Crise de l’Etat de droit, de la citoyenneté et de la démocratie en Afrique de l’ouest : Alioune Tine et Cie dressent les solutions
Le colloque international de haut niveau sur la situation politique en Afrique de l’Ouest qui se déroulait à Dakar les 8, 9 et 10 mars 2023 a pris finn vendredi dernier. Lors de la cérémonie de clôture, les participants ont fait des recommandations pour faire revenir la paix, la stabilité et la démocratie dans la région. A travers une déclaration commune, les signataires ont invité les Etats et les gouvernements de l’Afrique de l’Ouest, à mettre en œuvre leurs avis.
Réunis à Dakar les 8, 9 et 10 mars 2023, pour un colloque international organisé par l’ong Think Tank afrikajom Center, sur le thème « Repenser les transitions démocratiques : réinventer la démocratie et l’Etat de droit en Afrique de l’Ouest », les participants venus de divers pays de la sous-région, préoccupés par la crise de l’Etat de droit, de la citoyenneté et de la démocratie entre autres, ont adressé aux Etats et gouvernements, différentes recommandations. Parmi ces dernières, on peut relever : « Promouvoir l’éthique, la garantie de la transparence et la sécurité humaine; Travailler davantage pour garantir l’indépendance de la justice et du pouvoir judiciaire et mettre fin à l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques et répressives ». Qui plus est , il s’agit de : « Prévoir dans les Constitutions africaines la possibilité pour le juge constitutionnel d’opérer un contrôle a priori ou préventif de constitutionnalité des lois référendaires avant leur soumission au vote, afin d’éviter les fraudes à la Constitution et à la loi électorale qui font le lit des troisièmes mandats, source d’instabilité chronique en Afrique ; Inscrire dans les Constitutions la possibilité de destitution des élus qui ne sont plus en phase avec les aspirations et exigences du peuple; Faire intégrer dans le Protocole additionnel de la CEDEAO, la règle de la limitation du nombre de mandats présidentiels consécutifs à deux, afin d’épargner les pays des crises et des conflits dans la sous-région ».
Plusieurs personnalités politiques et universitaires du Sénégal et de la sous-région ont pris part à ce colloque. La situation socio-politique actuelle du Sénégal a aussi particulièrement été évoquée. Pour Alioune Tine, on assiste de plus en plus à « une criminalisation de l’opposition sénégalaise par le pouvoir en place » et « des problèmes politiques auxquels ce même pouvoir essaie de trouver des solutions judiciaires. Le fondateur de Think Tank afrikajom Center regrette par ailleurs le rétrécissement des libertés et les arrestations abusives, et appelle les acteurs au dialogue. Lui emboitant le pas, le Professeur Mamadou Diouf a déploré le recul démocratique noté au Sénégal ces dernières années. « Le Sénégal a toujours été un modèle démocratique en Afrique, un miroir sur lequel l’Afrique se projetait pour avancer. Il a toujours fait l’exception du continent, mais ce à quoi on assiste aujourd’hui est un recul extraordinaire, une culbute », a lancé l’Historien Sénégalais de l’Université Columbus New-York.
Robert Dossou, quant à lui, a invité à mettre fin à la monarchisation du pouvoir en Afrique. « Il faut impérativement une limitation des mandats. Le troisième mandat ne consolide pas la démocratie. Il faut nécessairement une alternance à travers des élections transparentes et démocratiques pour que les citoyens puissent librement choisir leurs dirigeants », a déclaré l’ancien Président de la Cour constitutionnelle du Bénin.
BABACAR NGOM (STAGIAIRE)
SUDQUOTIDIEN