaw dont le pronostic vital est désormais engagé. Pour Taxawu Senegaal et Pastef, les responsables n’ont pas eu le temps de remettre les compteurs à zéro. Pis, les deux camps s’éloignent à cause des intérêts devenus divergents.

Quel accueil ?
Cet après-midi, quel accueil sera alors réservé à Khalifa et Barth’ ? En ouvrant les hostilités, le maire de Dakar sait qu’il a désormais une cible dans le dos. S’il n’a pas caché sa joie de voir des «insulteurs» se désabonner en masse de sa page Facebook, il sait aussi qu’ils vont l’accueillir à la Place la Nation avec leur savoir-faire. Héros médiatique, adulé par une partie de la jeunesse pastéfoise, Pape Djibril Fall a connu son sale quart d’heure à l’Obélisque, après avoir profité à fond de son quart d’heure de gloire grâce à sa loquacité. Les mêmes lui ont fait porter les habits de Judas à cause de ses positions jugées ambivalentes à l’Assemblée nationale. Il y a été hué, menacé et chassé.

«Enfant» de la rue, Bar­thélemy Dias a forgé sa carrière politique dans les affrontements et les excès et aussi outrances, avant d’atteindre le sommet à la mairie de Dakar. Il est sans doute préparé et armé pour la bataille qui s’annoncerait épique cet après-midi. Si le parti Pastef dispose dans ses rangs de militants extrémistes qui ont du mal à cacher leur ressentiment et ont tendance souvent à régler leurs différends avec des menaces et de gros mots, il est aussi sûr que Taxawu ne voudrait apparaître comme une victime expiatoire. C’est devenu un duel entre deux formations qui n’ont plus le même calendrier électoral : Khalifa «dialogue» pour devenir éligible alors que M. Ousmane Sonko est sur le point perdre son éligibilité. Con­damné en appel à 6 mois avec sursis, il sera à la barre de la Chambre criminelle ce mardi pour viols et menaces de mort sur Adji Sarr. Comme un taureau sur le chemin de l’abattoir, il cogne sur toutes les personnes, qu’il pense être en train de se mettre au travers de son chemin vers 2024.

On risque d’assister alors à l’enterrement en direct de Yaw, déjà disloquée par les ambitions de ses leaders, qui se rêvent tous Président en 2024. Finalement, tout est inconciliable…

En vérité, le rassemblent du F24 ce vendredi risque d’être l’acte de décès de la coalition. A moins que les leaders ne changent d’agenda pour éviter une déflagration en continuant à entretenir une fausse unité…


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