16 jours d’activisme: Le gouvernement sénégalais mise sur une riposte renforcée face aux violences en ligne
L’édition 2025 de la campagne nationale des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles a été officiellement lancée, ce 25 novembre, à Gorée. Un lieu hautement symbolique choisi pour « faire le lien entre les violences systémiques du passé et les nouvelles formes de domination de l’ère du numérique », a déclaré Maimouna Dieye, ministre de la Famille et des Solidarités.
Cette année, l’accent est mis sur la violence numérique, devenue selon elle « une nouvelle arme de destruction silencieuse» à l’heure où les réseaux sociaux dominent le quotidien.Les chiffres de l’enquête nationale sur les violences faites aux femmes revelent que plus de 80 % des femmes déclarent avoir subi une violence en ligne, et 20,4 % avant l’âge de 18 ans.
« Le numérique doit être un espace d’émancipation, pas une nouvelle frontière de la violence », a-t-elle averti, rappelant les conséquences graves de ces violences sur la santé mentale des victimes.
La ministre de la Famille et des solidarités a réaffirmé les efforts de l’État pour s’adapter à ces nouvelles formes de violences. « La riposte se poursuit et s’adapte, notamment sur les plans législatif et institutionnel », insiste-t-elle. Elle a cité la loi de 2020 criminalisant les abus sexuels, ainsi que les textes relatifs à la cybercriminalité et à la protection des données, consolidés à travers la stratégie New Deal Technologique, qui vise un accès « inclusif et surtout sécurisé au numérique ».
Maimouna Dieye a également mis en avant le protocole de collaboration multisectorielle regroupant Justice, Intérieur, Forces armées, Santé et Famille, destiné à assurer un accompagnement complet aux victimes.« Son objectif est simple mais vital : garantir un soutien holistique et intégré à chaque victime », souligne-t-elle.
Pour cette édition, le gouvernement ambitionne de « pénétrer les masses » grâce à des activités variées partout dans le pays : sensibilisation à la santé mentale et à la sécurité numérique, émissions dédiées, plaidoyer régional, ateliers pour les forces de l’ordre, roadshow dans la banlieue, ou encore actions de communication auprès des étudiants.
La ministre a profité de l’occasion pour lancer un appel solennel aux décideurs, qui doivent faire preuve d’un « engagement politique et financier inébranlable », à la société civile, dont « le rôle dans la sensibilisation, le renforcement des capacités et le dialogue est indéniable » et aux communautés et aux médias, car « la lutte contre les violences est l’affaire de tous ».
« La violence numérique n’est pas une fatalité, c’est un combat que nous pouvons gagner si nous luttons ensemble », a-t-elle martelé.Avant de clore son discours, elle a tenu à saluer les travailleurs sociaux, activistes, associations de victimes et personnels des centres d’accueil. « Votre courage et votre dévouement quotidien sont l’âme de ce combat », magnifie-t-elle.
A.NDIAYE
LESOLEIL

