Le MCN met en lumière l’engagement des femmes noires avec l’exposition ‘’Taxawaayu Jigéenu Afrika’’
Dakar, 7 avr (APS) – Le Musée des civilisations noires (MCN) de Dakar met en lumière l’engagement des femmes noires à travers l’exposition ‘’Taxawaayu Jigéenu Afrika’’ (le rôle des femmes africaines) où il revisite le rôle joué par ces dernières du 16ème siècle jusqu’à la période actuelle.
A travers une galerie de photos vidéo de femmes africaines et celles de la diaspora, le visiteur peut voir celles qui ont été à l’initiative dans l’exercice du pouvoir politique et leurs sœurs qui se sont illustrées aux premiers plans de plusieurs résistances à l’oppression, de l’esclavage à la colonisation en passant par l’apartheid.
‘’On a voulu montrer toutes ces femmes qui se sont battues pour l’émancipation et l’épanouissement des Africaines, qu’elles soient sur le continent ou dans la diaspora. On a des femmes des années 90, des femmes contemporaines, de la période actuelle, qui continuent à se battre. Donc, on a essayé de faire en sorte que les différents peuples soient représentés’’, a dit Fatoumata Camara, chargée de recherche au Musée des civilisations noires.
Elle explique le titre wolof de cette exposition ‘’Taxawaayu Jigéenu Afrika’’ ouverte depuis samedi, et qui se poursuit toute l’année, qui, selon elle, fait ressortir ‘’l’engagement des femmes, leur savoir, leur savoir-faire’’. ‘’C’est tout cela qu’on a essayé de mettre dans un seul mot’’, précise-t-elle.
Différents profils sont sélectionnés dans quatre rubriques : ‘’Luttes d’émancipation’’, ‘’Femmes au pouvoir’’, ‘’Femmes et innovations’’ et ‘’Femmes et créativité’’.
Outre les Sénégalaises Ndatté Yalla Mbodj (1810-1860) citée dans la rubrique “Luttes d’émancipation”, Rose Dieng-Kuntz (1956-2008) et Awa Thiongane, dans ‘’Femmes et innovations’’, et les créatrices Mariama Ba, Awa Seyni Camara, Fatou Diome et la commissaire Ngoné Fall, cette exposition met en lumière d’autres nationalités.
Elles sont originaires de Cuba, de la Martinique, de l’Angola, de l’Afrique du Sud, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Jamaïque, du Nigéria, des Etats-Unis, du Maroc, de l’Egypte, du Kenya, du Cameroun, entre autres.
La résistante angolaise Anne Zinga (1592-1663) et la Martiniquaise Lumina Sophie (1835-1921), la Kenyane Wangari Muta Maathai (1940-2011) ou encore l’Ivoirienne Dicoh Mariam (1944-2024), etc., figurent dans cette collection de femmes africaines ou d’origine africaine.
Mme Camara explique les critères ayant prévalu au choix des profils. ‘’Pour les luttes d’émancipation, le choix s’est porté sur les femmes qui ont lutté contre les différents types de domination, d’exploitation, contre les inégalités raciales’’, a-t-elle indiqué, soulignant que pour ‘’femmes au pouvoir’’, l’option s’est portée sur celles qui ont occupé des postes importants, qu’elles soient chef d’Etat, chef de gouvernement ou dans les parlements.
Pour l’innovation, le MCN s’est intéressé à celles qui, dans les domaines techniques par exemple, se sont illustrées. ‘’Là, on va trouver des médecins, des mathématiciennes, entre autres’’, signale Fatoumata Camara.

Pour la dernière rubrique ‘’créativité’’, ‘’on a pris en compte les femmes qui se sont illustrées dans le domaine de l’art, mais qui, dans leur production, prennent en charge les préoccupations des femmes ou bien de leur communauté de manière générale’’, fait savoir la chargée de recherche au MCN.
Elle explique que les femmes africaines occupaient des positions privilégiées avant l’arrivée des religions abrahamiques et la colonisation.
‘’Là, il s’agit de dire que dans nos sociétés, avant même l’arrivée des religions abrahamiques, les femmes occupaient des positions privilégiées. Mais avec les religions abrahamiques, avec la colonisation, on va voir que les hommes vont se développer. Cet écart entre les hommes et les femmes va se creuser davantage. C’est cela qu’explique l’exposition. Mais cela n’a pas empêché les femmes de continuer de se battre’’, dit-elle.
Cette exposition vidéo ‘’dynamique’’ verra ses profils et les thèmes changer au fil du temps pour permettre au musée de faire figurer toutes les femmes africaines et de la diaspora, selon les initiateurs. ‘’Une version numérique va être plus simple. Donc, on pourra l’adapter, on pourra faire évoluer l’exposition, mais aussi cela nous fait entrer dans l’air du temps’’, dit Mme Camara.
‘’Taxawaayu Jigéenu Afrika’’ plus ‘’inclusive’’, souligne Fatoumata Camara, s’inspire d’une autre exposition ‘’Femmes et leadership’’ organisée par le musée et juste destinée aux femmes qui étaient au pouvoir. L’exposition entre dans le cadre de l’année 2025 que le Musée des civilisations noires a dédiée aux femmes noires pour les célébrer.
FKS/HK/ADC