Climat: le Parlement européen dit «oui» à la réforme de son marché carbone
Le Parlement européen a adopté ce mardi 18 avril l’essentiel de l’ambitieux plan climat de l’Union européenne, dont la vaste réforme de son marché carbone et la « taxe carbone » aux frontières pour verdir ses importations.
« Ensemble, nous allons faire de l’Europe le premier continent neutre climatiquement », a réagi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Cette réforme du marché carbone doit permettre de concrétiser les ambitieux objectifs de réduction des gaz à effet de serre du plan climat des Vingt-Sept.
Pour couvrir leurs émissions de CO2, les producteurs d’électricité et industries énergivores (sidérurgie, ciment…) dans l’UE doivent aujourd’hui acheter des « permis de polluer » sur le marché européen des quotas d’émissions (ETS), créé en 2005 et s’appliquant à 40% des émissions du continent. Le total des quotas créés par les États baisse au fil du temps pour inciter l’industrie à émettre moins.
La réforme prévoit une accélération du rythme de réduction des quotas proposés, avec d’ici à 2030 une baisse de 62% par rapport à 2005 (contre un objectif précédent de 43%) : dans l’ensemble, les industriels concernés devront automatiquement diminuer d’autant leurs émissions. Le marché carbone s’étendra progressivement au secteur maritime, aux émissions des vols aériens intra-européens, et à partir de 2028 aux sites d’incinération de déchets, sous réserve d’une étude favorable rendue par Bruxelles.
Un second marché du carbone (ETS2) est prévu pour le chauffage des bâtiments et les carburants routiers. Les ménages paieront un prix du carbone sur le carburant et le chauffage à partir de 2027, mais le texte vise à plafonner celui-ci à 45 euros/tonne au moins jusqu’en 2030, et si la flambée actuelle des prix énergétiques se poursuivait, l’entrée en application serait repoussée à 2028.
Mécanisme aux frontières
Le « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » (CBAM en anglais) n’est pas à proprement parler une taxe, mais un dispositif sans précédent consistant à appliquer aux importations des Vingt-Sept les critères du marché du carbone européen, où les industriels de l’UE sont tenus d’acheter des quotas couvrant leurs émissions polluantes.
L’importateur devra déclarer les émissions liées au processus de production, et si celles-ci dépassent le standard européen, acquérir un « certificat d’émission » au prix du CO2 dans l’UE. Si un marché carbone existe dans le pays exportateur, il paiera seulement la différence.
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Il visera les secteurs jugés les plus polluants (acier, aluminium, ciment, engrais, électricité). Les revenus attendus, qui pourraient dépasser 14 milliards d’euros annuels, alimenteront le budget général de l’UE. Une période-test commencera dès octobre 2023, durant laquelle les entreprises importatrices devront simplement rapporter leurs obligations. À mesure que montera en puissance – entre 2026 et 2034 – cette « taxe carbone » aux frontières, l’UE supprimera progressivement les quotas d’émission gratuits alloués aux industriels européens pour leur permettre d’affronter la concurrence extra-européenne.
Un fonds pour les entreprises et ménages vulnérables
Doté de 86,7 milliards d’euros, un Fonds social pour le climat (FSC) destiné à aider les micro-entreprises et les ménages vulnérables dans cette transition énergétique, doit voir le jour en 2026. Les recettes du nouveau marché du carbone (ETS2) viendront alimenter l’essentiel de ce fonds. Il est destiné à financer des mesures temporaires de soutien direct aux revenus pour faire face à l’augmentation des prix du transport routier et du chauffage, mais aussi des investissements à long terme, comme la rénovation des bâtiments, l’intégration des énergies renouvelables, l’achat et les infrastructures pour les véhicules à émissions nulles ou faibles, ainsi que l’utilisation des transports publics et des services de mobilité partagée.
Parallèlement à ce plan climat, les Vingt-Sept préparent des législations pour doper la compétitivité de leurs industries vertes face au plan américain de subventions massives et aux investissements colossaux de la Chine dans le secteur. L’UE cherche aussi à sécuriser ses approvisionnements en terres rares, lithium et autres composants essentiels aux technologies vertes, mais pour lesquels elle reste fortement dépendante de la Chine.
(Avec AFP)