Il doit “sortir du déni”: Macron va s’adresser aux Français pour éviter le “chaos”

Quelle suite pour le quinquennat? Emmanuel Macron s’adresse aux Français lundi à 20H00 pour donner ses perspectives après la promulgation de la réforme des retraites, dans une atmosphère de crise politique persistante et avec des syndicats tournés vers le 1er mai.

Le président de la République n’a pas promulgué la réforme des retraites en direct à la télévision, comme il l’avait fait pour les premières réformes emblématiques de son premier mandat en 2017. Pour autant, Emmanuel Macron n’a pas traîné.

La publication au Journal officiel quelques heures à peine après sa validation partielle par le Conseil constitutionnel a été vécue comme une nouvelle provocation par les opposants. “Jusqu’au bout, le mépris”, a jugé le patron de la CFDT, Laurent Berger.

“De la colère dans les têtes et dans les coeurs”

Une manière aussi de signifier que l’allocution de lundi, retransmise sur les principales chaînes de télévision, devrait être tournée vers la suite du quinquennat. Or, pour recoller les morceaux après trois mois d’intense crise sociale, et avec un exécutif abimé par l’emploi du 49.3 et toujours privé de majorité à l’Assemblée, la tâche s’annonce immense.

“Le président souhaite pouvoir à cette occasion avoir un message pour les Français, alors que s’achève ce moment autour de la réforme des retraites qui sans doute laisse de la colère dans les têtes et dans les coeurs”, explique-t-on dans son entourage.

Des appels des opposants à la réforme ont justement fleuri sur les réseaux sociaux pour des concerts de casseroles et des rassemblements devant mairies ou préfectures à 20H00.

“Nous ne sommes pas prêts à passer à autre chose”

Emmanuel Macron, qui recevra dans l’après-midi ministres et responsables de la majorité, veut devant les Français “tracer des perspectives pour les semaines et les mois à venir” et “entend esquisser les chantiers”, poursuit son entourage. Il s’agit de “réaffirmer le cap qui est le sien –ordre républicain, plein emploi et réindustrialisation, progrès au quotidien– mais aussi redonner une cohérence d’ensemble à son action”.

“Nous ne sommes pas prêts à passer à autre chose”, a averti sur Public Sénat le patron du PS Olivier Faure.

Vite “échanger avec les Français”

Le président de la République devrait aussi rapidement ressortir de l’Élysée pour “échanger avec les Français”. Un ministre expliquait, la semaine dernière, souhaiter “que Macron passe plus de temps sur le terrain”.

Un déplacement pourrait intervenir mercredi ou jeudi, sur le thème de l’éducation.

“On ne peut pas passer l’éponge”

L’invitation lancée pour mardi aux partenaires sociaux est maintenue, malgré la fin de non-recevoir d’une intersyndicale peu disposée à coller à l’agenda présidentiel. “On ne peut pas passer l’éponge”, a expliqué sur France 2 Laurent Berger, soulignant que “le monde du travail est encore choqué” et réclamant un “délai de décence”.

L’heure est plutôt à tenter une démonstration de force lors du traditionnel rendez-vous du 1er mai. “Un raz-de-marée populaire et historique”, a souhaité la nouvelle leader de la CGT, Sophie Binet, quand le patron de la CFDT “souhaite que le 1er mai, on ‘casse la baraque’ en nombre de manifestants dans la rue”.

Un 1er mai unitaire serait une première depuis 2002, quelques jours après le fameux 21 avril qui avait vu un candidat de l’extrême droite –alors Jean-Marie Le Pen– accéder pour la première fois au second tour de l’élection présidentielle.

En attendant, les quatre syndicats représentatifs de la SNCF appellent à une “journée d’expression de la colère cheminote” jeudi.

Trois solutions: référendum, dissolution ou démission

Relancer la machine sera d’autant plus difficile que l’exécutif et la majorité ressortent ébranlés de la séquence. “Nous sommes déterminés à accélérer” tout en voulant “apaiser le pays”, a déclaré samedi la Première ministre Elisabeth Borne.

“Je trouve le pays inquiet, en colère aussi, il faut entendre cette colère”, met en garde la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.

“Une Première ministre totalement carbonisée, un gouvernement décrédibilisé”, a jugé la leader du Rassemblement national Marine Le Pen, pour qui le chef de l’État a trois solutions: référendum, dissolution… ou démission.

“Sortir du déni”

Une coalition avec la droite, évoquée depuis la perte de la majorité absolue à l’Assemblée en juin 2022, semble toujours aussi improbable. Pareille hypothèse suppose “un programme et un leader, et LR n’a ni programme, ni leader”, cingle le patron du parti présidentiel Renaissance Stéphane Séjourné.

“Est-ce que l’absence de majorité absolue nous empêche de faire les réformes? Manifestement non”, évacue un conseiller de l’exécutif.

Mais pour le LR Xavier Bertrand, le président doit “sortir du déni” sur son absence de majorité et mettre “un terme à toute cette tension” dans le pays, sous peine de sombrer dans “un chaos”.

SOURCE 7SUR7

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