Campagne de commercialisation arachidière et fixation de 305 au kg : les producteurs de Guinguinéo parlent d’un prix politique

Derrière leurs collègues du département de Nioro, les producteurs de Guinguinéo, à leur tour sont montés au créneau. Par la voix de Moustapha Ndiaye, ancien député libéral reconverti en producteur dans la filière arachidière, les producteurs du département de Guinguinéo ont réaffirmé le weekend dernier toutes les revendications manifestées en amont par les paysans de Nioro, sauf que pour eux, les 305 Frs accordés cette année au kilogramme d’arachide est un prix politique. Car n’est sorti d’aucune réunion interministérielle pour être homologué sur le terrain et respecté sur le marché.

Pour ces producteurs, ce prix a été établi devrait en principe faire l’objet de discussions entre les différents acteurs depuis les mois d’août et Septembre pour aboutir à de fermes mesures consensuelles et exécuté sur le marché. C’est d’ailleurs pour cette raison que ces 305 Frs fixés cette année au kg d’arachide n’est pas totalement respecté sur les marchés et l’on se retrouve à présent devant une situation morose où chacun peut vendre ou acheter à son propre prix.

Dans le département de Guinguinéo, nous apprend l’ex-député libéral, le bradage des stocks d’arachide s’amplifient de plus en plus avec un prix rabaissé à 200 Frs au niveau de certains endroits. Face à la situation les producteurs de Guinguinéo, trouvent que la campagne de commercialisation arachidière voue de plus en plus à un échec et plus qu’on avance la situation se complique et confirme sa morosité.

Car sur l’ensemble des points de vente et collecte, pas un seul opérateur ne fait signe de vie. Les producteurs sont alors obligés de rentrer à chaque fois avec l’intégralité des stocks qu’ils ont amenés par devers eux sans trouver un seul acheteur. Une problématique qui de leur avis, découle du manque d’argent dans le pays, notamment au niveau des entreprises créancières à l’image de la Sonacos. Même si à présent ils se disent favorables aux décisions de passer au système de criblage de l’arachide en coque avant toute spéculation, les producteurs de Guinguinéo estiment que le système de criblage imposé cette année aux paysans est une mauvaise option, car devrait être d’abord adopté depuis les opérations de distribution des semences où beaucoup de producteurs se sont lamentés de la présence de grandes quantités de sable dans les semences et de la nature des graines distribuées. Pour cet ex-député libéral ” les graines distribuées aux producteurs durant la période de mise en place des semences sont tout sauf des semences.

Ce qui nous renvoie à dire que la campagne a échoué dès le début des opérations. Au Sénégal on est habitué à dire que si l’arachide marche, tout marche. Malheureusement les rencontres préparatoires de la campagne qui devaient impliquer toutes les parties prenantes de la filière en vue de sa bonne tenue n’ont pas eu lieu et l’on se retrouve aujourd’hui devant une impasse où tout est permis. Chacun fait ce qu’il veut à cause d’un manque d’organisation et les autres mesures ajustées aux opérations de commercialisation”.

Ces producteurs qui visiblement voient leurs espoirs s’effriter de plus en plus, soutiennent cependant que si aucun correctif n’est apporté à  cette situation d’ici Janvier prochain, surtout au sujet de l’amortissement de la taxe à l’exportation ou sa supression, les chinois vont rebrousser chemin et l’échec de la campagne de commercialisation arachidière sera définitivement entériné.

Dans tous les cas, ces producteurs constatent que durant toutes ces deux dernières années, c’est la même situation qui revient. Les producteurs ne sont plus en mesure de commercialiser leurs récoltes. Les partenaires étrangers ne peuvent plus rentrer au Sénégal pour dérouler leurs opérations de commercialisation. Alors que dans leur réquisitoire relatif à l’ouverture du marché extérieur, ils exigent l’État à se conformer aux réalités du marché mondial pour réduire la taxe à l’exportation et admettre le retour des créanciers étrangers en vue d’un rééquilibrage du marché. Sans quoi, les producteurs verront en face d’eux un marché complètement plombé et seront obligés de vendre en deçà du prix officiel.

Abdoulaye Fall – SUDQUOTIDIEN

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